Jeep Cherokee XJ by Renault (1985-1992)
(Auzebosc, Seine-Maritime, juin 2015)
L'histoire du Cherokee est assez tourmentée. Elle débute en 1963 avec le Jeep Wagoneer, un 4X4 à l'américaine, long, large, gourmand avec ses moteurs 6-cylindres ou V8. C'est une voiture conçue par Willys, le fabriquant de la Jeep de la guerre, et qui est devenue ensuite "Kayser Jeep Corporation" avant d'entrer après de longues tractations dans le giron d'AMC en 1970. Le Wagoneer est un gros 4X4 à 5 portes, le seul sans doute à l'époque à ne pas être un 4X4 utilitaire, bien avant le Range Rover. Mais sa production reste essentiellement sur le sol américain.
Après le rachat par AMC, une nouvelle version à trois portes est conçue et prend le nom de "Cherokee" en 1974. De mêmes dimensions, il se distingue surtout par sa calandre à grille verticale, et un hayon arrière dont la vitre peut descendre électriquement. Il faut attendre alors 1977 pour qu'une version à 4 portes prenne place dans la gamme, faisant doublon avec le Wagoneer. Avec des moteurs identiques à ceux du Wagoneer, il ne s'adresse qu'au marché américain ou à de rares amateurs européens qui ne sont effrayés ni par son prix d'achat, ni par les barrières d'importation, ni par la consommation importante de l'engin. Autant dire que les ventes en France sont confidentielles, le gabarit de l'auto ne correspondant pas aux normes et à la conception européenne d'une voiture.
Parallèlement, AMC a des accords avec Renault depuis les années 60, accords qui ont conduit Renault à commercialiser, sans grand succès d'ailleurs, la Renault Rambler. Dans les années 70, Renault rachète la moitié du capital de son partenaire. A travers le réseau AMC, Renault distribue alors aux Etat-Unis la Renault 5 Le Car, la Renault Alliance, dérivée de la Renault 9, et la Renault Encore (ou Alliance Hatchback) dérivée de la Renault 11. Mais les ventes d'AMC dégringolent, et les échecs de la Pacer et de la Gremlin propulsent la firme vers la faillite. Renault prend les choses en main et lance un projet d'une nouvelle voiture, plus adaptée aux marchés européens. Le projet XJ qui aura coûté 250 millions de dollars aboutit en 1984 à la nouvelle génération de Cherokee (3 portes) et Wagoneer (5 portes), plus court de 50 cm, moins large de 15 cm, moins haut de 10 cm et plus léger de 500 kg ! Outre leur nombre de portes, les deux voitures se distinguent par leurs phares. Ces voitures sont des monocoques et n'ont plus un châssis sur lequel est boulonnée la mécanique et la carrosserie.
A l'origine les moteurs sont des 4 ou 6 cylindres à essence, avec une boite quatre rapports manuelle pour le 4-cylindres, ou une boite 5 rapports en option pour le V6. Le V6 peut aussi recevoir une boite automatique trois rapports. Au choix, deux types de transmission sont disponibles : soit à train avant enclenchable, soit traction intégrale permanente. Cependant, la voiture n'est toujours pas importée en Europe dans cette configuration.
Ce n'est qu'en janvier 1985 que le Cherokee est enfin importé par Renault en France avec le moteur turbo Diesel maison qui l'on retrouve sur la Renault 20 TD ou même la Renault 18 TD. Avec une boite cinq rapports, les performances ne sont pas formidables, mais la voiture semble y trouver son compte en dépit d'un bruit important à bord. Le moteur 2,5 litres essence est également disponible, mais sera très peu vendu en Europe. La version à cinq portes devent disponible en juillet 1985 mais garde le nom "Cherokee".
En 1987, Chrysler rachète AMC à Renault qui reste toutefois importateur exclusif de la voiture pour la France, l'Espagne, l'Italie. Le V6 de 2,8 litres d'oigine AMC est remplacé par un bouillant 4 litres à 6 cylindres qui fait merveille. Avec 175 chevaux, il donne de franches accélérations à la voiture, et franchit les 100 km/h en un peu plus de 9 secondes ! En 1988, le moteur Diesel Renault est supprimé du catalogue américain tant ses performances semblaient indignes. En France, le Cherokee Limited est vendu exclusivement en 4 portes et moteur 6 cylindres. Il faut attendre 1990 pour que le Cherokee Limited soit à nouveau disponible en version Diesel, mais avec train avant enclenchable exclusivement.
Fin 1992, le contrat de distribution du Cherokee prend fin. Chrysler ne renouvelle pas le contrat et le confie à Sonauto, qui avait mis en vedette le Mitsubishi Pajero. Les motorisations sont alors modifiées et le moteur Turbo Diesel Renault de 2,1 litres est troqué contre un 2,5 litres VM en 1994. L'aventure continue ainsi jusqu'en 1997. Le Cherokee est alors restylé et commercilisé jusqu'en 2001, année lors de laquelle, le nouveau Grand Cherokee viendra reprendre le flambeau.
Fiche technique :
Type du moteur : 4 cylindres en ligne d'origine Renault, Diesel
Emplacement : longitudinal avant
Puissance fiscale : 8 CV
Cylindrée : 2068 cm3
Alésage X course : 86 x 89 mm
Puissance maximale : 88 ch à 4000 tr/min
Couple maximal : 18,4 mkg à 2250 tr/min
Taux de compression : 21,5 : 1
Distribution : arbre à cames en tête
Nombre de soupapes : 8
Alimentation : injection indirecte, pompe
Suralimentation : turbocompresseur Garrett + intercooler
Type de transmission : propulsion, 4x4 enclenchable
Boite de vitesses manuelle à 5 rapports
Direction à circulation de billes, assistée
Suspension av : essieu rigide, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu rigide, ressort à lames
Longueur : 452 cm
Largeur : 179 cm
Hauteur : 163 cm
Pneus av : 215/75 R 15
Pneus ar : 215/75 R 15
Freins av : disques ventilés
Freins ar : tambours
Vitesse maximale : 154 km/h
0 à 100 km/h : 16,5 s
400 m.D.A. : 20,1 s
1000 m.D.A. : 37,4 s
Capacité du réservoir : 76 litres
Consommation moyenne sur route : 7,9 l/100km
Consommation moyenne sur autoroute : 9,1 l/100km
Consommation moyenne en cycle urbain : 9,8 l/100km
Volume du coffre : 1010 litres
Poids : 1425 kg