22 juin 2017

Lola T70 Mk III (1967-1970)

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(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2013)

Eric Broadley fait partie de ces passionnés de mécanique et qui ont, à leur manière, fait évoluer l'automobile. Architecte de formation, il n'exerce guère son métier. Il préfère, à ses heures perdues, fréquenter les circuits. Il participe à la 750 Motors Club, une formule anglaise destinée à promouvoir l'Austin Seven. Sur les bords de la piste, il fréquente un certain Colin Chapman et un certain Brian Hart. Ils fabriquent leurs voitures à partir de l'Austin Seven, mais apportent chacun leurs propres pièces pour améliorer les performances. Puis, changeant de catégorie, il en vient à construire sa première voiture, la Broadley Special en 1956. Elle remporte d'emblée un certain nombre de courses dans les championnats locaux ou nationaux anglais.

Sur l'élan, il décide de construire un nouveau châssis destiné à recevoir un moteur Coventry-Climax 1098 cm3 et une boite de vitesses BMC, afin de battre la Lotus XI. La voiture est nommée Lola Mk I en référence à la chanson des Damn Yankees "Whatever Lola wants". Rapidement, la Lola bat la Lotus avec "une régularité monotone". Broadley devient le premier pilote à descendre sous la barre de la minute pour accomplir le tracé Indy du circuit de Brands Hatch. Il vend environ une centaine de Lola Mk I et entreprend la construction de la Mk II destinée à la Formule Junior. Malgré son moteur avant alors que les voitures à moteur arrière dominent, la Mk II obtient néanmoins une victoire et il en vend 42. La Mk III est déjà en chantier, mais elle ne sera pas aussi performante que les Lotus ou les Cooper.

Broadley est néanmoins contacté Reg Parnell pour qu'il lui construise une Formule 1 qui devra participer à la saison 1962. Sur un châssis tubulaire, il installe une nouvelle suspension inédite et un moteur Coventry-Climax de 1500 cm3. La Lola, pilotée par John Surtees prouve sa rapidité et obtient plusieurs succès, mais toujours hors championnat du monde. Néanmoins, Surtees se classe 4è du championnat du monde derrière Graham Hill, Jim Clark et Bruce McLaren !

En 1963, Broadley impressionne avec sa Lola GT ou Mk 6. Surbaissée, profilée, avec une carrosserie en fibre de verre, propulsée par un V8 Ford de 4.2 litres en position centrale arrière, elle tient la dragée haute à la concurrence malgré une puissance modeste de 250 ch. Et même aux 24 heures du Mans où elle finit par abandonner sur une casse de la boite de vitesse et la sortie de route de l'autre voiture. Mais l'histoire est arrivée jusqu'aux oreilles de Ford qui, justement, cherche à engager une voiture aux 24 heures du Mans pour aller contester la suprématie de Ferrari. De son côté, Broadley n'a pas les finances nécessaires pour fabriquer les 100 voitures nécessaires à l'homologation. Le compromis est vite trouvé quand Ford souhaite finalement obtenir une voiture clef en main, conçue par Broadley.

Mais l'accord ne survit pas longtemps. Ford est une immense machine, pétrie d'un formalisme lourd qui ne convient pas à Broadley. Ses idées sont régulièrement rejetées et finalement, il décide de reprendre sa liberté à la fin de 1964. De son côté Ford, avec les apports de Broadley aboutira à la légendaire Ford GT40. Quant à Broadley, il décide de mettre en oeuvre tout ce que Ford lui a interdit et construit la Lola T70 en 1965 et animée par un V8 Chevrolet de 5,4 ou 6,2 litres, associés à des boites 4 ou 5 vitesses. A cette occasion la FIA crée le groupe 9 (qui deviendra groupe 7) et Surtees gagne la course à Brands Hatch en 1965.

Pour 1966, alors que 15 voitures ont été vendues, la Lola T70 mk II est mise sur circuit. Elle remporte 3 des 6 courses de la Can-Am et consacre John Surtees. D'autres courses sont encore remportées à travers le monde dans le domaine de l'endurance. 32 voitures supplémentaires sont vendues. Pour 1967, Lola met au point la Mk III, à carrosserie fermée. D'abord équipée d'un V8 Aston-Martin qui se révèle peu fiable, elle obtient un classique V8 Chevrolet de 5.7 litres qui délivre autour de 500 ch. Ne pouvant rivaliser avec McLaren cette année-là, Surtees n'obtient qu'une seule victoire à Las Vegas en Can-Am. La voiture est inscrite en catégorie Prototypes dans les courses européennes et remporte les 1000 km de Spa, le Tourist Trophy, obtient la 2è place aux 9 heures de Kyalami.

Pour 1968, la FIA change les règles, Les prototypes voient leur cylindrée limitée à trois litres, sauf s'ils ont été fabriqués à 50 exemplaires auquel cas la cylindrée est limitée à 5 litres. Le principal succès de la T70 Mk IIIB est alors un doublé aux 24 heures de Daytona avec un V8 Chevrolet de 5 litres. Mais en 1969, le nombre de voitures à construire pour homologation descend à 25, et arrivent alors la Porsche 917 et la Ferrari 512. A Lola T70 est alors dépassée, et Broadley prépare la T160 pour continuer l'aventure en Can-Am.

Parallèlement, Broadley a toujours conçu des châssis de type compétition-client, y compris en Formule 1. Après avoir concouru sur son propre nom en 1967 et 1968 avec très peu de réussite, on retrouve Lola Cars à la fin des années 80 avec l'équipe de Gérard Larrousse (Larrousse-Calmels puis Equipe Larrousse) et dans les années 90 avec la Scuderia Italia, sorte d'équipe B de Ferrari. Elle revient en 1997 avec un projet pour 1998. Mais le sponsor presse tellement l'équipe que les voitures sont engagées dès 1997. Elles sont étroitement dérivées de l'Indycar et n'ont absolument pas eu le temps d'être adaptées à la F1. Leur dissymétrie consterne le paddock et les essais préqualificatifs voient les deux pilotes à près de 10 secondes de la pôle-position. Le sponsor (Mastercard) qui a provoqué cet échec cuisant abandonne son partenariat et Lola se retrouve avec 6 millions de livres sterling de dette. Elle est placée en redressement judiciaire. Le nouveau dirigeant l'oriente alors l'écurie vers le Champ Car et obtient de nombreux succès grâce à Sébastien Bourdais. L'écurie fabrique aussi des châssis pour la Formule 3 et pour les catégories inférieures (LMP2) aux 24 heures du Mans. Après une tentative ratée de retour en F1 (refus de la FIA), et face à l'hégémonie des châssis Dallara, Lola Cars cesse toute activité en 2012 tandis que la branche Lola Composite poursuit sont oeuvre.

Quant à Eric Broadley, il vient de nous quitter, le 28 mai 2017, non sans avoir été anobli par la Reine d'Angleterre.

A noter que Frank Sbarro a également 13 exemplaires quasi à l'identique de la Lola T70 (voir ici).