Saab 900 S NG (1993-1998)
(Louvetot, Seine-Maritime, juin 2017)
Depuis 1989, Saab est rentrée dans le giron de General Motors. A une époque où le géant automobile américain donne l'impression d'acheter des marques au petit bonheur la chance, la direction de Saab voit arriver de l'argent frais avec soulagement.
Depuis trop longtemps la marque suédoise ne vit que sur deux modèles : la 900 qui évolue doucement pour donner l'apparence d'une voiture toujours récente. En réalité, elle est une dérivé de la Saab 99 qui date de 1968 et sa sortie date de 1978. A côté, la 9000 - développée avec le groupe Fiat, clone des Fiat Croma, Lancia Thema ou de l'Alfa 164 - peine à convaincre en dépit de ses qualités. Les ventes de Saab ne sont pas mauvaises, et la marque a su se créer une image de voiture de qualité, une alternative aux sempiternelles marques bavaroises. Si les cadres et dirigeants préfèrent les Mercedes ou les BMW, les professions libérales, les artistes, les indépendants s'orientent plus volontiers vers une Saab. L'image décalée façon Spitfire (l'avion) de la 900, ses performances insoupçonnées et l'ergonomie intérieure propre à Saab sont une manière de rouler différent sans sacrifier au confort, à la fiabilité ou même à la vitesse.
Ainsi, alors que la 900 vieillit malgré tout, General Motors entend faire de Saab une marque premium, orientée vers le marché américain mais sans oublier l'Europe. La direction de GM donne alors pour consigne aux concepteurs de Saab de faire une nouvelle voiture en se basant sur la plate-forme de l'Opel Vectra.
A sa présentation en juillet 1993, la nouvelle 900, appelée 900 NG (pour "New Generation"), étonne et déçoit. Certes, les designers (Einar Hareide et Björn Envall) ont réussi à conserver parfaitement l'identité Saab. On retrouve le long fuselage, le capot long plongeant, le porte-à-faux démesuré à l'arrière, le pare-brise très vertical. La calandre a un air de famille indéniable, mais l'arrière est assez peu réussi, surtout au niveau de l'agencement des feux. Pour autant, la voiture un Cx intéressant de 0.30, tant ses formes sont douces et les aspérités éliminées.
Pour les puristes, c'est une énorme déception. Cette Saab est dénaturée par General Motors et n'est qu'un succédané basé sur une Opel Vectra. Or, il faut conserver à l'esprit le perfectionnisme propre à Saab où l'on a le souci du détail. Si, effectivement, c'est bien la Vectra qui a servi de base, les deux voitures, en définitive, ne partagent que 30 % de leurs pièces. Les ingénieurs suédois, dans leur manie à vouloir livrer une voiture qui correspond à leur idée de l'automobile, ont choisi d'améliorer tout ce qui pouvait l'être. Même le système de GPS sera refait car les ingénieurs suédois ont trouvé que celui disponible dans les organes de General Motors était mauvais. Aussi, une fois installé à bord, rien ne rappelle Opel.
A la première assise, une sensation étrange provient du siège. En réalité, il est légèrement orienté côté gauche, pour permettre un accès à l'assise plus aisé. De même, le volant est incliné avec le côté gauche pour la même raison. Mais la sellerie, très ergonomique offre un bon maintien. L'instrumentation est complète, et l'on découvre un "ordinateur" qui n'a que trois fonctions : consommation moyenne, autonomie restante et température extérieure. Toutefois, à chaque démarrage, l'ordinateur fait un check-up avant d'autoriser le démarrage. En réalité, il n'est pas besoin d'attendre l'affichage de "Check OK" avant de tourner la clef. La clef se trouve entre les deux sièges, juste à côté du levier de vitesses. Il faut enlever la marche arrière qui est obligatoirement enclenchée pour sortir la clef, et tourner. L'impression de se trouver dans un cockpit est alors totale. L'ordinateur demande d'appuyer sur la pédale de freins pour tester les feux arrière. L'ergonomie des commandes est parfaite, jusqu'au pédalier. Chez Saab, toute commande doit pouvoir être utilisée avec des gants et le nom des commandes doit pouvoir se comprendre dans le monde entier. Et puis l'on trouve le "Black Panel". Un bouton permet d'éteindre le tableau de bord sauf le compteur. Tout devient noir, y compris les commandes de chauffage de la console centrale. C'est censé pouvoir reposer le conducteur, mais ça relève plus du gadget. Derrière, le coffre est une véritable soute, avec plus de 600 litres !
Pour les moteurs, on retrouve bien les moteurs Saab. A commencer par le 2 litres 16 soupapes de 131 ch. C'est un moteur d'une grande souplesse malgré sa culasse multi-soupapes. Disponible en bas, il est assez volontaire en haut. La boite est curieusement étagée avec une troisième qui tire très long (140 km/h), une quatrième qui est très proche, et une vraie cinquième. On a l'impression que c'est la 4è qui fait office de surmultipliée de la 3è. Pour un dépassement sur route, un rétrogradage 5/3 est plus efficace et offre de meilleures relances. Au dessus, on retrouve le moteur 2.3 de 150 ch et le 2.0 turbo de 185 ch hérité de la 900 Turbo 16S qui donne de très belles sensations. Plus tard un V6 de 2,5 litres et 170 ch issu de la General Motors viendra honorer le record de vitesse établi en 1996 à Tallageda. Excepté ce dernier, ces moteurs sont tous issus de la version précédente et resteront ainsi même dans la suivante.
Évidemment, une Saab n'est pas une sportive. C'est une voiture rapide, qui soutient une cadence élevée à condition de la cravacher. L'accélérateur est calibré de façon à respecter les limitations et pour monter le rythme, il faut forcer un peu plus sur la pédale. La voiture est agile mais le train avant manque de précision, même si la motricité est très bonne. La direction est assistée, confortable pour les manœuvres, pas d'une précision exceptionnelle. Le confort est sans reproche malgré l'essieu rigide de Vectra à l'arrière.
La nouvelle 900 NG est disponible à l'origine en 3 ou 5 portes tandis que le cabriolet est encore fourbi par l'ancienne génération. Il faut attendre 1996 pour que le cabriolet soit proposé en version NG. Il y a trois niveaux de finition en coupé et berline (i, S, et SE) et deux en cabriolet (S et SE).
Conduire cette voiture a été un plaisir quotidien pendant 4 ans. Son entretien est d'un coût modeste et sa fiabilité exempte de reproche. Seule ombre au tableau : une consommation moyenne de 9,5 litres au cent kilomètres en conduite douce, qui peut très vite monter à 12 litres en conduite énergique.
Boudée par les puristes, mal comprise par le grand public, la 900 NG n'a pas connu le succès qu'elle aurait mérité. Elle n'a été produite qu'à 273 568 exemplaires de juillet 1993 à 1998, toutes versions confondues. Elle est remplacée par la 9-3 qui lui ressemble beaucoup mais qui comporte plus de mille pièces différentes.
Fiche technique :
Type du moteur : 4 cylindres en ligne, essence
Emplacement : transversal, avant
Puissance fiscale : 9 CV
Cylindrée : 1985 cm3
Alésage x course : 90 x 78 mm
Taux de compression : 10:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 131 ch à 6100 tr/min
Couple maximal : 18,1 mkg à 4300 tr/min
Distribution : double arbre à cames en tête (chaîne)
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : injection électronique Bosch
Type de transmission : traction
Boite de vitesses manuelle à 5 rapports
Direction à crémaillère, assistée (3 tours)
Diamètre de braquage :10,5 m
Suspension av : roues indépendantes type McPherson, triangle inférieur, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu rigide, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 463,8 cm
Largeur : 171,2 cm
Hauteur : 143,8 cm
Empattement : 260,1 cm
Voie av : 144,5 cm
Voie ar : 144,3 cm
Garde au sol : 11,4 cm
Pneus av : 195/60 VR15
Pneus ar : 195/60 VR15
Freins av : disques ventilés
Freins ar : disques
Vitesse maximale : 198 km/h
0 à 100 km/h : 10 s
400 m.D.A. : 17,2 s
1000 m.D.A. : 31,6 s
Capacité du réservoir : 68 litres
Consommation moyenne sur route : 9,4 l/100km
Consommation moyenne sur autoroute : 10,4 l/100km
Consommation moyenne en ville : 11,7 l/100km
Volume du coffre : 614 litres.
Cx : 0.30
Poids : 1355 kg