Ford Orion (1983-1993)
(Barentin, Seine-Maritime, janvier 2012)
Dans les années 80, la mode est aux voitures avec hayon arrière. Emportés par un mouvement initié par Renault, tous les constructeurs modifient leur modèles pour céder à la modularité et à l'espace à bord des berlines bi-corps avec hayon. Ainsi, l'Escort III a subi le même traitement de même que la Sierra.
Cette nouvelle configuration des véhicules laisse orpheline une clientèle traditionelle adepte des voitures à trois volumes avec coffre. Certains marchés en sont particulièrement friands, comme l'Espagne, l'Afrique du Nord, le proche Orient. Le succès de la FASA-Renault Siete en Espagne témoigne de l'éngouement pour ce type de voiture, ce que Renault a fort bien compris en créant le couple R9/R11 ou Volkswagen avec la Jetta. Afin de ne pas laisser un créneau libre, Ford utilise la plateforme de l'Escort III et adapte une voiture à trois volumes qui, rallongée, se situe dans les dimensions de la Sierra. Ford entend ainsi capter une clientèle qui aurait été rebutée par les dimensions trop étriquées de l'Escort sans oser sauter le pas jusqu'à la Sierra. L'Orion et l'Escort partagent la même chaîne de montage et la plupart de leurs pièces leur sont communes, à l'exception de l'arrière. L'allongement du porte-à-faux arrière a tendance à modifier l'équilibre de l'Escort, mais aucun changement notable n'est entrepris pour y remédier.
Afin de ne pas créer une concurrence interne trop importante, Ford prend toutefois soin de ne pas attribuer à l'Orion les finitions et motorisations bas de gamme de l'Escort et qui représentent une part non négligeable du marché. Ainsi les premières Orion ne sont disponibles qu'en finition GL ou Ghia avec les moteurs 1300 ou 1600. Le 1600 est proposé également avec l'injection ce qui amène l'Orion à partager le même moteur que l'Escort XR3i. Mais comme l'Orion est positionnée en voiture familiale, l'accent est mis sur les élements de conforts et ses performances passées sous silence. L'Orion 1.6i est richement dôtée : toit ouvrant, fermeture centralisée, vitres avant électriques, sièges sport, appuie-tête arrière. Elle a en outre l'avantage de ne pas effrayer les assureurs à l'évocation du badge "XR3i".
En 1986, l'Orion reçoit les mêmes modifications de l'Escort Mk IV (ici en break). L'Orion Mk II (notre modèle) prend la même nouvelle calandre et les lignes discrètement adoucies de sa siamoise mais conserve son arrière à l'identique. Les moteurs sont modifiés, et c'est la nouvelle génération de moteurs dits "CVH" (à arbre à cames en tête) qui remplace les anciens OHV (soupapes en tête), sauf le 1.3 qui persiste. Ces moteurs ont également l'avantage de pouvoir tourner à l'essence sans plomb avec un mélange dit "pauvre". Ford se rend compte que, si les deux voitures partagent les mêmes pièces et si elles sont assemblées sur la même chaîne de montage, le risque de phagocytage n'a pas de conséquences pour les finances de l'entreprise. Ainsi, les finitions les plus sommaires sont ouvertes à l'Orion, comme les niveaux L et CL. Les suspensions sont enfin modifiées pour tenir compte des modifications de l'équilibre et de l'aérodynamique.
L'Orion est encore renouvelée en 1990 avec l'Escort Mk V. Elle suscite les mêmes critiques esthétiques que l'Escort si bien qu'elle est, elle aussi, modifiée en 1992. Elle demeure un an au catalogue avant de voir son nom purement et simplement disparaître. Elle n'est alors plus qu'une déclinaison de l'Escort Mk V, puis Mk VI en 1995. Elle est ensuite remplacée par la Ford Focus, qui a, elle aussi, sa déclinaison trois volumes.
L'Orion a confirmé que malgré le succès des berlines bicorps à hayon, un marché subsistait pour les berlines classiques à trois volumes. L'avenir le confirmera avec la Renault 19 Chamade, la Peugeot 306 Sedan. A l'heure actuelle, les Clio Symbol ou C4 Sedan confirment le besoin de voitures polymorphes au sein de l'offre d'un modèle à vocation populaire et mondiale.