Ford Escort RS Turbo (1984-1986)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2017)
Ford Escort RS Turbo
Au milieu des années 1980, la guerre des compactes sportives bat son plein. La Volkswagen Golf GTI et la Peugeot 205 GTI règnent sur le segment, mêlant agilité, performance et polyvalence avec un naturel déconcertant. Ford, qui a longtemps cultivé une image sportive grâce à la Capri ou à la Cortina en rallye, ne peut rester à l’écart. L’Escort, alors modèle phare de la marque en Europe, sert de base pour tenter l’offensive.
Les premières tentatives, avec l’Escort XR3 puis l’XR3i, montrent la volonté de Ford de se positionner sur ce marché. Mais malgré un style soigné et une puissance culminant à 115 ch, ces versions restent en retrait face aux références du moment. Leur comportement routier manque un peu de rigueur, et la presse spécialisée souligne vite leur incapacité à tenir tête aux meilleures.
Pour corriger le tir, Ford décide de passer à la vitesse supérieure. En 1984, l’Escort RS Turbo est présentée : turbocompresseur, kit carrosserie complet, et l’ambition affichée de remettre l’Escort au niveau des cadors du segment. Sur le papier, la riposte est crédible. Reste à voir si la route confirmera la promesse.
Sous le capot, l’Escort RS Turbo reprend le quatre cylindres 1,6 litre des XR3i, mais dopé par un turbocompresseur Garrett. La puissance grimpe à 132 ch, ce qui la place d’emblée au-dessus de ses rivales directes, Peugeot 205 GTI 1.9 en tête. Extérieurement, elle affirme clairement ses ambitions : boucliers redessinés, bas de caisse, élargisseurs d’ailes, aileron arrière et jantes spécifiques lui donnent une allure musclée et agressive, en phase avec les codes esthétiques du milieu des années 80, quand le tuning en est à ses débuts.
L’habitacle reçoit également un traitement sportif : sièges Recaro, instrumentation complète, finitions spécifiques. L’ensemble confère à la RS Turbo une identité forte, assumant sans détour son rôle de vitrine technologique et de fer de lance de la gamme Escort.
Si la Ford Escort RS Turbo impressionne par sa fiche technique et son allure, la réalité de la route est moins flatteuse. Avec 132 ch transmis exclusivement aux roues avant, le train directeur se retrouve vite débordé. La motricité est perfectible, le sous-virage s’invite à la moindre accélération appuyée, et la direction, déjà peu précise sur les XR3i, souffre d'un sous-virage bien trop important pour une sportive.
Là où une 205 GTI séduit par sa vivacité et une Golf GTI par son équilibre rassurant, l’Escort RS Turbo peine à transformer sa puissance en efficacité. Elle aurait pu être celle qui remporterait le match des GTI ; elle l’a perdu avec brio, offrant aux journalistes spécialisés un exemple presque caricatural de ce que pouvait donner un châssis mal accordé à sa mécanique.
À sa sortie, l’Escort RS Turbo suscite un certain enthousiasme : son moteur turbo, son style affirmé et son équipement font forte impression sur le papier. Mais la presse spécialisée ne tarde pas à pointer ses limites dynamiques. Les critiques soulignent le manque de précision du train avant, le sous-virage marqué et une motricité insuffisante, qui empêchent de pleinement profiter de la puissance.
Malgré ses défauts mécaniques, le modèle connaît un certain succès : là où Ford ne prévoyait initialement que 5 000 exemplaires pour les besoins d'une homologation en Groupe A, ce sont finalement 8 604 voitures qui sont produites. La RS Turbo est même maintenue après le lifting de mars 1986, avec une nouvelle couleur au catalogue : le rouge, qui renforce son image dynamique et agressive.
Aujourd’hui, elle reste un modèle culte pour les collectionneurs et les passionnés, moins pour ses performances sur route que pour son caractère typiquement « eighties », son ambition affichée et sa production qui dépasse toutes les attentes initiales.
Finalement, et pour ne pas rester sur ce succès très mitigé, l'Escort reviendra dans une version sportive d'une autre dimension avec l'Escort Cosworth.
Fiche Technique :
🔹 Type du moteur : 4 cylindres en ligne transversal, essence
🔹 Bloc : fonte
🔹 Culasse : aluminium
🔹 Emplacement : transversal, avant
🔹 Puissance fiscale : 7 CV
🔹 Cylindrée : 1 597 cm³
🔹 Alésage x course : 79.96 x 79,52 mm
🔹 Taux de compression : 8,3 :1
🔹 Vilebrequin : 5 paliers
🔹 Puissance maximale : 132 ch DIN à 6 000 tr/min
🔹 Couple maximal : 180 Nm à 3 000 tr/min
🔹 Distribution : arbre à cames en tête entraîné par courroie
🔹 Nombre de soupapes : 8
🔹 Alimentation : injection mécanique Bosch K-Jetronic
🔹 Suralimentation : turbocompresseur Garrett T3, intercooler
🔹 Type de transmission : traction avant
🔹 Boîte de vitesses : manuelle 5 rapports
🔹 Direction : crémaillère, assistée
🔹 Diamètre de braquage : 10,1 m
🔹 Châssis : monocoque acier
🔹 Suspension avant : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis
🔹 Suspension arrière : bras tirés, ressorts hélicoïdaux, barre Panhard
🔹 Longueur : 4,061 m
🔹 Largeur : 1,656 m
🔹 Hauteur : 1,403 m
🔹 Empattement : 2,402 m
🔹 Voie avant : 1,413 m
🔹 Voie arrière : 1,436 m
🔹 Garde au sol : env. 140 mm
🔹 Pneus avant : 195/50 VR15
🔹 Pneus arrière : 195/50 VR15
🔹 Freins avant : disques ventilés (239 mm)
🔹 Freins arrière : tambours (203 mm)
🔹 Vitesse maximale : 200 km/h
🔹 0 à 100 km/h : 8,9 s
🔹 400 m D.A. : 16,2 s
🔹 1000 m D.A. : 29,9 s
🔹 Capacité du réservoir : 48 litres
🔹 Consommation extra-urbaine : 8 l/100 km
🔹 Consommation en cycle urbain : 11,3 l/100 km
🔹 Consommation en cycle mixte : 9,2 l/100 km
🔹 Volume du coffre : 320 litres
🔹 Cx : 0,39
🔹 Poids à vide : 980 kg