Donnet Six K (1927)
(Parade de Caux-Rétro, Caudebec-en-Caux, Seine-Maritime, juillet 2015)
Après avoir repris en main les automobiles Zedel en 1920, les avoir rebaptisées Donnet-Zedel en 1924, Jérome Donnet recentre la gamme sur des modèles classiques, le Type G et la CI-16, une CI-6 très légèrement améliorée. Les ambitions de Donnet le conduisent aussi à rencentrer la production des différentes usines (Ile de la Jatte, Genneviliers, Neuilly) en un seul lieu. Un terrain est loué puis racheté à Nanterre pour y construire une usine moderne, sur cinq niveaux, un carré de 100 mètres de côté. La fabrication y sera moderne, sur chaîne, à l'américaine.
A l'occasion de l'inauguration de la nouvelle usine, c'est aussi l'occasion de changer le nom de la marque. Les voitures sont simplement appelées Donnet, et Zedel disparaît. La gamme s'étoffe en 1927 d'un nouveau modèle, le Type K, tournée vers une clientèle plus fortunée. Elle est animée par un moteur 2.5 litres et 6 cylindres (15 CV) conçu par Maurice Sainturat, celui-là même qu'on retrouvera à la conception du moteur de la Traction. Ce moteur qui comporte 7 paliers est toutefois alimenté par des soupapes latérales. Sans qu'on sache sa puissance, son vilebrequin lui confère certainement une souplesse supérieure à la concurrence. La voiture est disponible en plusieurs carrosseries dont ce magnifique topédo bobtail. On peut apercevoir la structure en bois et les panneaux recouverts de cuir bleu (à l'exception du capot).
Difficile de savoir combien de voitures ont été fabriquées ni quand la production a fini. A partir de la crise de 1929, la firme sombre inexorablement, produisant plus qu'elle ne vend. Toutes les tentatives pour relancer les ventes seront vaines jusqu'à la faillite de la firme. Le stock est alors racheté par un créancier et les 400 dernières voitures vendues sous le nom Donnet-Contin. Quant à l'usine, elle est rachetée par Henri-Théodore Pigozzi pour y construire des Fiat sous licence avant d'y construire des Simca. Elle tombera ensuite dans les mains de Citroën pour y fabriquer des pièces de 2CV.
Donnet CI-7 Torpedo (1928-1932)
(Rétro-and-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2012)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2011)
(Caux-Rétro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2013)
La Donnet CI-7 est le produit de la simplification de la gamme Donnet-Zedel. Jérôme Donnet, conscient que la rationalisation sera le sauf-conduit des constructeurs du futur, entreprend une large sélection au sein des multiples modèles de sa marque. Les modèles luxueux comme la CI-6 devenue CI-16, sont certes encore produits, mais c'est vers la catégorie des 7 CV qu'il oriente sa firme.
La CI-7 est alors une voiture aux dimensions respectables, mais animée d'un petit moteur 4 cylindres à soupapes latérales de 1305 cm3 de 22 ch (63,5 x 103 mm) à 1800 tr/min. Avec une boite 4 vitesses assez rare pour l'époque - mais les Donnet sont construites à l'origine dans un pays montagneux - la CI-7 permet de filer à 85 km/h au terme d'une longue ligne droite.
Elle est construite en trois carrosseries : berline trois ou cinq portes, ou torpedo. A noter que le torpedo blanc est dôté de deux pare-brise, un par rangée de sièges. D'après son propriétaire, 6 exemplaires ont été recensés en Europe, seulement.
La CI-7 permet à Donnet de rivaliser avec Citroën, Renault ou Peugeot, lui le quatrième constucteur national. Cependant, la construction de l'usine de Nanterre a coûté fort cher et les finances de l'entreprise sont assez tendues. Or, la CI-7 est vendue nettement plus cher qu'une 201 (18 000 F, soit environ 11 000 €) et, à prix comparable (25 000 F, environ 15 000 €), la C4 de Citroën est plus attrayante.
Malheureusement, les ventes de Donnet vont inexorablement décliner alors que l'usine de Nanterre tourne à plein régme. Donnet entre alors dans la spirale infernale qui oblige à dégraisser le personnel, augmenter les stocks et limiter les investissements. Exsangue, il ne peut financer la mise en production du projet de l'ingénieur Grégoire : une voiture 4 CV à 2 cylindres à deux temps, et à traction avant ! Une restructuration de la gamme (supression du Torpedo, nouvelles appellations) a lieu en 1932. Mais rien n'y fit. L'entreprise est mise en faillite le 20 décembre 1934. Le reste des stocks est vendu à un créancier fabricant de composants électriques, Contin qui vendra les voitures sous la marque Donnet-Contin. L'usine de Nanterre et ses 1300 machines sont vendus 8 050 000 F (6 140 000 € environ) à Henri-Théodore Pigozzi qui va y installer Simca pour y vendre des Fiat 500 sous licence et appelées Simca 5.
Fiche technique :
Moteur : 4 cylindre en ligne, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 7 CV
Cylindrée : 1305 cm3
Alésage x course : 63,5 x 103 mm
Puissance maximale : 24 ch à 3100 tr/min
Couple maximum : 6 mkg à ? tr/min
Nombre de soupapes : 8
Distribution : soupapes latérales
Alimentation : carburateur
Type de transmission : propulsion
Boite de vitesses à 4 rapports
Direction à vis
Suspension av : ressorts à lames semi-elleptiques
Suspension ar : ressorts à lames semi-elleptiques
Longueur : 412 cm
Largueur : 156 cm
Hauteur : NC
Empattement : 288 cm
Voie av : 138 cm
Voie ar : 138 cm
Pneus av/ar: 13 x 45
Freins av/ar : tambours
Vitesse maximale : 85 km/h
Consommation moyenne : 9 l/100km
Poids : 1010 kg
Donnet-Zedel à identifier
(Rétro-and-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2012)
Vu le peu de documentation existant sur Donnet-Zedel, il m'est impossible d'identifier avec certitude ce modèle. Aussi j'en appelle aux lecteurs éclairés, voire à son propriétaire, pour nous en dire plus sur cette voiture.
Donnet-Zedel G (1925-1926)
(Rétro-and-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2012)
1924 marque un tournant dans l'histoire de Zedel. La firme en proie à des difficultés financières au sortir de la Première Guerre Mondiale est cédée par Samuel Graf en juillet 1919 à un jeune entrepreneur suisse qui a fait fortune pendant la guerre en fabriquant des hydravions sous les marques "Donnet-Denhaut" et "Donnet-Lévêque". Zedel peine à relancer la fabrication d'automobiles et Jérôme Donnet rachète l'entreprise. La production reprend avec les modèles d'avant-guerre. Cependant, en 1920, un premier modèle neuf, plutôt cossu, la Type P, est lancée. Puis ce sont les CI-5, CI-6 puis CI-16.
Pour 1924, Jérôme Donnet décide d'accoler son nom aux voitures de la marque. C'est ainsi que naît "Donnet-Zedel". Parallèlement, il décide de récupérer l'usine de Genneviliers afin d'y fabriquer les moteurs de la nouvelle venue baptisée "G" (pour Genneviliers). C'est un modèle qui était déjà fabriqué à Pontarlier, mais décide de rapprocher la fabrication des points de production des châssis (Ile de la Jatte à Neuilly) et les carrosseries et l'assemblage dans un troisième atelier à Neuilly.
La Type G est destinée à percer le marché en suivant les traces de Renault KZ et Citroën B2 qui ont bien compris que le salut viendrait d'un modèle populaire, économique et fiable. Le temps béni des lourdes limousines à 6 cylindres semblait révolu et peu à peu ces modèles sont mis de côté. Du fait du succès du modèle, Donnet investit dans un nouvel atelier utlra-moderne à Nanterre, sur cinq étages. Lors du lancement de la production des nouveaux modèles à 4 et 6 cylindres, "Zedel" disparaît du nom en 1926 et la Donnet-Zedel G devient Donnet G2.
Donnet est alors de cinquième constructeur fraçais derrière Citroën, Renault, Peugeot et Mathis en dépassant de peu Chenard & Walcker. En 1929, l'usine de Pontarlier est vendue et sa production rappatriée à Nanterre. S'ensuit la crise financière des années 30, dans laquelle Jérôme Donnet commettra quelques erreurs stratégiques qui conduiront la fin de l'histoire de Donnet et Zedel.
Pour en savoir plus : Donnet-Zedel
Donnet G2 (1927)
(Rétro-and-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2012)
Alors que Jérôme a repris les rennes du fabriquant Zedel , il décide dès le début des années 20 de dépoussiérer la gamme qui n'avait que très peu évolué depuis la guerre. Il condamne les grosses automobiles fort couteuses et peu vendues au profit de voitures plus populaires et plus accessibles qui permettront de produire plus. Dès 1924, les Zedel sont renommées Donnet-Zedel. En mai 1926, le nom de la marque perd la partie "Zedel".
Pour aller chasser sur le terrain des grands constructeurs qui sont Citroën et Renault dans la catégorie reine des 7 CV, Donnet entreprend de fabriquer la Type G animée par un modeste moteur 1098 cm3. Les Renault KZ et Citroën B2 y règnent en maître. La Type G permet alors à Donnet de devenir le cinquième constructeur national en 1927, certes encore loin de Citroën et Renault. Si bien que la production qui avait lieu dans l'usine de Pontalier a été déplacée dans l'usine de l'Ile de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine et Levallois-Perret, où Donnet-Levêque fabriquait des hydravions. Mais la production s'avère encore trop importante et une usine est créée à Nanterre et l'usine de Pontarlier vendue. La nouvelle usine ultramoderne est un bâtiment de cinq étages sur une superficie de 100 x 100 m afin de fabriquer la G2 et la C16 (héritière de la CI-6). La voiture est remplacée en 1928 par la CI-7, toujours animée par le même moteur.
Tous ces investissement, plus la constitution d'un département compétition, la création d'un réséau d'agents, d'un journal d'entreprise vont mettre à mal les finances de l'entreprise qui est touchée de plein fouet par la crise de 1929. Seuls survivent les entreprises qui ont une production de voitures de moyenne gamme et une trésorerie suffisante pour faire le dos rond pendant la période difficile. Donnet réussit à survivre jusqu'en 1934, et doit déposer le bilan. L'usine de Nanterre es rachetée par Henri-Théodore Piggozi qui va fabriquer les premières Simca 5 et Contin, un créancier va racheter la stock de voitures afin de récupérer en partie sa créance en vendant les voiture sous le nom de Donnet-Contin.
Pour en savoir plus : Club Donnet-Zedel
Donnet CI-6 cabriolet 1923
(Retro-en-Caux, Doudeville, Seine-Maritime, juillet 2009)
(Rassemblement Fauville-en-Caux 2010, Seine-Maritime, mai 2010)
(Caux-Retro, Allouville-Bellefosse, Seine-Maritime, juillet 2011)
Jérôme Donnet a fait fortune très tôt en vendant des voitures alors qu'il provient de l'école hôtelière. Tout en étant directeur de palaces, il fonde un réseau de concessions Renault dans les pays scandinaves et la fortune lui sourit alors qu'il n'a pas 25 ans. La firme Donnet est fondée en 1910 par association avec Levêque qui fabrique des hydravions conçus par Denhaut. L'entreprise Donnet-Levêque fabrique alors de milliers d'hydravions pendant la Grande Guerre. Cependant, il faut trouver un autre débouché à l'issue de la guerre et c'est naturellement que Donnet se tourne vers un constructeur mal en point, Zedel. Zedel est une firme suisse qui a été créée par un ingénieur, Ernest Zürcher, et un mécanicien, Herman Lüthi. Ils unissent leur initiale pour former la marque Zedel. A l'origine, ils fabriquent des moteurs de motocyclettes. L'entreprise prend de l'ampleur et les ateliers suisses ne suffisent plus. Entre temps Lüthi a quitté l'entreprise et des capitaux français sont venus aider à l'expansion de l'entreprise, conduisant également à l'éviction de Zürcher. Les ateliers s'installent à Pontarlier (Doubs), ce qui permet en outre de contourner les droits de douane à l'importation. Les voitures Zedel sont très réputées pour leur confort et leurs aptitudes montagnardes. En effet, elles disposent toutes d'une boite à quatre rapports, chose plutôt rare à l'époque. L'entreprise est conduite par Samuel Graf qui doit mettre un terme à l'activité pendant la guerre. C'est alors que la rencontre avec Jérôme Donnet est essentielle.
La gamme Zedel est ancienne et sa conception remonte à l'avant-guerre. Les moteurs à soupapes latérales et longue course sont certes fiables, mais peu performants. Toutefois la concurrence n'est guère plus avancée et les Zedel jouissent d'une clientèle tournée vers les voitures de luxe pour laquelle le prix n'est pas un souci. Donnet remet la gamme au goût du jour et supprime le modèle de trois litres de cylindrée. En 1920, il adapte le modèle d'avant-guerre de deux litres qui date de 1912, la CI. Par augmentation de l'alésage et adaptation d'un vilebrequin à trois paliers, il améliore les performances du moteur. Suspendue par un classique ressort à lames semi-elliptique, et bénéficiant de la boite quatre rapports Zedel, la CI-5 est un succès. Parallèllement, Donnet supprime du catalogue les voitures difficiles à vendre et lance la conception d'une voiture de 7 CV et 1100 cm3 dont le but et de venir concurrencer les Renault KZ et Citroën B2.
En 1922, la CI-5 est transformée en CI-6 et passe dans la catégorie des 11CV. Dès 1923, elle se vend à plus de 2000 exemplaires, soit cinq fois plus que l'année précédente. A compter de 1924, la marque change de nom et devient Donnet-Zedel, ce qui coïncide avec la sortie de la "petite" type G de 7 CV.
Pendant le reste des années 20, la CI-6 sera améliorée tout en restant au catalogue. La production augmente au point que l'usine de Pontarlier devient trop petite. Donnet débute le déménagement de la production vers Paris et le site de Pontarlier est définitivement fermé en 1929. Les moteurs de la 7 CV sont fabriqués sur le site de l'ancienne usine Donnet de Gennevilliers tandis les châssis sont quant à eux assemblés dans sur l'ile de la Jatte près de Paris où Donnet-Levêque fabriquait ses hydravions. Mais le succès de la 7CV incite Donnet regrouper sa production en 1925 sur un seul site : Nanterre.
Le nom Zedel est à nouveau abandonné en 1926. La CI-6 est devenue CI-16 sans grand changement, et la gamme s'étoffe de nouveaux modèles dont une Type K à 6 cylindres inaugurant un vilebrequin à 7 paliers dont le créateur est un certain Maurice Sainturat que l'on retrouvera chez Citroën pour la future Traction. Parallèlement, la tentation de course automobile est grande et un département spécial est créé. Des voitures à vocation plus sportive sont assemblées, sans trouver de succès commercial. Un département de véhicules utilitaires est également lancé. Donnet investit dans des moyens de communication afin de faire connaître sa marque : journal d'entreprise, publicité, panneaux au bord des routes. En définitive, en 1927, Donnet est le cinquième constructeur français.
Mais tous ces investissements ont mis les finances de l'entreprise dans le rouge et la crise de 1929 ne vient pas apporter un souffle d'air frais à la situation. Les nouveaux modèles ne se vendent pas et les stocks s'accumulent. Les premiers dégraissages de personnel ont lieu. Donnet tente d'investir vers les modèles populaires mais les banques freinent des quatre fers pour injecter de l'argent frais dans un contexte très défavorable, similaire à la crise actuelle. La faillite est alors prononcée en 1934 et Donnet n'a pas la chance d'être sauvée par Michelin comme c'est le cas pour Citroën. Un fournisseur, Contin, rachète le stock de voitures pour tenter de retrouver une partie de sa créance en les revendant sous le nom Donnet-Contin. Quant à l'usine de Nanterre elle est rachetée par un certain Henri-Théodore Pigozzi qui fonde la marque Simca qui fabrique des Fiat sous licence. Plus tard cette même usine sera reprise par Citroën pour y fabriquer des pièces destinées à la 2CV. Donnet aura vécu et une nouvelle marque française n'aura pas pu passer le cap des années 30.
Merci au site Mini.43 pour les éléments.
Pour en savoir plus : Club Donnet-Zedel