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22 juin 2024

Renault Alpine A442B (1975-1978)

(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)

 

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Alpine n'a plus participé aux 24 heures du Mans depuis 1969 avec l'A220, évolution de la M65 et se concentre sur les rallyes avec l'A110 et sur la Formule 3.  Mais deux évènements vont ramener la marque dieppoise vers l'endurance.

En 1970, une catégorie 2 litres est créée ce qui ne manque pas d'attirer l'attention de Jean Rédélé et son équipe. Ensuite, c'est Matra qui lorgne sur les 24 heures du Mans avec l'aide de Simca. Et dans leur accord, Elf a été évincée au profit de Shell. Alors Elf se retourne vers Renault pour participer aux 24 heures. Renault est chargé de construire un moteur 2 litres qui sera financé par Elf.

Les études de l'équipe de Viry-Chatillon aboutissent à un V6 pour sa compacité et ouvert à 90° pour être plus bas. Avec la complicité des bureaux du Moteur Moderne et de Bernard Dudot qui travaille encore chez Alpine (il sera le patron du programme moteur de l'écurie de F1 Williams-Renault dans les années 90), ils extirpent 280 ch du moteur V6.

C'est ainsi qu'est présentée l'A440 d'Alpine en janvier 1973. C'est une barquette à châssis tubulaire de moins d'un mètre de haut et d'à peine 575 kg. Les débuts sont encourageants avec des places d'honneur dès la première participation et une victoire acquise rapidement, dès la deuxième course. La suite est plus compliquée avec des abandons. La voiture révèle ses défauts en particulier la fragilité de son moteur qui est encore en cours de développement mais surtout son manque de couple.  L'auto va donc évoluer vers l'A441.

Ses dimensions sont modifiées, l'architecture améliorée. Le moteur progresse et atteint 285 ch. Deux équipes utilisent la voiture : celle de Gérard Larrousse et l'équipe officielle Alpine. Les succès s'enchaînent et à la fin de la saison 1974, l'équipe Alpine décroche le titre. L'équipe décide de quitter le championnat d'Europe pour s'orienter vers le Championnat du Monde de Sport Prototypes.

Dans cette catégorie, le turbo est autorisé et c'est Bernard Dudot qui va s'occuper de l'installer sur le V6. C'est une technologie nouvelle qui ouvre de nouveaux horizons en matière de puissance mais avec l'inconvénient d'un turbo-lag d'environ deux secondes ! Le V6 de deux litres parvient à 490 ch ! Dès la première course Jean-Pierre Jabouille et Gérard Larrousse remportent la victoire avec l'A441T (pour turbo). La suite est en dent de scie et Alpine décide de faire évoluer sa voiture vers l'A442, conçue dès l'origine pour recevoir un turbo.

L'A442 est conçue avec un empattement encore étiré pour une meilleure stabilité à haute vitesse et un peu plus d'espace pour loger les radiateurs. Le saute vent est modifié et le réservoir peut recevoir 120 litres de carburant.  Mais surtout, la voiture n'est plus bleue mais arbore les couleurs de Renault, jaune et noir.

L'année 1975 est marquée par les abandons et les places d'honneur. Une deuxième voiture est engagée, pilotée par Patrick Depailler et Jody Scheckter tandis que Jean-Pierre Jarier remplace Jean-Pierre Jabouille parti pour la F1. En 1976, la voiture est très peu modifiée mais l'on voit surtout apparaître l'énorme entrée d'air au dessus du casque du pilote. Gérard Larrousse prend la tête de la nouvelle structure créée pour l'occasion : Renault Sport. La voiture s'appelle désormais Renault Alpine A442.

Les débuts sont difficiles car si la voiture est rapide, Depailler et Jabouille (revenu pour l'occasion) s'accrochent au Nürbürgring et la voiture de Depailler est détruite. Henri Pescarolo, Jean-Pierre Jarier, Jacques Laffite, Jody Scheckter enchaîneront abandons et places d'honneur. Au Mans, deux configurations sont amenées : l'une avec une longue queue pour favoriser la vitesse et la stabilité à haute vitesse et une carrosserie ordinaire. Jabouille va signer la pole avec plus de 7 secondes d'avance sur la Porsche 936 en deuxième position ! En course, l'Alpine tiendra quelques tours en tête, quelques heures sur le podium avant d'abandonner à la 11è heure sur casse moteur. Porsche devient la première écurie à remporter Le Mans avec un turbo.

Pour 1977, l'objectif, c'est Le Mans. L'équipe utilise des portions d'autoroute, des pistes d'aviation et le circuit Paul Ricard pour améliorer la vitesse de pointe de la voiture. Les freins in-board à l'arrière sont délaissés pour pouvoir changer les plaquettes plus rapidement, la longue queue est adoptée et l'empattement encore augmenté. La boite de vitesse de la voiture a été renforcée et le turbo s'améliore. Le temps de réponse diminue et sa plage d'utilisation s'élargit. Trois voitures sont engagées au Mans aux mains de Jean-Pierre Jaussaud et Patrick Tambay, Patrick Depailler et Jacques Laffite, Jean-Pierre Jabouille et Derek Bell. Il y a même une quatrième voiture portée par Hugues de Chaunac et son team Oreca.

La voiture est indéniablement la plus rapide et obtient la pole grâce à Jabouille. Les Porsche abandonnent les unes après les autres si bien que les Renault Alpine sont en tête. Mais les voitures n°7 et 9 vont abandonner en raison de fragilité des pistons. Une Porsche reprend la tête et la 8 commence à connaître des soucis d'allumage, puis de boite de vitesse. Elle se maintient derrière la Porsche. Depailler parvient à remonter un peu jusqu'à ce que le piston cède à deux heures de l'arrivée. Les 50 secondes de pleine charge à chaque tour ont eu raison des V6 Alpine. Renault va devoir louer un circuit dans l'Ohio pour pouvoir faire des tests. On va installer un banc moteur à Viry, on continue les tests au Castellet. Au bout du compte, la voiture n'est plus réengagée en course pour 1977 et on va revoir les pistons, les entrées d'air, la distribution et le turbo. La voiture va gagner en fiabilité. Même le pignon de 5è si fragile est fiabilisé.

Pour 1978, l'objectif est encore la victoire aux 24 heures du Mans. Discrètement, l'équipe a développé une bulle aérodynamique qui augmente nettement la vitesse de pointe : c'est la A443. Elle gagne également un moteur 2,1 litres.

Trois voitures sont présentées au Mans : une A442 aux mains de Jean-Pierre Jarier et Derek Bell, une A442B avec bulle pour Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi, et une A443 confiée à Jean-Pierre Jabouille et Patrick Depailler. Aucune des trois voitures n'a la même configuration pour ne pas concentrer les faiblesses. Il y a même une quatrième voiture de l'écurie Calberson pilotée par Jean Ragnotti et Guy Fréquelin.

L'A442B (notre modèle) est un mélange entre l'A442 et l'A443. Elle reçoit la bulle de l'A443, son capot avant, des portes modifiées qui permettent l'installation d'une bulle aérodynamique. Les bas de caisse ont été modifiés pour canaliser l'air sous la voiture et créer un effet de sol. Les entrées d'air supplémentaires sur l'avant et au pied des supports d'aileron arrière ont été rajoutés. Si la voiture gagne entre 5 et 8 km/h dans la ligne droite des Hunaudières, c'est au prix d'une chaleur écrasante dans le cockpit. Seuls Pironi et Jaussaud accepteront d'utiliser cette configuration. A la hâte, des ouvertures supplémentaires ont été créées dans les portières et sur la droite un tuyau vient apporter de l'air frais en direction du pilote.

Dès la première heure, les Renault Alpine occupent 4 des 5 premières places. Seul Ickx occupe la 3è place avec sa Porsche. Petit à petit, alors que la voiture n'est pas préparée pour gagner, Jabouille et Depailler vont remonter à la première place qu'ils occupent au milieu de la nuit. L'A442B de Pironi et Jaussaud qui menait en début de course est alors 3è derrière Ickx. La Porsche connaît quelques petits soucis mécaniques qui la retardent un peu quand l'A443 de Depailler est contrainte à l'abandon sur casse moteur. C'est alors l'A442B de Pironi et Jaussaud qui reprend la tête (notre modèle). Il reste quelques heures de course seulement et la voiture a quelques tours d'avance. Pironi est au volant et la boite donne des signes de faiblesse. Il accomplit alors un dernier double relai avant de remporter la victoire à 16 heures. Exténué en raison de la chaleur dans le cockpit, il faudra extraire Didier Pironi pour le réanimer avant le podium. Quant à Jabouille, il a rejoint l'équipe Ragnotti pour les aider à finir 4è de l'épreuve. Deux Porsche occupent les deux autres marches du podium.

Renault et Alpine concrétisent alors leur objectif et remportent une victoire de haut prestige avec la satisfaction de battre Porsche. Renault annonce alors la fin de l'aventure en endurance pour se tourner vers la Formule 1. Ce n'est pour autant pas la dernière victoire française aux 24 Heures du Mans, Jean Rondeau remportant encore un titre en 1980 avec Jean-Pierre Jaussaud. Peugeot viendra remporter le Mans en 1992 et 1993 avec la 905, puis en 2009 avec la 908 HDi. Et depuis 2013 Alpine tente à nouveau de remporter les 24 Heures du Mans.

 

 

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