Alfa Romeo Alfetta 1800 (1972-1984)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2017)
La haute lignée à l’italienne
Si la noblesse automobile devait se juger à l’architecture plutôt qu’au standing, l’Alfetta trônerait au sommet du gotha. Lancée en 1972, cette berline siglée du biscione tient son nom de deux légendes de la course : les Alfetta 158 et 159, championnes du monde en 1950 et 1951. Un héritage lourd, mais que cette nouvelle venue assume avec une étonnante assurance — malgré un look austère qui cache mal son brio technique.
Conçue au Centre de Style interne d’Alfa Romeo, l’Alfetta était pensée pour prendre le relai d’une Giulia vieillissante (née en 1962) et de la Berlina 1750/2000, simple évolution de la précédente mais avec l'empattement allongé. L’idée était de rationaliser la gamme avec un modèle unique, mais Alfa tergiverse. Le projet 116, future Giulietta, est retardé, tandis que la Giulia Nuova reste au catalogue jusqu’en 1977, et la 2000 disparaît en 1976. Ce n’est qu’en 1979 que l’Alfa 6 viendra compléter la gamme en haut.
Pendant un temps, l’Alfetta doit donc jouer les chefs de file, bien malgré elle. Avec ses lignes massives, sa ceinture de caisse haute et son arrière pesant, elle semble taillée à la serpe. Mais sous cette silhouette fonctionnelle se cache une mécanique d’exception.
L’Alfetta n’est pas juste une berline : c’est une leçon d’ingénierie. Alfa Romeo y installe une architecture transaxle, avec boîte de vitesses et embrayage à l’arrière, couplés à un pont de Dion et des freins inboard. Résultat : une répartition des masses idéale et un comportement routier digne d’un coupé. Seul bémol : l’espace de coffre est sacrifié, et la ligne arrière rehaussée donne une impression de lourdeur.
Mais dès qu’on tourne la clé, le moteur Alfa fait oublier tout cela. Le 1800 double arbre de 122 ch, issu du Spider Duetto, s’exprime à merveille grâce à une boîte à 5 rapports bien étagée. L’habitacle est cossu, les sièges enveloppants, les places arrière dignes des ministres italiens qui utiliseront l'Alfetta.
Dès 1974, le coupé Alfetta GT prolonge l’expérience en mode sport. La gamme s’enrichit ensuite d’un 1600 cm³ (109 ch) en 1975, reconnaissable à ses deux phares seulement. Puis vient le 2.0 litres en 1977 (feux rectangulaires qui manquent de personnalité, 122 ch), qui évoluera vers une version à injection électronique de 135 ch en 1979. À chaque étape, l’Alfetta reste fidèle à sa rigueur mécanique, même si le style peine à suivre.
En 1982, Alfa ose l’impensable : un Diesel. Mais pas n’importe lequel : un bloc VM turbo, bruyant, certes, mais fiable et volontaire. Il grimpe à 2,4 L en 1983. Malgré tout, l’essence reste le cœur de l’Alfetta.
Retirée en 1984 après 440 000 exemplaires fabriqués, l’Alfetta aura longtemps souffert d’une gamme Alfa trop embouteillée. Coincée entre la Giulia, la 2000, la Giulietta puis l’Alfa 6, elle n’aura jamais eu droit au V6 Busso qui faisait si bien chanter le coupé GTV6. Dommage. Sa remplaçante, l’Alfa 90, ne fera guère mieux en souffrant de la concurrence interne de l'Alfa 75.
Longtemps sous-estimée, l’Alfetta incarne une philosophie que l’industrie a depuis oubliée : mettre le raffinement mécanique au service d’une berline familiale. À son volant, c’est l’équilibre qui prime. Elle ne flatte pas l’ego comme une BMW ni ne caresse le confort comme une Mercedes. Elle propose autre chose : la rigueur sportive à l’italienne, discrète, mais redoutable.
Pour en savoir plus : Italian Cars Club
🔧 FICHE TECHNIQUE — Alfa Romeo Alfetta 1800 (1972)
🔹 Type du moteur : 4 cylindres en ligne, essence
🔹 Bloc : Aluminium
🔹 Culasse : Aluminium
🔹 Emplacement : Longitudinal, avant
🔹 Puissance fiscale : 8 CV
🔹 Cylindrée : 1 779 cm³
🔹 Alésage x course : 80 x 88,5 mm
🔹 Taux de compression : 9,5 :1
🔹 Vilebrequin : 5 paliers
🔹 Puissance maximale : 122 ch à 5 500 tr/min
🔹 Couple maximal : 17 mkg (166,7 Nm) à 4 400 tr/min
🔹 Distribution : Double arbre à cames en tête, chaîne
🔹 Nombre de soupapes : 8
🔹 Alimentation : 2 carburateurs double corps Weber
🔹 Type de transmission : Propulsion, architecture transaxle
🔹 Boîte de vitesses : Manuelle à 5 rapports
🔹 Direction : Crémaillère
🔹 Diamètre de braquage : Environ 10,5 m
🔹 Suspension avant : Roues indépendantes, barres de torsion, barre anti-roulis
🔹 Suspension arrière : Pont de Dion, ressorts hélicoïdaux, parallélogramme de Watt
🔹 Longueur : 427 cm
🔹 Largeur : 162 cm
🔹 Hauteur : 143 cm
🔹 Empattement : 251 cm
🔹 Voie avant : 136 cm
🔹 Voie arrière : 135 cm
🔹 Pneus avant : 165 SR 14
🔹 Pneus arrière : 165 SR 14
🔹 Freins avant : Disques, double circuit hydraulique
🔹 Freins arrière : Disques inboard, double circuit hydraulique
🔹 Vitesse maximale : 185 km/h
🔹 0 à 100 km/h : Environ 10,5 secondes
🔹 400 m D.A. : Environ 17,5 s
🔹 1000 m D.A. : Environ 32,0 s
🔹 Capacité du réservoir : 49 litres
🔹 Consommation à 90 km/h : Environ 8,5 L/100 km
🔹 Consommation à 120 km/h : Environ 10,5 L/100 km
🔹 Consommation en cycle urbain : Environ 13 L/100 km
🔹 Volume du coffre : Environ 410 litres
🔹 Poids à vide : 1 077 kg