AMC Eagle (1979-1988)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2016)
AMC est née en 1954 de la fusion entre Nash et Hudson. C'est alors la plus grosse fusion entre sociétés américaines estimée à près de 200 millions de dollars de l'époque. C'est alors le quatrième constructeur américain derrière la General Motors, Ford et Chrysler. Dans un premier temps, AMC conserve les deux marques et produit des véhicules ayant chacun leur version pour les deux marques.
AMC se distingue des autres marques par sa volonté de ne pas céder à la mode qui consiste à renouveler les modèles tous les deux ou trois ans comme le font les trois autres. Au contraire, AMC souhaite développer l'interchangeabilité de façon à diminuer les coûts. Aussi, les fans d'une marque reprochent aux modèles de perdre leur singularité et de trop se mâtiner de l'autre marque. AMC décline ainsi la Rambler qui devient une marque remplaçant les deux précédentes (Nash et Hudson). Rambler va devenir une gamme avec l'American, la Rebel, l'Ambassador ou la Six. AMC est alors une marque rentable qui réussit à éponger ses dettes en un temps record. Dès 1962, un accord avec Renault conduit à fabriquer les pièces de la Rambler aux USA et à les livrer par bateau pour l'assembler dans l'usine de Villevoorde.
Mais dans les années 60 un changement de direction est opéré, le président souhaitant tenter sa chance comme gouverneur du Michigan. Le nouveau président considère que la marque doit évoluer vers des modèles plus volumineux, plus onéreux, plus variés tout en profitant de son image de voitures fiables et économiques. AMC va s'engager vers la production de modèles plus variés, ce qui va la conduire à multiplier les pièces. En 1970, la marque Rambler est abandonnée pour être remplacée par AMC. Au passage, AMC rachète Kaiser Jeep, ex Willys-Overlord, qui produit la Jeep en version civile.
Dès lors, AMC se met à fabriquer des véhicules assez exotiques qui tranchent avec ceux des trois grands constructeurs. Plus légers, plus compacts, avec des motorisations moins gourmandes, les véhicules d'AMC se vendent plutôt bien. Avec la marque Jeep, AMC va aussi pouvoir commercialiser le Cherokee, lui même dérivé du Wagoneer conçu par Willys dans les années 60. Le best seller de la marque est la Hornet et la Gremlin est la première "sous-compacte" américaine. Vient ensuite la Pacer, censée révolutionner le marché mais qui s'est soldée par un échec.
Entre temps, les finances se sont usées et l'attrait de la clientèle pour les modèles AMC s'est émoussé. La gamme ne compte qu'une seule berline conventionnelle qui est la Concord, elle même dérivée de la Matador du début des années 70. Les voitures ont vieilli, leur mécanique n'a pas évolué et AMC perd du terrain.
Avec le rachat de Jeep en 1970, une culture de la transmission aux quatre roues débute. L'émergence du Wagoneer à l'extérieur des campagnes, le succès du Ford Bronco, du Chevrolet Blazer ou du Range Rover en Europe montre qu'il y a un marché naissant. On a déjà essayé de transformer une Hornet break en 4X4, mais des difficultés concernant la boite de transfert ont conduit à l'abandon du projet. Des essais autour du viscocoupleur amènent à équiper une Hornet. Le concept est validé et il sera question d'équiper un modèle classique d'une transmission intégrale avec un viscocoupleur.
C'est ainsi que naît l'Eagle qui aurait du s'appeler Pathfinder. C'est une Concord augmentée de quelques centimètres en longueur, hauteur et empattement. On lui a ajouté des élargisseurs d'ailes, des pare-chocs proéminents. La calandre est modifiée. Plusieurs carrosseries sont proposées : coupé, berline 2 ou 4 portes et familiale (notre modèle). Il y a deux moteurs : un quatre cylindres de 2,5 litres de 80 ch et un 6-cylindres de 4,2 litres et 110 ch. La conception est classique, c'est une monocoque posée sur des roues indépendantes à l'avant et un essieu rigide à l'arrière avec des ressorts à lames.
Si le break donne presque le change, l'Eagle déconcerte par ses airs haut perchés. Le coupé en particulier est étrange comme une greffe qui aurait mal pris. Pour autant la clientèle ne boude pas la voiture qui a des aptitudes hors du bitume et consomme moins qu'une Jeep. La combinaison entre les atouts de la traction intégrale et le confort et la tenue de route de la berline semble séduire la clientèle. Après la Renault Colorale Prairie, c'est le second Crossover de l'histoire de l'automobile.
Face à la demande, AMC annonce opportunément la fin de la Pacer qui ne se vendait de toute façon pas pour augmenter la production de l'Eagle. Dès la fin du premier millésime, plus de 46 000 voitures auront été produites, soit près d'un quart des voitures de la marque. Si bien qu'AMC va étendre le concept à d'autres véhicules. Ainsi apparaissent la Kammback et la SX/4.
Mais le succès est éphémère et dès 1981, les ventes s'essoufflent et AMC s'effondre. L'alliance avec Renault va conduire à la réduction de la gamme tandis que sont mis en place l'Alliance et que se prépare le Cherokee XJ. L'Eagle ne connaîtra plus que quelques évolutions mineures. Finalement AMC est devenue un poids pour Renault qui va vouloir mettre un terme à son aventure américaine en cédant AMC à Chrysler. Toutefois Chrysler ne sera vraiment intéressée que par la marque Jeep, si bien que AMC sera abandonnée dès 1988.