Alfa Romeo 166 (1998-2003)
(Caudebec-en-Caux, Seine-Maritime, juillet 2016)
Depuis la disparition de l'Alfa 6 après un carrière plutôt symbolique, la marque italienne est absente du segment des grandes routières. Le champ est libre pour les Mercedes Classe E, Audi A6 et BMW 5 qui règnent sans partage sur le marché mondial, laissant des miettes aux contructeurs nationaux. Au cours des années 90, personne n'a réussi à écorner le prestige des trois constructeurs allemands. Lancia, pourtant considérée comme une marque de prestige italienne, s'est cassé les dents avec la Kappa, et Saab n'a pas fait mieux avec la 9-5, pas plus qu'Alfa avec la 164 qui jouait plus dans le segment inférieur des routières. Seule, à la fin des années 90, Jaguar avec la Type-S parviendra à entrer en concurrence.
Pourtant les travaux pour remplacer l'Alfa 6 ont débuté presque dès sa disparition, le temps peut-être de digérer l'échec. Sur la plateforme de la Lancia Kappa, le Centro Stile Alfa Romeo réussit un dessin aux allures mêlant classicisme, modernité, sportivité et rétro. La longue berline a le nez fin et une silhouette en forme de flèche qui termine par un coffre haut à l'arrière. Entre lignes tendues et arrondis soigneusement agencés, la voiture n'est pas sans rappeler la 156 qui redonne un second souffle au constructeur milanais depuis une année déjà. En revanche la face avant a de quoi surprendre avec des petits phares installés dans une calandre fine. Le dessin donne l'impression d'un petite moue triste, mais une fois la première impression effacée, on remarque que le squale est prêt à dévorer du bitume.
Car l'atout principal de la 166, c'est sa gamme de moteurs. On passera vite sur le 2 litres Twin Spark de la 145 qui joue le rôle d'entrée de gamme mais qui procure déjà 155 ch. Il faut surtout admirer la belle gamme de V6, du 2 litres concocté pour les raisons fiscales italiennes (205 ch) au 3 litres Busso fort de 226 ch et passant par l'intermédiaire du 2,5 litres tout à fait convaincant avec 190 ch seulement. Ces moteurs sont ronds, puissants, mélodieux, rageurs à haut régime, un régal pour qui conduit. Ils donnent à la voiture un caractère bien trempé, prête à partir à la moindre sollicitation. Toutefois, dans ce segment, la plupart des ventes se font avec un moteur Diesel (notre modèle). C'est un 5-cylindres 2,4 litres qui officie, avec une puissance de 136 ch seulement, mais une valeur de couple bien supérieure à celles des V6. Il se montre très souple et assez puissant pour franchir allègrement les vitesses maximales. Et à partir de 2004, dans la seconde série, sa puissance va grimper à 150, puis 175 et enfin 185 ch, rendant l'intérêt des moteurs essence à chaque fois un peu moindre.
Sur la route, la 166 est une dévoreuse de bitume. Elle file sur la file de gauche avec autorité et on ne ressent pas la vitesse à bord. Il est très facile de rouler à plus de 160 km/h sans s'en rendre réellement compte. La voiture est stable, silencieuse, confortable. Les critiques lui reprocheront de ne pas avoir un comportement assez sportif, en oubliant que c'est une grande routière. Pour d'autres, la voiture est juste très confortable, silencieuse, et fort bien équipée.
En définitive, l'Alfa 166 a tout sur le papier pour aller tailler une croupière aux allemandes. Style, moteur, confort, il y a tout. Le cuir est élégant, les sièges sont confortables, l'agencement est un peu vieillot, mais il y a tout. Pour une voiture des années 90, il y a déjà les essuie-glaces automatiques, la climatisation automatique, une chaîne Hi-Fi, des sièges électriques chauffants et à mémoire. et même le GPS. Mais voilà, on ne s'invente pas marque premium du jour au lendemain et en dépit de ses qualités, l'Alfa 166 n'a séduit que des clients Alfa. Avec 26 537 exemplaires vendus la première année, on ne peut pas dire que la voiture ait attiré les foules. Dès l'année suivante, le chiffre baisse à 18 928 unités pour descendre à 5 682 en 2003. Après le restylage (pas très heureux) de 2003, les ventes progressent à 7501 en 2004 mais dégringolent à 726 en 2007. C'est alors la fin de la 166 qui n'aura connu que 89 594 clients et ne sera pas reconduite. Elle sera toutefois construite en Chine pour le marché intérieur à partir de 2008.
Fiche technique :
Type du moteur : 5 cylindres en ligne, Diesel
Emplacement : transversal, avant
Puissance fiscale : 8 CV
Cylindrée : 2387 cm3
Alésage x course : 82 x 90,4 mm
Taux de compression : 18,5:1
Puissance maximale : 136 ch à 4000 tr/min
Couple maximal : 31 mkg à 2000 tr/min
Distribution : arbre à cames en tête
Nombre de soupapes : 10
Alimentation : rampe commune d'injection
Suralimentation : turbo compresseur Garrett (2,1 bar) + intercooler
Type de transmission : traction
Boite de vitesses manuelle à 6 rapports
Direction à crémaillère, assistée
Diamètre de braquage : 11,6 mètres
Suspension av : roues indépendantes, double triangles, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux,
Suspension ar : roues indépendantes, multibras, triangle inférieur, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux,
Longueur : 472 cm
Largeur : 181,5 cm
Hauteur : 141,6 cm
Empattement : 270 cm
Voie av : 154,5 cm
Voie ar : 153,2 cm
Pneus av : 205/55 WR 16
Pneus ar : 205/55 WR 16
Freins av : disques ventilés (281 mm)
Freins ar : disques (276 mm)
Vitesse maximale : 204 km/h
0 à 100 km/h : 9,9 s
400 m.D.A. : 17,8 s
1000 m.D.A. : 31,9 s
Capacité du réservoir : 72 litres
Consommation moyenne sur route : 7,7 l/100km
Consommation moyenne sur autoroute : 8,6 l/100km
Consommation moyenne en ville : 9,1 l/100km
Poids : 1615 kg