Renault 25 Limousine (1985-1986)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)
En commercialisant la Renault 25, la Régie veut revenir vers le haut de gamme après le succès très mitigé de la Renault 30. L'ambition est l'aller contrer Mercedes et BMW qui règnent en maîtres sur le segment des grandes routières.
Côté français, Peugeot propose la 604 HLZ, une 604 rallongée par Heuliez, et Citroën vend depuis des années la CX Prestige, une CX rallongée également fabriquée par Heuliez. Ces deux voitures ont connu des fortunes diverses, avec 124 exemplaires pour la 604 et un peu plus de 22 000 pour la CX. Et c'est encore Heuliez qui propose la variante Renault 25 rallongée à la Régie Renault, fort de son expérience sur les deux autres modèles. Le marché serait d'environ 9000 voitures. La Régie est séduite, car cela donnerait l'occasion de faire monter en gamme la Renault 25 et d'aller concurrencer PSA. Lors d'une visite du Président François Mitterrand à Cerisay en novembre 1983, un exemplaire de la Renault 25 Limousine lui est présenté et l'Elysée passera commande d'un exemplaire blindé. Le projet est donc lancé et Heuliez s'équipe en conséquence. On envisage de la baptiser Renault 35, mais cette idée ne sera pas retenue.
Le temps de créer les installations, le projet est peaufiné. La Renault 25 Limousine sera fabriquée directement par Heuliez à la différence de la 604 qui était découpée à Sochaux avant d'être envoyée à Cerisay pour être rallongée (d'où le toit vinyle pour masquer les soudures). La Renault 25 arrive coque nue et est assemblée intégralement par Heuliez qui a acheté à cet effet une chaîne de cataphorèse à Renault Sandouville. Sur la chaîne d'ailleurs est également assemblée la BX Break. On envisage la fabrication de 10 voitures par jour, soit environ 2500 par an. Ce n'est qu'au premier semestre de 1985 que les premières voitures sont commercialisées.
Rallongée de 23 centimètres, tout l'espace est dédié aux places arrière. Les portes arrière sont étirées, et le montant central renforcé est nettement plus épais. On y trouve le logo Heuliez. Le panneau de porte avant est très légèrement rallongé à l'extérieur pour recouvrir le montant central. Le toit est discrètement rehaussé pour préserver la garde au toit. Et c'est à l'intérieur que tout se passe. Si la base est celle de la Renault 25 V6 Injection, de nombreux détails viennent monter en gamme. En plus de la chaîne Hi-Fi avec commandes au volant, de la télécommande d'ouverture centralisée qui équipe la voiture de série, la Limousine bénéficie de nombreuses attentions en particulier à l'arrière. La sellerie arrière est totalement revue. La banquette est retirée au profit de deux sièges indépendants identiques aux sièges avant, et donc totalement réglables électriquement depuis des commandes placées dans la portière. Ils sont chauffants et séparés par un énorme accoudoir central qui doit pouvoir contenir un téléphone ou un mini-bar. Derrière les sièges, un aménagement permet de loger un attaché-case. La cloison entre l'habitacle et le coffre est alors rigide et il n'est plus possible de bénéficier de la banquette rabattable (mais est-ce utile dans ce segment ?). Toute la sellerie est en cuir de buffle, il y a des incrustations en noyer, la moquette est épaisse et il y a un repose-pieds. Chaque porte contient un grand cendrier avec allume-cigare. La climatisation est en option et le nombre d'option possible peut augmenter le prix de la valeur d'une Renault 5.
Extérieurement, la calandre est en principe celle de la Renault 25 V6 avec les chromes et le losange déporté sur la gauche, mais absente sur notre modèle.
Du côté des moteurs, Renault propose évidemment le V6 PRV (144 ch) et sa toute nouvelle version Turbo qui vient d'arriver (182 ch). Le Diesel Turbo de la Turbo-DX est évidemment proposé mais ses 85 chevaux sont peu convaincants. L'offre correspond à la proposition de Citroën qui permet de choisir entre le 4 cylindres 2.5 litres de 138 ch, sa version Turbo de 168 ch ou le Diesel Turbo de 120 ch dans la CX Limousine Turbo 2.
Avec un prix de 185 200 F (57 300 € en 2023), la 25 Limousine est chère. Encore plus chère en version Turbo : 228 200 F (70 600 €). A titre de comparaison, une Renault 25 TS vaut 85 300 F (26 400 €). Si bien qu'elle ne se vend pas, parce qu'à ce tarif, les allemandes sont plus convaincantes. Et des 9000 voitures envisagées, il n'en a été produit que 832 (ou 806). Georges Besse (qui en a une de fonction) fait cesser la production en 1986 pour limiter les pertes. Heuliez perd un client et n'a plus que la production de la BX Break alors que Renault lance la Renault 21 Nevada qui va venir en concurrence.
Il n'y a donc pas eu de Renault 25 Limousine en phase 2. Sauf un exemplaire qui a servi à un braquage, qui a été accidentée et mis à jour en phase 2 à sa reconstruction. De même, des véhicules officiels de l’État ont été mis à jour esthétiquement pour suivre la phase 2. Quelques exemplaires auraient été fabriqués par Labbé (qui avait fourni la version blindée à l'Elysée). Mais Renault n'a pas totalement abandonné l'idée d'une version luxueuse avec les finitions Bacarra, avec moteur injection ou turbo qui interviendront à partir de 1988 et 1990.
Pour en savoir plus : Losange Magazine