DB Le Mans (1959-1962)
(Auto-Moto-Retro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2011)
Après le succès de la HBR5 moins d'un point de vue commercial que par ses victoires aux 24 heures du Mans en catégorie indice de performance, Deutch et Bonnet s'intéressent au cabriolet. L'offre sur le marché propose de lourds cabriolets anglais (Aston Martin DB2/4, Jaguar XK150, Austin-Healey 100-6), ou allemands (Mercedes 190 SL), les coûteuses ou Triumph TR-3, Porsche 356 ou MG A dans les véhicules plus légers. Il reste la Renault Floride/Caravelle dans la catégorie véhicules légers et populaires. Les deux compères imaginent alors tailler la part du lion sur ce marché et proposer une voiture plus performante qu'une Floride et plus légère que toutes les autres avec des qualités dynamiques bien meilleures. Elle n'a pas de vocation particulièrement sportive, mais se veut être une voiture ludique et doit offrir une ligne qui soit aérodynamque tout en sortant des sentiers battus, sans être extravagante.
Le résultat de l'équation est la "Le Mans", dont le nom a pour but d'évoquer les victoires obtenues à la célèbre course d'endurance. Elle est surtout le travail de Bonnet dans la mesure où Deutch poursuit une carrière en parallèle dans l'administration. C'est un cabriolet 2 places à la mine réjouie, au style très épuré, qui utilise la plateforme de la Panhard PL17 ainsi que son moteur Tigre de 50 ch SAE (42 ch DIN) et qui grimpe à 150 km/h en pointe. Dès l'année suivante, une version 75 ch SAE est également disponible (170 km/h). Un hard-top est également proposé.
Plus chère que la concurrence, le cabriolet "Le Mans" ne s'est vendu qu'à 200 exemplaires. René Bonnet et Charles Deutch ne parvenant plus à se retrouver sur leurs projets se séparent en 1962. Charles Deutch qui pense déjà à la remplaçante de l'HBR5 veut se lancer dans la conception d'un nouveau coupé aérodynamique à traction avant, tandis que René Bonnet entrevoit le futur dans la forme d'un coupé à moteur central arrière. Deutch apportera à Panhard le coupé CD, tandis que René Bonnet continuera l'aventure seul pendant un moment. Il mettra en production un autre cabriolet, la "Missile", dérivé du cabriolet avec une plate-forme de Renault 4 et un moteur de Dauphine. Mais depuis 1962, il se lance aussi dans la conception de la Djet, un coupé à moteur Cléon en position centrale arrière. Suite à une commercialisation difficile, son entreprise est rachetée par Matra, et la René Bonnet Djet devient Matra-Bonnet Djet, l'ancêtre de la Matra 530.