Mercedes 190 E 2.3-16 W201 (1984-1988)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)
La première berline compacte de Mercedes est apparue en novembre 1982 sous le nom Mercedes 190, quelque soit le moteur dedans, que ce soit le 4 cylindres de 2 litres avec carburateur ou injection ou encore Diesel, en 2.3 litres ou même le 5 cylindres 2.5 litres. A cette époque, la sportivité est l'argument à la mode et parallèlement aux GTI, le segment moyen connaît lui aussi ses versions vitaminées. Se battront alors pour le titre de berline la plus sportive les Renault 21 Turbo, Ford Sierra Cosworth, BMW M3 E30 ou même l'Audi 200 Turbo. Et puis en Allemagne se crée pour l'année 1984 un nouveau championnat pas encore appelé DTM qui sera une vitrine internationale pour les voitures de tourisme allemandes. Mercedes doit évidemment participer et concocter une version sportive de la berline phare pour les besoins du règlement.
Et lorsqu'elle est présentée en septembre 1983, elle crée l'émoi dans la clientèle Mercedes. Avec ses appendices, ses jupes, son béquet arrière, elle donne l'impression d'être tout droit sortie d'un atelier de tuning pour une clientèle habituée à la discrétion et l'élégance des carrosseries de Paul Bracq puis Bruno Sacco. Aujourd'hui ces excroissances font sourire tant elles semblent discrètes par rapport à ce qui se fera plus tard. Au résultat, la voiture affiche un Cx de 0.32 très convaincant.
En utilisant le 2.3 litres de la 230 E, Mercedes a privilégié un moteur dont la solidité n'est plus à démontrer. Le bloc en fonte devra pourtant être amélioré pour être compétitif. Avec la complicité de Cosworth, il sera créé une culasse multi-soupapes à flux croisé en aluminium, associé à une injection mécanique Bosch avec allumage électronique. Le rapport volumétrique a été augmenté à 10,5:1 et deux arbres à cames ont été implantés. Il en ressort 185 ch à 6200 tr/min, un chiffre remarquable pour un 4-cylindres des années 80. Mieux, les 24 mkg de couple donnent une souplesse et une largeur de plage d'utilisation qui rend la voiture agréable en mode ville comme en mode sport, même si les commentateurs lui reprochent un manque de punch à bas régime. En revanche, pour la boite de vitesse, Mercedes est aller chercher l'aide de Getrag pour installer une boite sportive. Elle est un peu dure à manier, mais la commande est précise et l'étagement judicieux. Reste à garder à l'esprit que c'est une grille inversée avec la première en bas à gauche. Pour les plus fougueux, un différentiel à glissement limité (32 %) est installé à l'arrière.
Si les trains roulants de la Mercedes 190 étaient déjà bien nés, ceux de la 2.3-16 marquent une évolution. Avec son train arrière multibras et ses jambes de force proche du système McPherson à l'avant, Mercedes fait un habile compromis entre sportivité et confort. L'abaissement de la caisse de 15 mm participe à l'amélioration de stabilité et pour les plus exigeants, une option offre un correcteur d'assiette hydropneumatique évitant cabrage, roulis et plongée. Le freinage est puissant aidé en série par un ABS pas si courant à l'époque. Les jantes de 15 pouces semblent aujourd'hui un peu petites autant que la largeur de 205 fait sourire (ou inquiète ?). Seule ombre au tableau, la direction à recirculation de billes manque un peu de précision au point milieu.
Vendue près de 250 000 F de l'époque (82 000 € en 2024), soit le prix de deux 205 GTI 1.9 et demi, il est facile de comprendre que la Mercedes 190 E 2.3-16 n'a pas été un succès commercial intense. Elle a connu son petit triomphe avec l'engouement autour d'elle à sa sortie qui s'est vite estompé. Une fois les plus fervents clients conquis, la clientèle s'est fait rare très vite, et le succès de ma BMW M3 a détourné les regards de la Mercedes. Néanmoins Mercedes en a écoulé 19 587 exemplaires. Elle est remplacée par la Mercedes 190 E 2.5-16 en juillet 1988, modèle qui en plus de muscler le jeu connaîtra deux évolutions ultérieures.
D'un point de vue sportif, la 190 E 2.3-16 n'aura pas connu non plus le succès. Il faudra attendre 1993 et l'ultime évolution de la 190 E 2.5-16 Evo 2 pour la voir triompher au DTM en 1992. Par la suite, Mercedes collaborera de façon plus étroite avec AMG et obtiendra de nombreux succès.
Fiche technique :
Type du moteur : 4 cylindres en ligne, essence
Bloc : fonte
Culasse : aluminium
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 12 CV
Cylindrée : 2299 cm3
Alésage x course : 95,5 x 80,25 mm
Taux de compression : 10,5:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 185 ch à 6200 tr/min
Couple maximal : 24 mkg à 4500 tr/min
Distribution : double arbre à cames en tête
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : injection mécanique Bosch KE-Jetronic
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses manuelle à 5 rapports
Direction à recirculation de billes, assistée (3 tours)
Diamètre de braquage : 10,6 m
Suspension av : roues indépendantes type McPherson, triangle inférieur, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : roues indépendantes, multibras, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 4,43 cm
Largeur : 170,6 cm
Hauteur : 136,1 cm
Empattement : 266,5 cm
Voie av : 144,5 cm
Voie ar : 142,9 cm
Pneus av : 205/55 VR 15
Pneus ar :205/55 VR 15
Freins av : disques ventilés (284 mm)
Freins ar : disques (258 mm)
Vitesse maximale : 232 km/h
0 à 100 km/h : 7,5 s
1000 m.D.A. : 28,8 s
Capacité du réservoir : 70 litres
Consommation moyenne à 90 km/h : 6,2 l/100km
Consommation moyenne à 120 km/h : 7,9 l/100km
Consommation moyenne en cycle urbain : 11,6 l/100km
Cx : 0,32
Poids : 1220 kg