Dodge Challenger R/T (1969-1974)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2017)
Alors que Ford a lancé la Mustang en 1964 ouvrant le bal des pony-cars, le groupe Chrysler répond en premier lieu par la Plymouth Barracuda. Celle-ci en est à sa troisième version quand arrive sa sœur de chez Dodge à l'automne 1969. Si les deux voitures sont construites sur la même plate-forme, la Challenger est posée sur un châssis à l'empattement rallongé de 51 mm ce qui, tout en lui permettant de rester dans la classe des compactes (dans le sens américain du terme), favorise l'espace intérieur. Toutefois elle n'est proposée qu'en coupé deux portes à toit dur (hardtop, notre modèle) ou cabriolet, dans les finitions de base, SE (Special Edition, avec toit vinyle et intérieur cuir), R/T (Road/Track, notre modèle) et T/A (Trans-Am). Le nombre d'options est tel que, comme la Mustang, il est presque impossible de trouver deux voitures identiques.
Là où la Challenger va se démarquer de la concurrence, c'est sur la variété des moteurs proposés. Du six-cylindres au V8, il y en a pour tous les goûts, de 3,7 litres à 7,2 litres. Le 6-cylindres (225 ci, 3,7 litres, 145 ch) ne sera proposé que durant deux ans, cédant la place aux autres V8 dits "small-blocks" de 5,2 litres (318 ci, 230 ch avec carburateur double corps) ou 5,6 litres (340 ci, 275ch avec carburateur quadruple corps ou 290 ch en version "six packs", c'est à dire avec trois carburateurs double corps), plus prisés par la clientèle. .
Mais du côté des "big blocks", c'est déjà plus brutal. On démarre avec le 383 Magnum (6,3 litres, carburateur quadruple corps de 335 ch, notre modèle). On passe ensuite au 440 ci Magnum (7,2 litres, ) proposé en version à quadruple corps (375 ch) ou "440 six packs" de 395 ch. Ces moteurs disposent en outre d'un couple monstrueux qui rend difficile l'exploitation de cette puissance : 650 Nm à 3200 tr/min pour le seul 440 Magnum. Tout en haut, le 426 Hemi, bien que disposant d'une cylindrée inférieure au précédent, culmine à 431 ch et 650 Nm à 4000 tr/min ! Il se dit même que cette version produite pour les besoins de la compétition était en réalité bien plus puissante qu'annoncé et ce afin de ne pas effrayer les assureurs. 356 voitures auraient été vendues la première année dans cette version qui n'aura été produite qu'une seule année. Toutes ces motorisations peuvent être combinées à des boites manuelles à 4 rapports ou automatique Chrysler Torqueflite à 3 rapports. Et pour passer la puissance au sol, une option différentiel autobloquant était proposée, voire conseillée.
Dès la première année, il se vend 83 000 exemplaires de la Challenger. Au cours des millésimes la voiture évolue peu, contrairement aux habitudes américaines d'offrir des modifications esthétiques tous les millésimes et de revoir un modèle tous les deux ans. De légères retouches sur la calandre et les feux arrière seront opérées sur le modèle 1971, et les ventes s'effondrent immédiatement (moins de 30 000 voitures vendues). La gamme de moteurs est remaniée au cours des millésimes et le gros 440 Magnum de 375 ch et remplacé par un 440 Six Packs de 390 ch, tandis qu'un modeste 6-cylindres en ligne de 198 ci (3,2 litres) à carburateur simple corps de 100 ch fait son entrée. Quant au 383 Magnum, sa puissance est réduite à 300 ch par réduction du taux de compression.
L'année suivante, avec l'adoption du Clean Air Act, la puissance des moteurs baisse. Pire, le mode de calcul de la puissance est modifié et les chiffres affichés baissent de 20 à 30 %. Par ailleurs, la puissance des moteurs effraye les assureurs qui font grimper les primes d'assurance à un niveau tel que c'est rédhibitoire. Les Big Blocks disparaissent et il ne reste plus que le "Slant Six" 225 ci de 110 ch, le V8 318 ci qui plafonne à 150 ch et le V8 340 ci qui ne propose plus que 240 ch. Le cabriolet qui n'a été que très peu vendu est retiré. Pour autant les ventes restent stables à 27000 voitures vendues. Pour l'année suivante, la norme de protection des piétons est instaurée, ce qui conduit à l'installation de gros butoirs sur les pare-chocs sur le millésime 1973. On note un regain de ventes à 32 000 unités. C'est alors qu'intervient le choc pétrolier. En 1974, le 5,6 litres (340 ci) est remplacé par un 5,9 litres (360 ci). Il n'y aura plus d'évolution sur le modèle dont la production s'arrête en avril 1974 et 188 606 voitures commercialisées au cours de sa carrière.
La course aux Muscle-Cars s'achève et la Challenger disparaît. Elle revient en 1978 dans une toute autre configuration. C'est alors un petit coupé dérivé de la Mistubishi Galant équipé de moteurs 4-cylindres de 1,6 ou 2,6 litres. Ce n'est qu'en 2008, après le retour de la Ford Mustang dans un style néo-rétro que la Challenger revient dans une version modernisée, à l'instar de la Chevrolet Camaro, de la Dodge Charger.
Fiche technique : Dodge Challenger 383 Magnum
Type du moteur : V8 ouvert à 90°, essence
Bloc : fonte
Culasse : fonte
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : NC
Cylindrée : 6292 cm3
Alésage x course : 108 x 85,85 mm
Taux de compression : 9,5:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 335 ch à 5000 tr/min
Couple maximal : 58,7 mkg à 3200 tr/min
Distribution : arbre à cames central, soupapes en tête, culbuteurs
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : carburateur quadruple corps
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses manuelle à quatre rapports ou automatique à 3 rapports
Direction à crémaillère (5,3 tours)
Suspension av : roues indépendantes
Suspension ar : essieu rigide
Longueur : 485,9 cm
Largeur : 193,3 cm
Hauteur : 129,3 cm
Empattement : 279,4cm
Voie av : 151,6 cm
Voie ar : 154,2 cm
Pneus av : 205/75 VR 14
Pneus ar : 205/75 VR 14
Freins av : tambours (279 mm)
Freins ar : tambours (279 mm)
Vitesse maximale : NC