Hotchkiss Biarritz (1932-1939)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2008)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2015)
A l'origine Hotchkiss est un fabricant d'armes américain qui a installé une usine en France, près de Rodez au milieu du XIXè siècle. L'insigne représente deux canons croisés et une grenade entourés par un ceinturon. Lorsqu'éclate la guerre de 1870 l'entreprise fructifie, et si bien qu'en 1875 une nouvelle usine est inaugurée à Saint-Denis. A sa mort, dix ans plus tard, Benjamin Berkeley Hotchkiss laisse derrière lui une entreprise prospère.
Ce n'est qu'à partir des années 1920 qu'Hotchkiss se mit à fabriquer des voitures. Jusque là, l'entreprise avait fabriqué des moteurs et des châssis à vocation sportive. "Le juste milieu", ce fut le segment où Hotchkiss voulait s'intégrer, entre les voitures populaires de Peugeot ou Citroën et les voitures de luxe telles que les Delage, Delahaye ou autre. L'AM 2 respecta ce cahier des charges et acquit les suffrages d'une clientèle petit bourgeois qui recherchait le confort, l'élégance et le discrétion. La firme fait fortune et près de 4000 voitures sont vendues chaque année. Hotchkiss s'inscrit comme un constructeur de standing.
Dans les années 30, les voitures sont de plus en plus élégantes et intègrent les éléments de carrosserie de manière de plus en plus aérodynamique. La calandre s'incline, les ailes avant enveloppent mieux les roues, la malle devient intégrée. Les voitures sont déclinées en berline ou limousine et en cabriolet, coupé.
Cet élégant cabriolet nommé Biarritz est considéré comme l'une des plus belles réalisations de la marque. Les variantes sont nombreuses car au cours de sa carrière, il a été dôté de différents moteurs et différents châssis. On retrouve le modèle Biarritz avec des châssis de 615 ou de 617. Le modèle blanc serait basé sur une 680 et le bleu sur celui de 686 (n° 19378).
La nationalisation de la branche armement d'Hotchkiss est mal vécue par la direction, et c'est sur l'automobile que la marque doit se reposer. La guerre fera souffrir l'entreprise qui est en partie rachetée par Peugeot. Les voitures et les techniques de production ne sont plus adaptées au marché, et les ventes ne s'améliorent pas. Peugeot finit par se désengager, et en 1955 Hotchkiss fusionne avec Delahaye. Mais pourtant l'abandon de la production des voitures de production est décidé. Il ne reste plus que la production de véhicules industriels et militaires, ainsi que la production de la Jeep sous licence Willys. Elle se poursuivra jusqu'en 1966 et la firme fermera ses portes en 1971.
Hotchkiss Anjou 13.50 (1951-1954)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2015)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2009)
(On The Road, Le Mont de l'If, Seine-Maritime, juin 2010)
L'Anjou 13.50 succède à l'Artois 864 S49 apparue en 1948 mais écoulée à seulement 2000 exemplaires. Elle présente une ligne modernisée, en galbes et rondeurs alors que l'Artois conservait les lignes issues de la Cabourg. Elle mise surtout sur un intérieur soigné, mêlant velours et bois.
Le moteur 2,3 litres est tout droit hérité du 4 cylindres des AM 80 et propose 72 chevaux au régime maximal de 4000 tr/min, la faute à une conception du moteur en fonte à longue course qui exclut les hauts régimes. Toutefois ce moteur est réputé pour sa fiabilité et sa souplesse. Parallèlement, la version 6 cylindres prend la dénomination Gascogne.
Le confort est grandement accru par l'utilisation du système de suspension "Grégoire", qui rend les routes presque lisses, tant il absorbe les irrégularités de l'asphalte. Ce système dit "à flexibilité variable," comporte trois ressorts par roues qui viennent compenser mutuellement leurs mouvements. Il a été également été utilisé sur certains modèles de 4CV et d'Ondine sous le nom "aérostable" et même dans certaines Citroën Traction mais il n'a pas été généralisé en raison d'un coût de fabrication élevé.
Les modèles de 1951 possèdent un levier de vitesses au plancher (modèle marron). La boite est à 4 rapports dont la première n'est pas synchronisée. Seuls un millier d'exemplaires seraient ainsi équipés. Par la suite, la commande sera au volant, et la voiture sera dotée d'une boite Cotal (modèle noir) soit avec une commande au volant, ou sous le tableau de bord..
Mais en 1950, Peugeot avait déjà pris le contrôle d'Hotchkiss, et la fusion avec Delahaye en 1953 conduit à l'arrêt de fabrication de voitures de tourisme. A l'exception de la légendaire "Hotchkiss-Grégoire", l'aventure automobile s'arrête là, Hotchkiss se limitant à la construction de véhicules utilitaires et de Jeep Willys sous licence.L'Anjou a été fabriquée à 3687 exemplaires.
Hotchkiss 686 GS Coupé Megève (1936-1939)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2013)
Depuis la crise de 1929, l'écrémage des constructeurs automobile a été cruel. L'automobile n'est plus un marché du luxe et de la performance mais devient celui de la voiture populaire Aussi Peugeot, Citroën et Renault trouvent-ils leur salut dans la grande série quand les constructeurs élitistes disparaîssent. D'autres doivent trouver d'autres marchés et Hispano-Suiza s'oriente vers les moteurs d'avions, Delahaye se concentre sur les véhicules utilitaires et Hotchkiss revient à son métier initial, l'armement.
Pour survivre, il faut aussi faire évoluer la gamme et depuis 1932, l'AM80 a évolué en 20 CV, elle même tranformée en 620, avant de devenir 686 en octobre 1935, 6 cylindres d'un alésage de 86 mm (la course est standart à 100 mm). Pendant ce temps, le style a évolué, adoptant des formes plus en phase avec son époque, même si, dans son souci de rester dans le "juste milieu", Hotchkiss évite de faire dans le clinquant ou le tape-à-l'oeil.
La 686 existe alors en de nombreuses versions grâce au savoir-faire de carrossier d'Hotchkiss. Il y a trois longueurs d'empattement qui permettent de multtiplier l'offre. Sur le châssis moyen d'un empattement de 309 cm, Hotchkiss propose la berline Cabourg de "base", le coach Côte d'Azur, la limousine Vichy, le Coupé Basque et deux cabriolets, le Biarritz quatre places et l'Hossegor deux places. Sur le châssis long (empattement de 330 cm), on trouve la limousine Chantilly sept places, souvent avec séparation chauffeur. Enfin, sur le châssis court, ou Grand Sport, ou GS, d'un empattement de 280 cm, on trouve le coach Modane et le coupé Megève.
Le coupé Megève est proposé à partir de 1936 mais est totalement occulté par le coach Modane, bien plus polyvalent. Aussi sa diffusion reste confidentielle et seulement une dizaine d'exemplaires sont vendus. A tel point que le véhicule n'est plus au catalogue en 1938. Cependant, quelques carrosseries restent en stock. Celles-ci sont assemblées en 1939, dôtées des acessoires propres au millésime en cours. L'exemplaire présenté en illustration fait partie de ce lot, ce qui donne une idée de sa rareté.
Hotchkiss va pouvoir traverser la guerre grâce son savoir-faire dans l'armement et revenir vers l'industrie automobile avec une gamme de véhicules un peu datés mais toujours aussi confortables, comme l'Anjou, mais aussi l'Artois, Touraine, Champagne, etc. Essoufflée par une conception trop ancienne, l'Hotchkiss Gregoire viendra apporter un souffle de renouveau malheureusement sans succès. Hotchkiss se reconcentrera ensuite vers l'armement en développant des chars ou des chenillettes. Mais son histoire automobile se poursuit par le contrat passé avec Overland-Willys pour la contruction sous licence de la Jeep.
Pour en savoir plus : Le Club-Hotchkiss
Fiche technique :
Type du moteur : 6 cylindres en ligne, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 20 CV
Cylindrée : 3485 cm3
Alésage x course : 86 x 100 mm
Puissance maximale : 130 ch à 4000 tr/min
Distribution : arbre à cames en tête
Nombre de soupapes : 12
Alimentation : carburateur
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses manuelle à 4 rapports
Suspension av : essieu rigide
Suspension ar : essieu rigide
Empattement : 280 cm
Freins av : tambours
Freins ar : tambours
Vitesse maximale : 170 km/h
Hotchkiss 412 (1933-1935)
(Rétro-and-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2012)
(Retro-en-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2009)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2012)
Cette Hotchkiss 412 est l'héritière directe de l'AM2 produite depuis 1923 mais qui ne prend cette dénomination qu'en 1925. En 1933, l'AM2 est stoppée après 20 000 voitures produites. La gamme est alors rebaptisée 412 en 1933 avec de très faibles évolutions aérodynamiques. Dans cet esprit du "juste milieu", la 412 Cabourg (qui désigne les berlines à 4 cylindres) est une voiture d'un grand gabarit. L'empattement est de 3,07 m, ce qui donne une idée de ses dimensions. Mais en réalité la voiture ne mesure que 4,17 m de long et 1,68 de large.
La voiture est animée par un moteur 4 cylindres à soupapes en tête de 2,4 litres (2413 cm3) qui délivre la puissance de 55 chevaux à 3200 tr/min. La vitesse de rotation est faible en raison du moteur à course longue (120 mm), ce qui se traduit par un moteur généralement souple, ce qui est confirmé par le couple onctueux de 14 mkg dès 3000 tr/min. La voiture est ainsi emmenée à 115 km/h grâce à une boite à 4 rapports tous synchronisés.
En 1934, elle est remplacée par deux modèles plus modernes, les 411 et 413. Le modèle présenté est le 21è des 135 produites. Il était récemment en vente au prix de 20 000 € environ.
Hotchkiss 413 Cabourg (1936-1948)
(Rétro-Mobile 2012, Pont de l'Arche, Eure, mars 2012)
La nomenclature a souvent varié chez Hotchkiss. Ainsi au cours des années 30, les carrosseries portent des noms de régions françaises tandis que les versions s'identifient dans un premier temps par une association entre le nombre de cylindres et la puissance fiscale. Ainsi le moteur 4 cylindres dans une version de 11 CV (2 litres) forme la 411 tandis que la version 13 CV (2.3 litres) donne la 413 (notre modèle). La berline 4 portes porte le label "Cabourg".
Cependant, au cours de l'année 1936 (semble-t-il) la nomenclature change encore et la puissance fiscale est remplacée par l'alésage. Ainsi la 413 devient 486 (ici en cabriolet Biarritz) tandis que la 411 devient 480. Il en est de même avec les moteurs 6 cylindres qui deviennent 680 ou 686. En 1938, les chiffres sont inversés et la 486 devient 864.
Ces moteurs à longue course (99 ou 100 mm) sont très souples et le moteur 2.3 litres procure 60 ch à 3800 tr/min ce qui permet avec 4 rapports d'atteindre 110 km/h. Toutes les voitures sont produites en conduite à droite.
Produite jusqu'en 1948, elle est remplacée par l'Anjou.
Hotchkiss Artois 864 S 49 (1948-1950)
(Retro-en-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2009)
Après la deuxième Guerre Mondiale, les ventes de la 864 ou Cabourg reprennent alors que la production en avait été interrompue pour participer à l'effort de guerre en produisant des véhicules utilitaires. Hotchkiss est alors une société en péril et les ventes de la Cabourg ne l'aident pas à s'en sortir, la voiture faisant un peu démodée. Dans l'urgence, la gamme est alors revue.
L'Artois succède à la Cabourg ou 864 en septembre 1948. Elle en conserve l'essentiel des caractéristiques, mais voit son arrière modifié de façon à disposer d'une malle bien plus accessible. De l'avant, on trouve peu de différences si ce n'est un museau plus fin coupé en deux par une arête centrale. Le passage d'aile est plat alors que l'échancrure est plus profonde sur la Cabourg. Quant au moteur, il reste presque identique mais jouit toutefois d'un surcroît de puissance par une élévation du taux de compression. Le 4 cylindres fournit 70 chevaux tandis que le 6 cylindres voit sa puissance réduite de 125 à 110 chevaux afin de ne pas entrer en concurrence avec des modèles plus étoffés de la gamme. La version 6 cylindres est appelée Gascogne.
C'est ainsi que la version à 4 cylindres peut tranquillement filer à 110 km/h tandis que la 6 cylindres file à 140 km/h !
En 1950, l'Artois est remplacée par l'Anjou 13.50 et la Gascogne par l'Anjou 20.50 après un peu plus de 2000 voitures vendues.
Hotchkiss 411 Cabourg (1936-1948)
(Auto-Moto-Retro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2008)
(Retro-en-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2009)
Toujours fidèle à son idée de représenter "le juste milieu", c'est à dire entre les voitures populaires de Peugeot, Citroën ou même Renault et les voitures luxueuses telles les Rolls-Royce, Hispano-Suiza, Delage ou même Bugatti et Talbot-Lago, la marque Hotchkiss conçoit un nouveau châssis pour succéder à l'AM2.
Cette élégante berline est pourvue au choix d'un moteur 4 cylindres (notre modèle) ou 6 cylindres. C'est un moteur avec arbres à cames latéral et soupapes en tête. Avec 2 litres de cylindrée il délivre environ 60 chevaux et permet à la voiture de filer à 110 km/h, une vitesse impressionnante avant-guerre, quand on considère l'état des routes de l'époque.
La version 6 cylindres de 3,5 litres atteignait de 100 à 125 chevaux et la 686 GSR remporta le Rallye de Monte-Carlo de 1932 à 1934, puis Hotchkiss le remporta encore en 1939, 1949 et 1950 !
Le confort est le principal atout de cette voiture dont le moteur ronronne doucement. Alliée à la réputation de robustesse et d'endurance, elle s'avère un choix judicieux dans l'entre-deux-guerres. Les ventes de la marque atteignent presque 4000 unités par an. Cependant, la voiture perdait son rang de "juste milieu" en se rapprochant de l'élite.
La Cabourg sera remplacée par l'Artois en 1948, puis par l'Anjou en 1950.
Hotchkiss Coupé Basque (1935)
(Caux-Retro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2009)
Ce splendide et rarissime coupé Basque témoigne du savoir-faire de la marque française qui voulait se situer dans "le juste milieu". Dérivé de la 411 (ou de la 686... ?), il préfigure le cabriolet Biarritz qui sera commercialisé l'année suivante. Cet exemplaire est équipé d'un moteur de 17 CV qui doit donc être le 6 cylindres de 3 litres que l'on retrouve également dans la Cabourg.
Avis aux amateurs pour plus de renseignements.