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Autos-Croisées
28 mai 2023

Renault 30 TS (1975-1981)

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(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2015)

Si la France a eu une grande traditition de construction de véhicule de luxe, c'était avant guerre. A l'époque, Delage, Delahaye, Hispano-Suiza ou Bugatti rivalisaient de raffinement avec leurs longues limousines et leurs moteurs ronronnants. Mais la crise a emporté bon nombre d'entre eux et la guerre a eu raison des autres. Renault n'était pas en reste dans le secteur, avec notamment la Nervastella ou la Suprastella. Après la guerre, les usines Renault sont nationalisées et la production est orientée dans une production de voitures populaires avec la 4 CV et la Dauphine. Il faut attendre 1951 pour qu'un modèle digne d'une voiture haut de gamme revienne dans la marque au losange : la Frégate.

Mais la Frégate souffre d'une sous-motorisation, alors même que ses qualités routières ne sont pas à mettre en défaut. Elle est très vite supplantée par la DS puis par la 403. C'est un échec cuisant de Renault dans le secteur. Et toutes ces voitures ne sont animées que par des modestes moteurs à 4 cylindres. Pendant ce temps, Mercedes monte en gamme et réussit à vendre des voitures avec des moteurs  6-cylindres-en-ligne comme la 300d. Certes, elle n'en vend pas des milliers, mais elle est présente sur le secteur et ça lui permet de vendre la Ponton puis la Fintail, tout en montant petit à petit en gamme, jusqu'à la 300 SE.. A la fin des années 60, la 280 S W108 propose un L6 de 2.8 litres et de 160 ch. Pendant ce temps, la Renault 16 en est à 83 ch chez Renault et la DS 21 se débat avec ses 109 ch SAE, puis 125 ch DIN avec la DS 21 IE. On ne parle même pas de la Rambler qui était totalement inadaptée au marché français, ce qui n'a pas fait mieux réfléchir les ingénieurs de la Régie. Pendant ce temps, Peugeot n'offre rien de mieux que la 504...

Décision est prise entre Renault et Peugeot de s'unir pour mutualiser les coûts de développement d'un "gros"moteur capable de mouvoir une véritable voiture haut de gamme. En 1969 est créée à Douvrin (Pas-de-Calais) la Française de Mécanique, destinée à recevoir la production dudit moteur. Deux projets identiques sont sur la table : un V8 et un V6 de cylindrée unitaire de 444 cm3. Les deux moteurs (ZO pour le V8 et ZM pour le V6) partageront la même ouverture à 90°. Toutefois la crise du pétrole de 1973 met un coup d'arrêt au développement du V8 qui est purement et simplement annulé en 1979. Ne reste que le V6, fort décrié. On dit que c'est Peugeot qui a principalement mis au point le bloc Z mais que c'est Renault qui avait mis au point le procédé de fabrication du vilebrequin par coulage et non forgé. Or ce vilebrequin est calculé pour le V8 et procure un cycle d'allumage irrégulier au V6. Le nombre de cylindres multiplié par l'angle doit idéalement être un multiple de 360° afin que le rythme des explosions soit régulier. Avec un 6 cylindres ouvert à 90° on obtient 540°, soit un tour et demi. Il en résulte cette impression d'irrégularité qui a toujours entouré le V6 PRV, Volvo étant venu se joindre à l'aventure entre temps. Le V6 PRV est surtout conçu pour être souple, surtout à bas régime. Avec son bloc alu, ses deux carburteurs (un simple corps et un double corps), il est d'abord inauguré dans la 504 Coupé V6 et les Volvo 264 en 1974. Avec 136 ou 140 ch respectivement, ce n'est pas un foudre de guerre, mais il permet de belles reprises. Il est coupleux, plein à bas régime et propose de l'onctuosité plutôt que de la performance pure. Son bruit rauque est reconnaissable, et plutôt sympathique.

Reste à créer la voiture du côté de Renault. Forte de son savoir-faire et de sa réussite en termes de voitures à hayon, la future Renault haut de gamme devra obligatoirement appliquer la recette à succès de la Régie. Le prototype 127 lancé à 1970 rappelle d'une certaine façon la Renault 16 et aussi un peu la Renault 17. Finalement, après trois ans de conception assistée par ordinateur, sous le direction de Gaston Juchet qui avait déjà été à l'origine du dessin de la Renault 16, la nouvelle Renault prend forme. Entre temps des choses ont changé. Elle n'a plus seulement pour objectif d'occuper le haut de gamme, mais aussi de remplacer à terme la Renault 16. Elle ne s'appelera pas non plus Renault 23, trop compliqué pour les étrangers, mais 30. 

C'est donc une large berline à hayon qui est présentée au salon de Genève en mars 1975. Malheureusement, elle devait être la vedette de ce salon, mais Peugeot est venu également présenter la 604 SL alors que leurs accords prévoyaient que la sochalienne ne serait présentée qu'en septembre, justement pour que les deux voitures ne se fassent pas d'ombre mutuellement. De fait, les deux voitures n'ont que le moteur en commun. L'une est à deux volumes et l'autre une propulsion. L'une est avant-gardiste, l'autre classique. Elles représentent à elles deux, deux thèses antagonistes du haut de gamme.

La Renault 30 est de bonne facture. Son allure est légère, mais assume un côté bourgeois. Sa calandre à quatre phares impose un style tandis que le hayon lui donne la polyvalence. Elle est équipée de vitres électriques à l'avant, de la fermeture centralisée, choses rares à l'époque, inédites sur des voitures françaises (la 604 partage ces équipements). Mais voilà : deux erreurs ont été commises. Les voitures à hayon, ça ne fonctionne pas dans le haut de gamme. Pour autant Peugeot ne fera pas mieux avec la 604 dont les ventes ne sont sauvées en nombre que par l'arrivée de la 604 Turbo-Diesel ... D'autre part, ce V6 est trop peu puissant. Il n'apporte rien en termes de performances si ce n'est la noblesse du V6 et un bruit fort sympathique. Or, juste après le choc pétrolier, la R30 consomme 15 litres au cent kilomètres et peut dépasser les 25 litres au cent, si l'on tient à maintenir une allure supérieure à 160 km/h. Elle est desservie par une boite à quatre rapports.seulement, ou une boite automatique à trois rapports. Elle dépasse 180 km/h en pointe, coule sur la route avec un confort royal, ne souffre d'aucun problème particulier de tenur de route, si ce n'est cet effet de plongée de son nez au freinage. Mais comparée à d'autres voitures, ses performances sont en dessous de la moyenne. La CX 2400 GTI proposera des performances supérieures avec 4 cylindres seulement... Et quant aux Mercedes 280 SE, elles sont loin, autant en termes de performances, puissance, standing ...

Malgré tout, la Renault 30 tire plutôt bien son épingle du jeu. Epaulée par la Renault 20 qui est destinée à remplacer la Renault 16 et qui partage toute la carrosserie, la 30 reste à un prix qui la favorise par rapport à la 604. Si cette dernière est plutôt sauvée par son moteur Turbo-Diesel installé dès 1979, la Renault 30 n'existe qu'en V6.

En 1977, l'entourage des phares devient gris et non plus noir. De nouvelles poignées de porte à palettes remplacent celles qui disposaient d'un curieux bouton placé au-dessus de la poignée et qui s'avérait peu pratique, surtout lorsqu'on a des objets en main. Le moteur descend à 125 ch au profit d'une légère amélioration du couple et d'une aussi relative baisse de la consommation. En 1978, les faux arrière sont cerclés d'un jonc chromé et les appuie-tête arrière font leur apparition. 

Mais en octobre 1978, une nouvelle version de la Renault 30 fait son entrée. La Renault 30 TX dispose alors d'un équipement enrichi, d'une injection qui porte sa puissance à 142 ch et améliore les performances, aidée par une boite à 5 rapports qui participe également à la baisse de la consommation. La 30 TS repasse en même temps à 128 ch.

La 30 TS reste alors inchangée jusqu'en juillet 1981. Lors du restylage qui profite à la TX, la TS disparaît du catalogue. Une dernière tentative de sauvetage consistera à installer en juillet 1982 un moteur Turbo-Diesel dérivé de celui, atmsophérique, de la Renault 20 GTD, ce qui ne fera que rapprocher les deux modèles. L'écart était déjà diminué par la Renault 20 TX qui offre un niveau d'équipements comparable et des performances équivalentes.

La Renault 30 n'a pas connu le succès qu'elle méritait. Mal positionnée, elle n'a pas séduit la clientèle étrangère et l'essentiel des ventes s'est réalisé en France, quand, paradoxalement, les allemands lui préféraient la CX. Son hayon ne fait pas recette dans le segment où l'image statutaire du trois volumes est importante. La consommation digne d'un V8 comparée à des performances très en deça des références allemandes de cylindrée analogue n'a pas joué en sa faveur. Et puis, une Renault, ça ne fait pas autant rêver qu'une Mercedes ou une BMW. 

Après 136 406 exemplaires produits, toutes versions confondues, la Renault 30 laisse alors sa place en octobre 1983 à la Renault 25, qui remplace également la Renault 20, et qui sera la dernière et sans doute unique réussite de Renault dans le segment.

Fiche technique :

Type du moteur : V6 PRV ouvert à 90°, essence
Bloc : aluminium
Culasse : alliage léger
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 15 CV
Cylindrée : 2664 cm3
Alésage x course : 88 x 73 mm
Taux de compression : 8,65:1
Vilebrequin : 4 paliers
Puissance maximale : 131 ch 5500 à tr/min
Couple maximal : 20,5 mkg à 2500 tr/min
Distribution : deux arbres à cames en tête
Nombre de soupapes : 12
Alimentation : un carburateur double corps et un carburateur simple corps
Type de transmission : traction
Boite de vitesses manuelle à 4 rapports
Direction à crémaillère, assistée (3,5 tours)
Diamètre de braquage : 10,5 m (entre trottoirs)
Suspension av : roues indépendantes type McPherson, triangles superposés, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : roues indépendantes, bras tirés, triangle transversal, barre stabilisatrice, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 452,1 cm
Largeur : 172,7 cm
Hauteur : 142,2 cm
Empattement : 267 cm
Voie av : 144,4 cm
Voie ar : 143,5 cm
Pneus av : 175 HR 14
Pneus ar : 175 HR 14
Freins av : disques ventilés (
Freins ar : disques
Vitesse maximale : 185 km/h
0 à 100 km/h : 9,5 s
400 m.D.A. : 17,2 s
1000 m.D.A. : 32,4 s
Capacité du réservoir : 67 litres
Consommation moyenne à 90 km/h : 10,3 l/100km
Consommation moyenne à 120 km/h : 12,4 l/100km
Consommation moyenne en cycle urbain :  l/100km
Volume du coffre : 389 litres
Poids : 1320 kg

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(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2013)

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