Alfa Romeo Spider (1990-1993)
(Auto-Moto-Retro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2010)
Il y a des lignes intemporelles et la face avant du Spider Alfa Romeo fait indubitablement partie de celles-ci. Née sous le crayon de Battista Pinifarina, le Spider Duetto de 1966 a fait carrière ! Après l'évolution "Coda Tronca" de 1970 puis "Aerodinamica" de 1983, la quatrième version du Spider a soigneusement conservé cette ligne de capot, cet équilibre donné par deux phares judicieusement placés, par un arrondi d'un équilibre parfait. De profil, la voiture conserve ses proportions originales et l'angle de son pare-brise, mais bien des choses ont changé, en nuances.
La partie qui avait le plus décrié par la version "aerodinamica", c'était cet appendice caoutchouteux apposé au sommet de la porte du coffre. Si ses vertus aérodynamiques n'étaient pas contestées (l'effet Kamm est censé donner de la stabilité), l'effet oculaire était plus décrié. Avec la nouvelle - et dernière - version, les dessinateurs de Pininfarina ont réussi à rajeunir la ligne tout en la modernisant, en supprimant le superflu et sans renier le passé. Toutefois, les feux inspirés de la 164, ternissent un peu cette idée, d'autant que le pare-choc boursouffle un peu la "lèvre". Les bas de caisse sont plus fins. Le spoiler est abandonné, tout comme le bequet arrière. A l'avant, le "blason" Alfa est intégré au bouclier, lui-même bien plus enveloppant, et pour mieux l'intégrer au dessin de la proue, la plaque d'immatriculation est décalée sur la gauche. Une idée originale qui sera reprise par la 156 avec bonheur. Avec cette ligne épurée, le Spider retrouve ses airs de squale qu'il avait un peu perdus.
Pour la partie mécanique, pas question de changer une solution qui fonctionne très bien. Le quatre cylindres à double arbres à cames en tête, conçu en alliage léger pour la Giuletta de 1954 (voir ici la Giuletta TI) donne encore entièrement satisfaction. Les techniques l'ont amélioré au fil des ans et pour cette version, il reçoit un arbre à cames spécifique avec variateur de phase pour l'admission, ce qui permet d'améliorer la disponibilité à bas régime. Avec un taux de compression augmenté et une injection électronique, sa puissance est de 126 ch. Mais surtout son couple de 17,6 mkg à 4200 tr/min en fait un moteur plein de brio, même si ces valeurs sont très légèrement en recul par rapport à la version précédente. Les courbes de puissance et de couple sont plus plates, ce qui démontre une plus grande disponibilité du moteur. Passés 3000 tr/min, le moteur s'exprime avec toute la fougue que sa sonorité laisse augurer. La vitesse maximale se situe à 190 km/h, largement suffisante pour la philosophie de ce cabriolet.
Car il ne faut pas oublier que ce cabriolet est né en 1966 et que sous la robe peu de changement ont été accomplis. Le levier de vitesse situé haut, à droite du volant, permet de passer les rapports aisément, et la course courte de l'embrayage inciterait à taquiner les chronos. Le son envoutant du 4 cylindres double arbre inciterait à jouer des pédales. Mais la lenteur de la boite, la faible rigidité de la caisse, l'essieu arrière rigide et ses suspensions fermes limitent la précision de la conduite. Les dérobades sont fréquentes à allure soutenue et le train arrière tend à sautiller, au détriment de la motricité, et ce malgré un différentiel à glissement limité. De fait, les 126 ch semblent amplement suffisants pour le châssis de la voiture. Elle est plus à l'aise dans le trafic des belles routes nationales, sur les routes de bord de mer ou pour de belles balades cheveux au vent.
Dernière voiture à propulsion chez Alfa (jusqu'à la 8C), est une des "incarnations" de la voiture de charme. Plus de quarante ans après la sortie de la première version, sa silhouette semble toujours actuelle et séduisante. C'est une voiture sur laquelle on se retourne, sur laquelle les hommes et les femmes se rejoignent pour en prendre le volant. 123 000 voitures ont été produites depuis 1966, mais pour cette dernière version, seulement 18000 sont tombées des chaînes. Bien que assez facile à trouver en collection, il jouit d'une côte plutôt élevée, entre 6000 et 12000 € selon l'état. Un prix à relativiser avec la nécessité d'un entretien scrupuleux, mais onéreux, pour conserver une mécanique qui s'avère presque inusable.
En 1993, le dernier Spider sort des ateliers et ce n'est qu'en 1995, qu'un nouveau cabriolet Alfa, traction cette fois, va reprendre avec panache le rôle du cabriolet de charme. Baptisé GTV, il ne faut pas le confondre avec l'Alfetta GTV ou la 2000 GTV.
Fiche technique :
Moteur : 4 cylindres en ligne, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 10 CV
Cylindrée : 1962 cm3
Alésage x course : 84 x 88,5 mm
Taux de compression : 10:1
Puissance maximale : 126 ch à 5800 tr/min
Couple maximal : 17,6 mkg à 4200 tr/min
Distribution : double arbre à cames en tête
Nombre de soupapes : 8
Alimentation : injection électronique
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses manuelle à 5 rapports
Direction à recirculation de billes, assistée
Suspension av : roues indépendantes, double triangles superposés de longueurs inégales, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu rigide, barres antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 427 cm
Largeur : 163 cm
Hauteur : 129 cm
Empattement : 225 cm
Pneus av : 195/65 R 15
Pneus ar : 195/65 R 15
Freins av : disques ventilés
Freins ar : disques
Vitesse maximale : 190 km/h
0 à 100 km/h : 9,8 s
400 m.D.A. : 18,5 s
1000 m.D.A. : 30,9 s
Consommation moyenne : 9,5 l/100km
Volume du coffre : 292 litres
Poids : 1100 kg