Morgan Grand Prix (1913-1926)
La firme Morgan est fondée en 1910 par Harry Frederick Stanley Morgan (dit HFS), un jeune homme passionné de mécanique et d'automobile qui n'en est pourtant qu'à ses balbutiements. Il a réchappé à un grave accident en raison d'une rupture des freins de sa Benz et, deux ans auparavant, il a acheté une Peugeot dans l'idée de devenir constructeur. En 1909, il fabrique sa voiture personnelle, ce qui lui permet de comprendre un certain nombre de problèmes de conception, de construction et de production. L'usine est construite à Malvern, en Angleterre.
Les premières Morgan sont animées par un moteur monocylindre Peugeot de 7 ch. Le principe de construction de la voiture est déjà bien ancré dans la tête de HFS : deux longerons en acier sur lesquels vient se greffer une architecture en frêne qui viendra supporter la carrosserie. Ainsi les 7 ch sont amplement suffisants pour animer le petit engin très léger qui pèse moins de 200 kg. Et dès la présentation à Londres en 1911, deux modèles sont proposés : avec un monocylindre de 4 ch ou avec un bicylindre en V fourni par J.A.P.
Très vite, les Morgan se font remarquer par leur performance, leur prix et leur fiabilité. En compétition, elles se détachent de la concurrence et devancent même des voitures conventionnelles en termes de ventes. Petit à petit la gamme s'étoffe, allant jusqu'à proposer des versions à quatre places assises. La gloire arrive avec une victoire au Grand Prix d'Amiens en 1913 dans la catégorie Cyclecars devant les championnes de l'époque, les Bedelia, avec une moyenne générale de 68 km/h ! Les Morgan seront alors alignées sur toutes les courses organisées à l'époque, jusqu'au premier conflit mondial.
Profitant de ce succès retentissant, sur la base de ce modèle est commercialisée la "Grand Prix" de 1913 à 1926 (notre modèle). On notera que le modèle présenté, fabriqué en 1922, est dépourvu d'éclairage, équipement qui ne deviendra standard qu'en 1924 seulement. Au cours de sa carrière, elle a reçu aussi des améliorations comme des freins à l'avant, et un démarreur électrique.
Pour un supplément de prix de 7 à 10 £ (sur 180 au total), le client pouvait opter pour un moteur MAC en remplacement du J.A.P. Il n'y a pas encore de frein sur les roues avant, mais seulement un frein à bande sur la roue arrière. Il n'y a que deux vitesses et la transmission se fait par chaîne et il n'y a pas de marche arrière.
La "Grand Prix" n'est plus commercialisée en 1926 et elle est relayée par l'Aero qui existe depuis 1921 et la nouvelle Super Sport Aero. Elles utilisent des moteurs bicylindres en V, refroidis par air ou par eau. Au fur et à mesure des années, la puissance a augmenté, et les performances atteignent des valeurs impressionnantes pour l'époque. Certaines versions de compétition peuvent dépasser les 40 ch et atteindre 180 km/h !! Une folie ! Mais à partir de 1931, les clients pourront choisir un châssis plus spacieux avec la "Family de Luxe".
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2017)