Rolls-Royce Silver Cloud III (1962-1965)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2015)
(Rétro-en-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2009)
Au cours de l'histoire de Rolls-Royce, la Silver Cloud III est sans doute la voiture qui a marqué le plus les esprits. Elle a profondément marqué le style de la marque, par sa ligne générale qui donnera le ton des Phantom et par la calandre à quatre phares qui initiera le style de la Silver Shadow.
La Silver Cloud I succède à la Silver Dawn en 1955. Elle en conserve une ligne étirée avec l'arrière incliné pour recevoir un coffre important, le long capot abritant un archaïque 6 cylindres en ligne à soupapes en L (admission en tête, échappement latéral), même s'il est amélioré par une culasse en alliage léger. Elle est également construite sur un châssis séparé qui peut être livré directement à des carrossiers choisis par la clientèle (James Young, Mulliner ou Park Ward par exemple). Toutefois l'immense majorité des voitures construites seront directement issues de l'usine Rolls-Royce de Crewe (Angleterre). Ce sera le dernier modèle ainsi conçu. Fin du fin, la caisse est montée sur silent-bloc afin de parfaire le silence légendaire de la Rolls, aidé par une boite automatique 4 rapports d'origine General Motors construite sous licence. En revanche, la suspension arrière est toujours constituée d'un essieu rigide suspendu par un ressort à lames.
En 1958, l'antique 6 cylindres est relégué aux oubliettes, remplacé par un V8 dans le double but d'améliorer les performances et de satisfaire une requête du marché américain, gourmand de cette motorisation. La puissance augmente nettement, tout en restant secrète, mais on constate que la vitesse de pointe augmente de 160 à 183 km/h en dépit d'un poids de plus de 2100 kg. Ce nouveau moteur de 6,2 litres de cylindrée est à course courte ce qui favorise la souplesse à bas régime. Il se montre très gourmand, la consommation moyenne se situant autour de 20 l/100 et flirtant avec les 30 l/100 sur autoroute ou conduite soutenue. L'équipement se dote de vitres électriques, d'une direction assistée alors que les freins restent à tambours.
En octobre 1962 est présentée la Silver Cloud III et sa calandre à quatre phares qui donne le ton pour les vingt années suivantes. Extérieurement, les autres différences avec la Silver Cloud II sont très discrètes et se résument à des dimensions très légèrement réduites. Le poids est à l'avenant avec 100 kg perdus sur la balance. Les principales modifications proviennent de l'intérieur avec un tableau de bord totalement rénové, et un habitacle arrière remis au goût du jour. La boite automatique d'origine General Motors n'est plus qu'à trois rapports. Le moteur est amélioré avec deux nouveaux carburateurs SU et un nouveau taux de compression qui permettent un gain de puissance annoncé de 7 % (sans qu'on sache combien exactement, mais estimé à 220 chevaux). Les performances sont en progrès mais restent en retrait de sa principale concurrente : la Mercedes 600. Bien que jouissant de tous les raffinements techniques possibles et surtout une suspension à quatre roues indépendantes et hydraulique à l'arrière (licence Citroën), la Mercedes ne parviendra jamais à être une vraie rivale.
A noter que le modèle vu à Caux-Retro a été rapatrié d'un musée de l'Oregon par un couple de passionnés qui arpentent toutes les réunions régionales pour y exposer leur trouvaille. Le modèle photographié lors d'Auto-Moto-Rétro en 2015 est quant à lui originaire de Floride, importé en Espagne. C'est l'un des 92 exemplaires fabriqués dôté d'un châssis long.
Avec ses trois versions, la Silver Cloud reste, de loin, le "best-seller" de la célèbre marque anglaise. Avec 7500 exemplaires produits, presque également répartis, la voiture s'échange aujourd'hui autour de 50 000 €. En 1965, elle est remplacée par la Silver Shadow.
Fiche technique :
Type du moteur : V8 à 90°, essence
Emplacement : longitudinal avant
Puissance fiscale : 36 CV
Cylindrée : 6230 cm3
Alésage x course : 104,1 x 91,4 mm
Taux de compression : 9,1:1
Puissance maximale : 220 ch à 4500 tr/min (estimation)
Couple maximal : non communiqué
Distribution : arbre à cames central, soupapes en tête
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : 2 carburateurs SU
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 3 rapports
Direction à vis et galet, assistée
Diamètre de braquage : 12,6 m
Suspension av : roues indépendantes
Suspension ar : essieu rigide, ressort à lames semi-elliptiques
Longueur : 537,2 cm
Largeur : 188 cm
Hauteur : 162,6 cm
Empattement : 312,4 cm
Voie av : 148,6 cm
Voie ar : 152,4 cm
Garde au sol : 17,8 cm
Pneus av : 8,20 x 15
Pneus ar : 8,20 x 15
Freins av : tambours, assistés
Freins ar : tambours, assistés
Vitesse maximale : 188 km/h
Capacité du réservor : 82 litres
Poids : 2108 kg
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2010)
Rolls-Royce Silver Cloud II (1959-1962)
(Expo-Rétro, Pavilly, Seine-Maritime, mai 2014)
La Rolls-Royce Silver Cloud remplace la Silver Dawn en 1955. Elle n'est pas à proprement parler nouvelle dans la mesure où il s'agit toujours d'un châssis séparé sur lequel la carrosserie est montée.séparément. C'est alors l'occasion pour les habituels carrossiers de laisser libre cours à leur talent. Mais, la Silver Cloud c'est aussi et sans doute la plus belle création du carrossier d'usine. La Silver Cloud arbore une ligne classique et massive, somptueuse et élégante, pleine de majesté et sans aucune lourdeur. Elle incarne la disctinction et la pureté du style Rolls-Royce, à tel point qu'on ressent que les suivantes ne feront que de tenter d'imiter la Silver Cloud III dont la face avant sera un modèle pour le futur de la marque. Elle est si bien réussie que la plupart des voitures seront vendues avec la carrosserie usine.
Elle reste fidèle à son standing. Longue de 5,38 m, elle arbore des dimensions princières pour permettre de s'installer confortablement à l'arrière. Mais pour les plus exigeants, une version à l'empattement rallongé de 10 cm (3,22 mètres) est disponible à l'automne 1957. Comme toujours, une telle Rols-Royce n'est pas pensée pour être conduite par le maître. Tout le confort est à l'arrière et toutes les attentions sont prévues. Le cuir pleine fleur est aussi fin que la moquette est épaisse. La ronce de noyer brille sous le laquage et le tableau de bord semble sorti d'un mobilier du XVIIIè siècle. A l'avant, le conducteur n'est pas mal loti non plus. Il dispose même de la direction assistée, en option.
Sous le capot de la Silver Cloud, on retrouve aussi le moteur 6 cylindres de la Silver Wraight, un antique 6-cylindre à soupapes en L. La cylindrée a été portée de 4.6 litres à 4,9 litres. Une nouvelle culasse en alliage léger a été installée par dessus et deux carburateurs SU remplacent l'unique de la version précédente. Le moteur ne propose alors qu'une puissance estimée à 155 ch. Avec une boite automatique à 4 rapports fournie sous licence par la General Motors, il permet de faire glisser la voiture sur la route. Malgré tout, la voiture abat le 0 à 100 km/h en 13,5 secondes et atteint 165 km/h en vitesse de pointe. Des chiffres loin d'être ridicules en plein milieu des années 50, surtout quand on songe que la voiture pèse tout de même deux tonnes.
La Silver Cloud épate surtout par son silence de fonctionnement et le confort à bord. Pourtant la lourde caisse est traidtionnellement suspendue par un essieu rigide et des ressorts à lames à l'arrière alors que les roues avant sont indépendantes. Le freinage reste son plus gros défaut, les tambours se révélant rapidement insuffisants quand l'allure s'élève.
Mais en 1959, une discrète mais durable révolution s'opère. Après 2238 exemplaires vendus (toutes versions confondues, y compris les châssis nus), la Silver Cloud II arrive, sans changement extérieur. On retrouve les galbes raffinés, les clignotants doucement enchassés dans un repli de l'aile, les deux yeux doux de la calandre haute. Non, la différence se situe sous le capot. Exit l'antique 6-cylindres en fonte datant des années 20, et place à un nouveau V8 mis au point avec la General Motors. Ce nouveau bloc en aluminium correspondra mieux aux attentes du marché américain, principal débouché du marché de Rolls-Royce. Ce moteur de 6.2 litres est moderne, posé sur 5 paliers et avec une course courte qui le rend plus disponible. Il dispose néanmoins de la réserve de couple propre au V8 (91 mm de course, tout de même !). Avec des soupapes en tête et des poussoirs hydrauliques, il offre 200 ch environ 4 500 tr/min. La vitesse de pointe grimpe à 180 km/h et le poids culmine à 2100 kg ! En cas de conduite soutenue, la consommation atteint 30 litres au cent kilomètres. Mais finalement, le V8 se révèle plus souple et moins bruyant que le 6-cylindres qu'il remplace. Autre nouveauté, la caisse est montée sur silent-blocs pour isoler les vibrations du châssis ce qui améliore encore le confort. La direction assistée est désormais de série et les vitres électriques sont en option.
Après 2417 exmplaires écoulés, toutes versions confondues, y compris en cabriolet, la Silver Cloud II est remplacée en septembre 1963 par la Silver Cloud III qui deviendra sans doute la Rolls la plus emblématique. Quand à la Silver Cloud I, elle devient la dernière Rolls équipée d'un moteur 6-cylindres.
Fiche technique :
Type du moteur : V8 ouvert à 90°, essence
Bloc :aluminium
Culasse : aluminium
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : NC
Cylindrée : 6223 cm3
Alésage x course : 104,1 x 91,4 mm
Taux de compression : 8:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : estimée à 200 ch à 4500 tr/min
Couple maximal : NC
Distribution : soupapes en tête, culbuteurs
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : 2 carburateurs SU
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 4 rapports
Direction à vis et galets, assistée (4,25 tours)
Diamètre de braquage :12,7 m
Suspension av : roues indépendantes, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu rigide, ressort à lames semi-elliptiques
Longueur : 537,8 cm
Largeur : 189,9 cm
Hauteur : 165,6 cm
Empattement : 312,4 cm
Voie av : 148,6 cm
Voie ar : 152,4 cm
Garde au sol : 17,8 cm
Pneus av : 8.20 x 15 (équivalent 235 x 15)
Pneus ar : 8.20 x 15 (équivalent 235 x 15)
Freins av : tambours (286 mm)
Freins ar : tambours (286 mm)
Vitesse maximale : 183 km/h
Capacité du réservoir : 82 litres
Poids : 2108 kg
Rolls-Royce Silver Shadow (1965-1977)
(Yvetot, Seine-Maritime, décembre 2012)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2008)
Paradoxalement, la Rolls-Royce Silver Shadow est la plus "populaire" des voitures de la marque. Jusque là, elle ne fabriquait que des limousines très luxueuses au prix prohibitif, telles que les Phantom ou Silver Cloud. Au départ, elle aurait dû s'appeler Silver Mist, Bouillard d'argent, selon la tradition des appelations, dans la lignée du "Nuage d'argent" de la Silver Cloud. Mais il s'avère que Mist en allemand signifie "fumier". C'est ainsi qu'elle devient Ombre d'argent, Silver Shadow.
En 1965, après 10 ans de mise au point, apparaît donc la Silver Shadow, une longue berline (517 cm) qui ne déroge pas aux critères de qualité de la marque légendaire. Le cuir et le bois sont omniprésents dans l'habitacle, la qualité de finition est toujours irréprochable, le soin accordé au passager est toujours aussi minutieux, que ce soit le mini-bar ou la climatisation, les veilleuses individuelles, les repose-pieds etc... tout ça pour moins de 100 000 F en 1965.
Pour y parvenir, la conception de la voiture diffère complètement de ce qui était l'usage. Le châssis est monocoque et auto-portant une première pour Rolls-Royce, tout comme le style ponton, tant décrié à l'époque. Elle est équipée de freins à disque, d'une direction assistée, de roues indépendantes, et à l'arrière, un système pneumatique d'origine (et sous brevet) Citroën avec correcteur d'assiette vient épauler au confort. Le moteur est celui de la Silver Cloud et ce V8 ce 6,2 litres offre environ 170 chevaux, sans qu'on puisse savoir combien exactement. Lorsqu'on demande aux employés de la marque la puissance de la voiture, ils répondent invariablement : "votre voiture est suffisamment puissante". Sa cylindrée est augmentée en 1969 pour passer à 6,75 litres, une valeur devenue un symbole chez Rolls-Royce au point où le V12 actuel a conservé cette valeur. Le nouveau moteur approche des 200 ch.
Ce moteur est un gouffre : 25 litres au cent kilomètres en conduite économique, et pas loin de 35 en ville. Il permet aux deux tonnes de la voiture d'atteindre près de 190 km/h dans un confort de velours. C'est tout juste si le moteur se fait entendre à cette allure, et les bruits d'air sont très peu présents. Secondé par une boite automatique à trois rapports, c'est l'onctuosité du couple qui offre en toute circonstance une conduite souple.
En 1977, suite à quelques liftings discrets, à l'adoption d'une direction à crémaillère et d'un meilleur contrôle de la carburation, elle devient Silver Shadow II avant de disparaître en 1980 du catalogue au profit de la Silver Spirit. 28 746 exemplaires auront été produits, sans compter sa siamoise de chez Bentley, la Bentley T, soit 3867 de plus.
Notons que certains exemplaires qu'il est difficile de distinguer portent le nom de Silver Wraight II qui est une version rallongée et encore plus luxueuse de la Silver Shadow. On note toutefois que la Silver Wraight II est généralement ornée d'une peinture deux tons. La Silver Wraight II sera alors remplacée par la Silver Spur.
Actuellement, la Silver Shadow n'a pas encore une côte très élevée mais qui ne semble plus vouloir baisser. On trouve assez facilement quelques exemplaires à céder au prix d'une berline française neuve, soit moins de 20 000 €.
Fiche technique :
Moteur : V8 à 90°, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 39 CV
Cylindrée : 6750 cm3
Alésage x course : 104,1 x 99,1 mm
Taux de compression : 8:1
Vilebrequin : 5 paliers
Puissance maximale : non communiqué (évalué à 200 chevaux)
Couple maximal : non communiqué
Distribution : arbre à cames central
Nombre de soupapes : 8
Alimentation : 2 carburateurs SU
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 3 rapports
Direction à recirculation de billes, assistée
Suspension av : roues indépendantes, triangles, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu semi-rigide, correcteur d'assiette hydraulique Citroën, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 517 cm
Largeur : 180,3 cm
Hauteur : 151,8 cm
Empattement : 305 cm
Voie av : 152,4 cm
Voie ar : 152,1 cm
Pneus av : 235/70 HR 15
Pneus ar : 235/70 HR 15
Freins av : disques (279 mm)
Freins ar : disques (279 mm)
Vitesse maximale : 190 km/h
Consommation moyenne : 25 l/100km
Capacité du réservoir : 109 litres
Poids : 2285 kg
Rolls-Royce Silver Spirit (1980-1989)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2012)
Les années 70 ont été dures pour Rolls-Royce et heureusement que la Silver Shadow et la Silver Shadow II ont permis de tenir bon sans quoi la célèbre firme anglaise aurait été engloutie avec sa filiale de moteurs d'avions à réaction en 1971. Conçue pour sortir de la voiture hyper-exclusive pour têtes couronnées ou simplement fortunée, les Silver Shadow I & II ont fait entrer Rolls-Royce dans le champ de la voiture de série haut de gamme, et a été l'occasion de battre tous les records de vente en 1978, devenant à elle seule la Rolls la plus produite de toute l'histoire de la marque, soit près de 30000 voitures (avec les Silver Wraight I & II). Seulement, depuis 1965, les voitures n'ont guère évolué et les Phantom VI ne se vendent plus qu'à quelques unités par décennie. En attendant, Mercedes et BMW n'ont pas perdu de temps et leur Série S (W116 puis W126) ou Série 7 ont peu à peu grignoté les parts de marché et la fameuse Mercedes 600 a mis à mal la suprématie de Rolls-Royce dans le savoir-faire. Au résultat, la marque qui symbolise le mieux le luxe et le raffinement en est à courir derrière la concurrence au début des années 80.
C'est avec un budget peau de chagrin que la descendante de la Silver Shadow II est mise sur la planche à dessin, avec tout juste 28 millions de livres sterling. Et si l'on en juge par le résultat, la nouvelle Rolls-Royce déçoit. Présentée au Salon de Paris 1980, les lignes rondes et subtiles de la Silver Shadow laissent place à un style très conventionnel, peu imaginatif, fruit du designer autrichien Fritz Feller. La Silver Spirit est très étirée, massive. Sa calandre ne dispose plus des quatre phares ronds cerclés dans un ovale élégant, mais une double optique intégrée à l'air de vouloir imiter la Classe S. Le mélange avec la grille du radiateur (factice) est un peu anachronique, mais rappelle le pedigree de la machine. L'arrière, long et large, avec de larges blocs de feux intégrés laisse sur sa faim. On songe alors à une berline américaine, du type Chevrolet Malibu Classic. Pour la première fois, la Silver Spirit est équipée d'un "Spirit of Extasy" rétractable afiin de dissuader les vols très en vogue à l'époque.
D'un point de vue mécanique, la Silver Spirit n'innove pas non plus. La base reste identique à celle de la devancière, y compris du côté du moteur. Le traditionnel V8 de 6 litres trois-quart (6750 cm3) reste inchangé, toujours aussi souple, coupleux, et gourmand. En ce début des années 80, il reste alimenté par deux carburateurs SU quand toute la concurrence est passée à l'injection électronique. Il délivre environ 200 ch à 3800 tr/min associé à une boite automatique General Motors à 3 rapports. Si la vitesse maximale dépasse 190 km/h, la critique reproche des vibrations indignes de la marque cette vitesse. D'autant qu'avec 2,2 tonnes sur la bascule, la Silver Spirit n'est pas une foudre de guère, mais abat quand même le 0 à 100 km/h en à peine plus de 10 secondes. Côté trains roulants, la suspension hydraulique sous licence Citroën a disparu et des amortisseurs à gaz associés à des bras tirés et un correcteur d'assiette Girling assurent un confort optimal
Mais on n'achète pas une Rolls pour ses performances. L'acquéreur y cherche le confort et le standing. Et de ce côté là, il est servi. Si l'on retrouve la planche de bord de la Silver Shadow presque à l'identique, on note l'appparition de trois affichages digitaux qui ont fait beaucoup couler d'encre, en particulier la disparition de la montre à aiguilles. Le volant en bachélite semble toujours aussi incongru et emprunté à un taxi londonien. Cependant, la ronce de noyer, le cuir Connoly et les moquettes épaisses sont toujours d'une qualité irréprochable. Les passagers jouissent du meilleur confort possible et tout le raffinement tient dans les détails, les assortiments de teinte et la symétrie des veines du bois. Même les boutons de l'époque ancienne sont toujours présents, témoins d'un style qui ne se veut pas démodé.
Si la Silver Spirit n'est pas la plus attachante des Rolls, elle n'en est pas pour autant une Rolls au rabais. L'habitué sera sans doute déçu par un style qui, en définitive, n'a pas tant pris de ride. Mais il sera rassuré par une permanence de la qualité et du confort qui ne se dément pas. Toutefois, à l'heure actuelle, la Silver Spirit ne franchit pas le cap de la collection et à l'heure actuelle, il est possible de trouver des exemplaires de bonne qualité pour moins de 15 000 €. Assurément, la possibilité de rouler en Rolls avec une budget limité, sans compter l'essence.
La Silver Spirit a été fabriquée à 8126 exemplaires jusqu'en 1989. Elle a une jumelle, Silver Spur qui est sa version rallongée, et la Bentley Mulsanne. Elle est remplacée par la Silver Spirit II (et la Silver Spur II).
Pour en savoir plus : rrsilverspirit.com
Fiche technique :
Moteur : V8 à 90°, essence
Emplacement : longitudinal; avant
Puissance fiscale : 54 CV
Cylindrée : 6750 cm3
Alésage x course : 104,1 x 99,1 mm
Taux de compression : 9:1
Vilibrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 198 chevaux à 3800 tr/min
Couple maximal : NC mkg à NC tr/min
Distribution : arbre à cames central, culbuteurs
Nombre de soupapes : 16
Alimentation : 2 carburateurs SU
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 3 rapports
Direction à crémaillère, assistée
Diamètre de braquage : 11,7 m
Suspension av : quadrilatères et ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : essieu semi-rigide, bras tirés, ressorts hélicoïdaux et amortissement à gaz
Longueur : 526,8 cm
Largeur : 188,7 cm
Hauteur : 148,5 cm
Empattement : 306,1 cm
Voie av : 153,7 cm
Voie ar : 153,7 cm
Freins av : disques ventilés
Freins ar : disques
Pneus av : 235/70 VR 15
Pneus ar : 235/70 VR 15
Vitesse maximale : 192 km/h
0 à 100 km/h : 10,2 s
Capacité du réservoir : 107 litres
ABS en série
Poids : 2245 kg
Rolls-Royce Silver Cloud II Drophead Coupé (1959-1962)
(Caux-Retro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2011)
L'avantage de la Rolls-Royce Silver Cloud (ici en Silver Cloud III) est d'être construite sur un châssis séparé de la carrosserie, ce qui autorise les carrossiers virtuoses anglais de laisser libre cours à leur talent. C'est le cas de Mulliner qui produit dès 1955 un cabriolet dérivé de la lourde limousine. Avec la Silver Cloud II, le V8 est installé sous le capot en remplacement de l'ancien moteur 6 cylindres en ligne. Le bloc de 6,2 litres délivre autour de 200 ch onctueux parfaitement adaptés non seulement à la conduite de ce salon roulant (et à ciel ouvert) mais encore au marché américain. La plupart des voitures qui y sont livrées sont équipées d'une boite automatique à quatre rapports fournie par la General Motors.
Ce cabriolet n'a été fabriqué qu'à 107 exemplaires.
Rolls-Royce Silver Shadow II (1977-1980)
(Auto-Moto-Retro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2010)
Pour passer de la Silver Shadow à la Silver Shadow II, il n'aura pas fallu grand chose. La principale nouveauté provient de la direction à crémaillère, d'une suspension avant améliorée qui a pour effet de diminuer le roulis, et une meilleure gestion de la carburation grâce à un contrôle électronique, sans toutefois verser dans l'injection.
Esthétiquement, les détails sont légers. D'une part l'ouie sous les phares disparaît, et les pare-chocs se parent d'un contour noir. Ils sont plus épais pour satisfaire aux nouvelles normes, et ils perdent leurs tampons. L'installation à l'avant de ce bouclier implique une baisse de la hauteur de la calandre et, discrètement, un petit spoiler s'est installé sous le pare-choc. Derrière, un double échappement est caractéristique du modèle.
A l'intérieur, une nouvelle climatisation automatisée vient simplifier la vie à bord, ainsi qu'un régulateur de vitesse. Le tableau de bord est revu entièrement et un nouveau volant à deux branches permet d'identifier facilement la voiture.
Aux 16700 Silver Shadow vendues jusqu'en 1976, la Silver Shadow II va ajouter 8425 voitures de plus en seulement trois ans. C'est alors le record des ventes de Rolls-Royce et la Silver Shadow devient le modèle de Rolls-Royce le plus répandu, encore à ce jour. Il faut encore ajouter 2776 voitures en version rallongée, et les 2145 Silver Wraight II qui sont à la fois rallongées et mieux équipées. Un peu moins de 500 coupés, plus 500 cabriolets produits avant 1971 et qu'elle ne s'appelle Corniche, la diffusion "importante" de la Silver Shadow lui a fait connaître un creux après la fin de sa carrière qui a rendu sa côte assez basse. Sur les 30 000 modèles, certains n'ont pas reçu le traitement qu'ils méritaient, le prix de l'entretien dépassant leur côte... Le revers de la médaille, c'est que - comble de l'horreur - certaines voitures actuelles ont été mal entretenues !! Par bonheur, la côte remonte et les frais de remise en état, également.
Elle a été remplacée à partir de 1980 par la Silver Spirit (voir ici en version rallongée Silver Spur), aux lignes plus froides et au charme moins marqué.
Rolls-Royce 20HP Tourer Barker 1928
Grâce à l'aide de BDR et de "Park-Ward", nous savons que cette voiture est une Rolls-Royce 20 HP construite entre 1922 et 1929. Plus précisement, ce modèle date de 1928 et sa carrosserie a été conçue par Barker (voir dans les commentaires).
La 20HP est à l'époque la série "ordinaire" pour celui qui ne veut pas pousser le luxe d'acheter une "Phantom" (qui ne s'appelle pas encore ainsi). Elle fait pour ainsi dire office d'entrée de gamme. Elle est équipée d'un moteur 6 cylindres en ligne de 3127 cm3. Cependant, ses performances restent en retrait en raison d'une carrosserie somme toute assez lourde et d'une puissance qui a été estimée autour de 55 chevaux seulement. Les performances sont alors modestes, atteignant péniblement 100 km/h.
Le moteur est alors modifié avec une augmentation de la cylindrée à 3,7 litres par augmentation de l'alésage. Un nouveau vilebrequin plus léger permet aussi une augmentation significative du régime moteur. La voiture change de dénomination et devient "20/25 HP". Elle est produite jusqu'en 1937, remplacée progressivement par la 25/30 HP.
Rolls-Royce 25/30 HP Hooper (1936)
(Caux-Retro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2008)
Pendant longtemps cet article a été rédigé avec la conviction que la voiture présentée ici était une Rolls-Royce Phantom III. Cependant, les commentaires éclairés de "Park-Ward" ci-dessous permettent d'identifier avec certitude la voiture : il s'agit d'une 25/30 HP de 1936 carrossée par Hooper. Notre lecteur nous confie également son numéro de châssis, GRM76. Merci à ce lecteur de nous éclairer sur ce modèle, et toutes nos excuses aux autres qui ont lu un article aux données erronées.
La série 25/30 HP est introduite en 1936 et remplace peu à peu la 20/25. La différence principale tient surtout dans l'accroissement de la cylindrée à 4300 cm3 ce qui induit une augmentation de la puissance évaluée à 115 chevaux puisque la célèbre maison anglaise ne communiquait pas la puissance exacte de ses voitures. La puissance permettait alors d'emmener la voiture à 120 km/h, une prouesse pour l'époque si l'on considère le poids de la voiture et le niveau de la concurrence. Cette performance est d'autant plus admirable que le confort reste à la hauteur de la réputation de la marque. Les voitures étaient alors livrées châssis nu, et il revenait à chaque acheteur de choisir un carrossier pour habiller sa voiture. Ainsi il n'existe pas deux voitures identiques à cette période, chaque client pouvant individualiser sa Rolls à loisir.
Rolls-Royce Silver Spur II (1989-1993)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2008)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2009)
La Rolls-Royce Silver Spirit vient remplacer l'antique Silver Shadow II en 1980, tandis que la Silver Spur prend la relève de la Silver Wraight II (version rallongée de la Silver Shadow II). De fait, elle en reprend la base du châssis et le traditionnel V8 de 6,75 litres. Elles adoptent une suspension arrière à bras tirés, avec ressorts hélicoïdaux et amortissement à gaz, délaissant le train hydraulique sous brevet Citroën. Le confort n'en est pas pour autant moins important, fidèle à la réputation de la marque.
La Silver Spur est la première Rolls-Royce à recevoir un "Spirit of Extasy" rétractable. Lorsque l'on cherche à la déloger de son emplacement, la statuette descend automatiquement dans la calandre et n'est plus accessible jusqu'à ce que le moteur redémarre. Le système a permis de juguler les vols de l'emblème qui devenaient un sport en Angleterre, et qui suscitaient des craintes chez les acheteurs de Rolls.
La Silver Spur II (notre modèle) et la Silver Spirit II remplacent leurs ainées en 1989 dès le salon de Francfort. Elles reçoivent l'injection électronique, un catalyseur des gaz d'échappement et l'ABS.
A l'intérieur, c'est le confort type Rolls, c'est à dire ne souffrant aucune critique. Cuir de la maison Connoly, loupe d'orme et ronce de noyer, tapis de laine vierge de mouton d'Ecosse. Tablette type aviation, large accoudoir central intégrant le mini-bar, sièges réglables individuellement, climatisation individuelle, c'est le confort à l'arrière. A l'avant, le conducteur bénéficie d'un moteur souple mais d'une puissance "suffisante" sans qu'on sache exactement combien, aidée par une boite automatique Turbo Hydramatic à 4 rapports fournie par General Motors après 1991.
En 1993, un troisième ère des deux voitures entre en scène. Elle sera immédiatement remplacée par la Flying Spur dès 1994, puis jusqu'en 1998 par les Silver Spur et la Silver Dawn.
La Silver Spur II a été produite de 1658 exemplaires de 1989 à 1993.
Pour en savoir plus : rrsilverspirit.com
Fiche technique :
Moteur : V8 à 90°, essence
Emplacement : longitudinal; avant
Puissance fiscale : 39 CV
Cylindrée : 6750 cm3
Alésage x course : 104,1 x 99,1 mm
Taux de compression : 9:1
Vilibrequin : 5 paliers
Puissance maximale : 226 chevaux à 4300 tr/min
Couple maximal : 44,9 mkg à 1450 tr/min
Distribution : arbre à cames central, culbuteurs
Nombre de soupapes : 8
Alimentation : injection électronique intégrale Bosch Motronic
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses automatique à 4 rapports (après 1991)
Direction à crémaillère, assistée
Diamètre de braquage : 13,4 m
Suspension av : quadrilatères et ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : bras tirés, ressorts hélicoïdaux et amortissement à gaz
Longueur : 537 cm
Largeur : 188,7 cm
Hauteur : 148,5 cm
Empattement : 316,2 cm
Voie av : 153,7 cm
Voie ar : 153,7 cm
Freins av : disques ventilés
Freins ar : disques
Pneus av : 235/70 VR 16
Pneus ar : 235/70 VR 16
Vitesse maximale : 202 km/h
0 à 100 km/h : 10,6 s
Capacité du réservoir : 107 litres
ABS en série
Poids : 2380 kg
Rolls-Royce Jules
Cette Rolls-Royce est un prototype unique à bien des égards. Vue sur le stand de Patrick Zaniroli, vainqueur du Paris-Dakar avant d'en devenir directeur de course, cette voiture est le fruit d'un pari pris pendant un bon repas entre Jean-Christophe Pelletier, Thierry de Montcorgé et Jean-Francois Dunac qui eurent l'idée saugrenue (en apparence) de faire participer une Rolls au Dakar.
La voiture a été réalisée en trois mois, mais de Rolls elle n'a que l'apparence. L'idée a pu être réalisée grâce au concours de Christian Dior qui sponsorisa largement l'opération. De fait la voiture connut un grand succès et se trouva vite médiatisée. Sous la carrosserie en fibre de verre qui épouse la forme du coupé Silver Shadow se cache une mécanique Toyota pour les trains roulants et les longerons, une boite Général Motors et un moteur V8 Chevrolet. A bord, il n'y a guère que les inserts de bois qui rappelent la Rolls. Un réservoir de 400 litres permet de rallier un check-point à l'autre tant le V8 Chevrolet est gourmand, autant que puissant (360 chevaux à 4200 tr/min). Suite à une sortie de route qui a rompu la direction, la voiture n'a pas pu être réparée dans le temps imparti. Elle a tout de même réussi à rallier Dakar mais non classée comme 40 autres voitures (sur 170 au départ). Elle a ensuite été rapatriée en l'état à Paris où elle est demeurée telle quelle.
Ce n'est que récemment qu'elle a été restaurée afin de participer au nouveau rallye proposé par Patrick Zaniroli qui, entre temps, a quitté la direction de course du Dakar : la Trans-Africaine Classic. Cette course se veut le pendant pour voitures anciennes du Dakar, en en reprenant l'esprit initial : 8000 kilomètres à travers l'Afrique sans limite de temps, avec les moyens du bord et sans difficulté insurmontable. La course est réservée aux voitures avant 1987, permettant ainsi d'exclure tous les prototypes construits par Peugeot et qui ont bouleversé l'esprit de la course. Le course a eu lieu en novembre 2006, sans la Rolls-Jules dont on est sans nouvelle depuis.