De Dion-Bouton Type AV Victoria (1907)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2012)
Depuis le vis-à-vis de 1899, la marque De Dion-Bouton s'est nettement développée. Si elle n'est plus le plus le premier constructeur automobile au monde, c'est toujours une compagnie d'avant-garde en matière de progrès automobile. Après le succès de la "La Populaire" (Type K1 et K2), les châssis et les moteurs se sont multipliés. Si bien que l'offre est pléthorique tant on peut combiner les différentes tailles de châssis aux différents moteurs et aux différentes carrosseries.
En témoigne cet élégant Type AV de 1907 qui démontre tout le talent de la marque. Cette carrosserie "Victoria" se caractérise par une voiture à quatre places dont la banquette arrière dispose d'une capote repliable. Elle est animée par un moteur bicylindre de 10 ch qui lui permet d'atteindre 50 km/h.
Cette voiture s'est surtout distinguée par une victoire sur le trajet Paris-Rouen devant 17 autres concurrents, mais sera officiellement classée troisième pour des raisons obscures tenant au réglement.
Une voiture similaire (Type AW) mais en carrosserie double phaeton participe la même année au premier "Paris-Pekin" qu'elle rallie en 81 jours, sans difficulté mécanique majeure.
Delahaye Type 32 Victoria (1907-1913)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2012)
Emile Delahaye est un ingénieur des "Arts et Métiers", diplômé en 1869 à Angers. Après avoir fait ses premières armes en Belgique, il revient dans sa Tourraine natale et y fonde une famille. En 1879, il rachète une entreprise de Tours, celle de Julien Bréthon, spécialisée dans la construction de matériel et de fours pour les céramistes. Mais très vite, il convertit l'entreprise vers la fabrication de pompes et de moteurs à vapeur. Lui qui a appris le fonctionnement du moteur à vapeur est convaincu que l'avenir se trouve dans l'exploitation des moteurs à gaz. Il développe la technique et dépose même de nombreux brevets. Durant plusieurs années, il conçoit des machines pour la marine et reçoit un prix pour le moteur à combustion interne. Pendant ce temps, l'idée fait lentement son chemin de construire une automobile. En 1894, il fait partie des pionniers, en participant à la première exposition automobile dans l'enceinte du Salon du Cycle à Paris. Mais son usine produit également des camions et des véhicules de pompiers.
Pour la promotion de sa marque, il participe lui-même à des courses en prenant le volant. Il se fait notament remarquer sur Paris-Marseille-Paris en 1896. S'il arrive 10è de la course au terme de presque 85 heures de trajet, une autre Delahaye arrive 7è. Ses voitures sont reconnues pour leur qualité de fabrication et leur fiabilité. Les clients fortunés affluent avec parmi eux la duchesse d'Uzès dont on dit qu'elle est la première femme à obtenir le permis de conduire et à être sanctionnée pour excès de vitesse. L'entreprise est prospère et atteint vite les limites de ses capacités de production. En 1897, Delahaye dont la santé décline s'en ouvre à Georges Morane, l'un de ses clients. Celui-ci, avec son beau-frère Léon Desmarais, cherche une nouvelle production pour leur usine de Paris. L'accord est scellé en 1898 et les automobiles Delahaye ont une nouvelle usine à Paris, rue du Banquier. Emile Delahaye se retire sur la Côte d'Azur où il meurt en 1905. L'entreprise est laissée aux mains de Morane et Desmarais, puis à leurs descendants. Mais l'âme de la marque est surtout developpée par Amédée Varlet et Jean François, les responsables des études qui se succédèrent comme concepteurs de tous les modèles et à l'infatigable Charles Weiffenbach dit "Monsieur Charles", le directeur des fabrications et responsable des programmes compétition. De 1927 à 1933, Delahaye est associée à Chenard & Walcker pour la construction d'une voiture de moyenne gamme.
Jusqu'en 1933, l'entreprise fabriquera des voitures, des camions, des véhicules de lutte contre les incendies, des pompes, des canots à moteur, etc. Après 1933, la famille Morane décide de développer la construction de voiture de prestige et d'entrer dans la bataille contre Rolls-Royce, Bentley, Daimler, Bugatti, Hispano-Suiza, Talbot ou encore Delage. D'ailleurs le rachat par Delage en 1935 contribuera largement à ce mouvement.
Parmi les grandes réussites, la Delahaye 135 de 1934 participera à la renommée de la marque, comme la 175 puis la 235. Mais les difficultés sont là et les années 50 font disparaître les constructeurs de voiture de luxe. Un accord est passé avec Hotchkiss en 1954 pour la création de la société Delahaye-Hotchkiss. Mais Hotchkiss arrête de fabriquer des voitures de tourisme en 1955, ce qui met également un terme aux voitures Delahaye. Elle sera surtout réputée pour ses véhicules de pompiers.
Le modèle présenté ici est un double phaéton (voiture avec des fauteuils à dossier haut) fabriqué en 1910, mais également un carrosserie Victoria (voiture à quatre places avec capote repliable à l'arrière). Ce modèle fabriqué de 1907 à 1913 était disponible en de nombreuses carrosseries (berline, coupé, coupé avec chauffeur, phaeton, double phaéton, limousine, cabriolet, break, fourgon, torpédo, véhicule incendie, etc...). Son moteur est un moteur 4 cylindres en deux blocs d'environ 1900 cm3. Il est de la marque à utiliser les soupapes en L, soit une latérale (généralement, l'échappement) et une en tête (l'admission). Avec une boite de vitesses à 3 rapports, il permet d'emmener la machine à 60 km/h. Il se classe dans la catégorie fiscale des 12 CV. Sa côte actuelle s'élève à 50 000 € environ.
En suivant ce lien : une Delahaye Type 64 de 1913.
Pour en savoir plus : le Club Delahaye