La Licorne BV Coupé Docteur 1913
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2012)
Ancien champion cycliste, c'est naturellement que Jean-Marie Corre se reconvertit dans le commerce de cycles. Petit à petit son entreprise se diversifie et en 1899, il fonde la Compagnie Française des Automobiles Corre, qui distribue des voitures De Dion Bouton et Peugeot voire Renault en plus de ses propres tricycles et quadricycles à moteur. Il construit sa propre voiture en 1901, une voiture conçue pour la course. Après quelques victoires la renommée finit par arriver et les ventes s'améliorent à partir de 1903. Cependant ses voitures ressemblent un peu trop aux Renault, surtout selon Louis Renault. La gamme s'étoffe toutefois et en 1907, Corre vend en partie son entreprise à Firmin Lestienne, père de Waldemar Lestienne, l'ingénieur et pilote occasionnel maison. Firmin prend la direction de la société qui prend le nom de Corre-La Licorne. C'est là qu'apparaît l'emblême de la marque, issu des armoiries de la famille Lestienne. Peu à peu la nom "Corre" disparaîtra.
En cette deuxième moitié de la décennie, les voitures Corre-La Licorne sont réputées pour leur qualité de mise au point, leur fiabilité, mais guère pour leur puissance. Perdant son procès, Corre est contraint de vendre ses dernères parts à Lestienne et l'aventure se poursuit sans lui. Depuis des années, nombre de brevets ont été déposés comme le système de refroidissement des moteurs, la pédale d'accélérateur ou le levier d'avance à l'allumage sur le volant. La marque propose alors une gamme complète et en fin de compte, elle se porte mieux que ses concurrents, y compris Renault qui crut bien avoir sa peau. Le premier conflit mondial contraindra l'entreprise à participer à l'effort de guerre mais elle en tire parti en modernisant son outillage et en améliorant ses finances. Au terme de la guerre, l'entreprise s'est diversifiée en produisant des véhicules utilitaires, des fourgons commerciaux en plus des voitures de tourisme. Elle revient également à la compétition, la seule vitrine de l'automobile à l'époque.
La Type BV est munie d'un quatre cylindres monobloc de 1094 cm3 (59 x 100 mm), un moteur fourni par Chapuis-Dornier, un fabricant de moteur qui fournit de nombreux constructeurs de cyclecars. Le petit moteur fournit entre 6 et 8 ch à 1400 tr/min. Avec un arbre à cames latéral entraînant des soupapes en tête via des culbuteurs, il est très moderne.
Le coupé Docteur est une carrosserie très prisée par les médecins, notament à la campagne. Elle leur permet de conduire à l'abri des intermpéries (la plupart des voitures sont ouvertes et les "conduites intérieures" sont rares), tout en pouvant conserver son chapeau sur la tête. La voiture devait surtout être fiable et d'un prix compétitif. La BV fait les beaux jours de la marque jusqu'en 1918. La suite sera marquée par l'arrivée de Citroën et sa Type A, puis la B2. La marque poursuit son parcours et plusieurs modèles auront une belle carrière, comme la LO4 ou la L760.