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7 mai 2024

Mercedes 450 SEL 6.9 V116 (1975-1980)

(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)

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Lorsqu'en 1972 Mercedes bascule de la W108/W109 à la Sonderklasse, créant ainsi officiellement la Classe S, elle enterre par la même une pépite de sa gamme : la 300 SL 6.3.

Avec la Sonderklasse W116, Mercedes entend monter en gamme et se rapprocher de Rolls-Royce ; aussi le moteur 2,8 litres n'est plus qu'une entrée en gamme et dès 1973 un V8 de 4,5 litres se fiche sous le capot de la W116. Ainsi la 450 SE/SEL vient se poster en figure de proue de la marque à l'étoile. Avec 225 ch, il propose déjà des performances que seule la Jaguar XJ12 surpasse, si l'on exclut les très confidentielles De Tomaso Deauville ou Maserati Quattroporte. Mais qu'à cela ne tienne.

Ce n'est qu'en mars 1974 qu'est présentée la version démesurée de la 450 SEL : la 450 SEL 6.9. Et bien évidemment pour un produit de luxe, elle est présentée à Genève. Elle sera commercialisée à partir de 1975 à un prix 185 000 F (soit environ 150 000 € en 2024), un prix rivalisant avec celui d'une Rolls-Royce Silver Shadow ou qui équivaut à celui d'une Ferrari 308 et demi ou plus simplement deux 350 SEL. Et pour ce prix, Mercedes offre ce qu'il y a de mieux.

A commencer par le moteur, repris du 6.3 litres précédent, c'est à dire dérivé directement du 6 litres de la 600. L'alésage a été augmenté de 4 mm et il atteint dès lors 6834 cm3, ce qui lui vaudra le label 6.9. Elle aurait pu s'intituler 690 SL, mais il était hors de question de faire de l'ombre à la 600.

C'est le plus gros moteur européen depuis la seconde guerre mondiale et il ne faudra pas moins que le V12 de la Pagani Zonda pour battre le record. C'est donc un gros V8 à course longue (même si elle est en réalité plus courte que l'alésage), privilégiant le couple à la puissance pure. Il délivre 286 ch à 4250 tr/min mais pas moins de 56 mkg à 3000 tr/min ! Une valeur comparable au 6-en-ligne de la BMW M1 ! Il relègue même les V8 Chevrolet de 5,7 litres à quelques encablures, ceux-ci étant bridés par les normes anti-pollution. Même une Porsche 911 est dépassée, la 911 S culminant à 180 ch à l'époque. Elle atteint officiellement 225 km/h, mais en réalité c'est plutôt 235 km/h au vu des mesures réalisées par la presse. Malgré ses presque 2 tonnes, il faut moins de 8 secondes pour atteindre 100 km/h, à peine plus de 29 secondes pour franchir le kilomètre alors que la voiture dispose d'une boite automatique à 3 rapports longs comme un jour sans pain. Il est possible de faire cirer les roues alors que c'est une boite automatique ! Jusque là seules les grosses américaines pouvaient s'en vanter. La première atteint 95 km/h ! En regard de cette débauche de puissance, les pneumatiques ne font pas long feu. A allure maîtrisée, elle est souveraine, mais dès qu'on cherche à solliciter la puissance, et encore plus sur sol gras ou mouillé, elle devient indomptable en dépit d'un différentiel arrière à glissement limité.

Sans oublier le confort. Mercedes a donné le meilleur de la technologie en matière de suspension avec des roues indépendantes à l'avant comme à l'arrière, doublées d'un amortissement  hydropneumatique qui permet de garder une assiette constante en toute circonstance. Ce n'est pas aussi sophistiqué que sur une Citroën mais c'est déjà efficace.

Pour figurer en haut de la gamme, il fallait que l'équipement soit à la hauteur. Et on retrouve le régulateur de vitesse, la climatisation bi-zone (déjà !), quatre vitres électriques et verrouillage centralisé, cuir ou velours pour la sellerie. Les passagers arrière ont le droit en série à des stores et des veilleuses. La finition est évidemment exemplaire et la qualité des matériaux ne souffre ni la critique ni l'outrage du temps. Extérieurement, rien ne peut distinguer la 6.9 d'une autre SEL. Les lave-phares sont un indice non suffisant. Il faut regarder le détail : compte-tour en série, compteur gradué jusqu'à 260 km/h et une petite tirette derrière le volant pour le contrôle du correcteur d'assiette. Le seul élément qui permet à coup sûr de savoir avec certitude qu'on est face à une 6.9, c'est le carter sec qu'elle est la seule à obtenir de toute la gamme Mercedes.

Pour le reste, c'est fidèle à la tradition allemande : les options sont nombreuses et chères. Des jantes alliage (elles sont en série, mais le client peut choisir de les laisser et elles ne sont alors pas facturées), cloison séparée ou radio-téléphone, tout est possible. A condition d'y mettre le prix. Pour ce dernier, il coûte à lui seul le prix de deux Coccinelle. A la fin de l'année 1978, elle est la première voiture à recevoir l'ABS en série.

Extravagante, surpuissante, difficile à maîtriser, d'un confort absolu, elle attire une clientèle très argentée, avisée par ses performances. Aussi n'est-il pas illogique de compter parmi les célèbres clients Claude François ou Claude Lelouch. Le premier vante les mérites de sa voiture pour lui avoir permis de s'échapper d'un attentat en 1977. Le second reste célèbre pour avoir réalisé le court-métrage "C'était un rendez-vous" pendant lequel il rejoint, en un seul plan séquence, la Porte Dauphine au Sacré-Coeur à une vitesse tellement vertigineuse que longtemps on a cru que la séquence avait réalisée avec une Ferrari (la bande son était doublée par le bruit d'une Ferrari 275). On compte aussi parmi les illustres propriétaires Marcel Dassault, Pierre Bergé, Mireille Matthieu, Alain Delon, Niki Lauda, Peter Fonda, sans parler des simples détenteurs d'une 450 SEL ordinaire comme Bono de U2, Arnold Schwartzenegger ou Stanley Kubrick.

Finalement, entre mai 1975 et avril 1980, elle a été fabriquée à 7380 exemplaire, améliorant le score de sa devancière. Sur ce nombre, 1816 voitures ont été vendues aux USA. Elle est remplacée de fait par la 500 SL W126, puis par la 560 SEL.

Pour en savoir plus : https://mercedes450sel69.com/

Fiche technique :

Type du moteur : V8 ouvert à 90°, essence
Bloc : fonte
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 39 CV
Cylindrée : 6834 cm3
Alésage x course : 107 x 95 mm
Taux de compression : 8,8:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 286 ch à 4250 tr/min
Couple maximal : 56 mkg à 3000 tr/min
Distribution : deux arbres à cames en tête
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : injection
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 3 rapports
Direction à recirculation de billes, assistée (2,7 tours)
Diamètre de braquage : 12,10 m
Suspension av : roues indépendantes, triangles, amortisseurs hydropneumatiques.
Suspension ar : roues indépendantes, essieu-semi-rigide, amortisseurs hydropneumatiques.
Longueur : 506 cm
Largeur : 187 cm
Hauteur : 142 cm
Empattement : 296 cm
Voie av : 152,1 cm
Voie ar : 150,5 cm
Pneus av : 215/70 VR 14
Pneus ar : 215/70 VR 14
Freins av : disques ventilés (278 mm)
Freins ar : disques (279 mm)
Vitesse maximale : 234 km/h
0 à 100 km/h : 7,7 s
400 m.D.A. : 15,6 s
1000 m.D.A. : 29,2 s
Capacité du réservoir : 96 litres
Consommation moyenne à 90 km/h : 13,5 l/100km
Consommation moyenne à 120 km/h : 15,5 l/100km
Consommation moyenne en cycle urbain : 23,5 l/100km
Poids : 1935 kg

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