Willys Interlagos (1962-1966)

(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)

Depuis l'après-guerre, Renault rêve d'Amérique. Et c'est avec Willys-Overland do Brasil que la porte s'ouvre sur le Nouveau Monde. En 1956, un accord est scellé entre Willys-Overland do Brasil et Renault et, pour la première fois depuis la guerre, Willys va produire autre chose que la Jeep (voir ici une CJ-5) et va fabriquer une Dauphine sous licence. 75 % des pièces sont importées, Renault fournit également l'outillage.

Deux ans plus tard, l'idée est d'enfoncer le clou et de s'ouvrir à de nouveaux marchés. Et les synergies se mettent en place. Renault veut un petit modèle sportif à introduire sur le sol sud-américain. Redelé est en pleine expansion mais n'a pas les moyens de créer de filiales à l'étranger. Après de longues négociations, Renault et Willys-Overland do Brasil vont trouver un nouvel accord de licence incluant Alpine. Il s'agit de produire l'Alpine A108 dans des conditions similaires : Alpine fournit les pièces et l'outillage, Willys apporte l'usine et les 25 % de pièces et accessoires préiphériques. La voiture sera baptisé Willys (Overland ne disparaît pas officiellement, sauf pour la maison mère américaine) Interlagos, en référence au circuit de São Paulo, ville où elle est fabriquée. La voiture est présentée au Salon d'Interlagos en novembre 1961.

Prévue pour être produite à 8 exemplaires par jour, la Willys Interlagos ne répond pas aux espoirs du constructeur. Le manque de performance est cruel même si la ligne est séduisante. La production démarre en 1961 et les premières livraisons ont lieu en 1962. A la différence de l'A108, la Willys Interlagos est construite sur le châssis de la Dauphine et non sur le châssis-poutre conçu par Rédélé. Elle est équipée d'une carrosserie en fibre de verre et du moteur Ventoux qui brille par son absence de puissance. Pour la première voiture de sport brésilienne, c'est un reproche qui lui sera adressé. Trois carrosseries sont proposées : berlinette (notre modèle), coupé (la vitre arrière descend derrière les passagers de façon plus verticale) et cabriolet. Elle se vend finalement peu et à la fin de la première année, environ 300 voitures ont été vendues.

Pour l'année suivante, entre en scène une nouvelle série (notre modèle). Le châssis de la Dauphine est délaissé et l'Interlagos peut enfin recevoir le châssis-poutre de l'A108. Avec ce gain de poids, elle reçoit aussi un nouveau moteur de la Dauphine Gordini. Les performances grimpent mais restent décevantes. L'arrivée du moteur 998 cm3 procurera à la voiture un caractère un peu plus conforme aux attentes de la clientèle et en rapport avec le profil de la voiture. La deuxième série profite d'un avant modifié qui rappelle celui de la Berlinette A110 nouvellement créée à Dieppe (notre modèle).

Néanmoins l'Interlagos sera utilisée pour des compétitions créées par ou pour l'équipe "Willys" et servira de tremplin pour de nombreux pilotes aux noms desquels figure celui d'Emerson Fittipaldi. Les voitures sont peintes en jaune et vert, couleurs du Brésil.

Finalement, toutes versions confondues 822 voitures ont été construites. Rachetée en 1968 par Ford, l'Interlagos n'aura pas de descendante, à l'exception de prototypes sans futur. Willys, pour remplacer la Dauphine, avait concocté une voiture dérivée de la Renault 12 pour le marché brésilien qui sera nommée Ford Corcel.