Renault 5 L (1972-1977)
(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2015)
Dans l'histoire de l'automobile de l'après-guerre, la Renault 5 aura marqué les esprits. Cette petite citadine polyvalente n'avait à l'époque pour seules concurrentes que la Fiat 127 et la Peugeot 104. Sans s'en inspirer directement, elle est venue non seulement marcher sur leurs plate-bandes, mais encore dominer totalement le marché grâce à un certain nombre d'innovations.
Renault entre dans le marché de la petite citadine pour la première fois le 28 janvier 1972 en présentant son modèle. Pour ne pas alourdir les coûts de production, et donc le prix de la voiture, la Régie s'est inspirée de quelques recettes éprouvées. La plate-forme est directement reprise de la Renault 4, y compris le moteur 782 cm3 à arbre à cames latéral avec sa boite en porte-à-faux avant dont la commande passe par une tringlerie qui enjambe le moteur pour finir au tableau de bord. Comme pour la Renault 4, le pot d'échappement souffle sur la roue arrière gauche. Les suspensions sont aussi identiques, avec les barres de torsion arrière impliquant deux empattements différents à droite et à gauche. Elle possède également les mêmes roues. Autre reprise : le hayon arrière qui a tant réussi à la Renault 4, à la Renault 6 et à la Renault 16. La 5 devait emboiter le pas. La réussite sera telle que plus aucune voiture à deux volumes n'est vendue sans hayon de nos jours. Ainsi avec un coffre de 270 litres, le volume est porté à plus de 900 litres banquette rabattue. La polyvalence, c'est l'atout de la Renault 5. En comparaison, ni la 104 ni la 127 ne disposaient d'un hayon... Tant Peugeot que Fiat finiront par adapter leur citadine à cette exigence... dix ans plus tard.
En guise d'innovation, la R5 est la première voiture équipée de pare-chocs en polyester et non en métal chromé. Renault invente là le concept du bouclier, à l'avant comme à l'arrière. Là encore, il faudra près d'une décennie avant que la concurrence ne l'imite. Mais la principale nouveauté est l'absence de poignée de porte à l'extérieur. Seul un bouton et le barillet de fermeture figurent sur la porte. La carrosserie comporte une encoche pour glisser la main afin d'enfoncer le bouton de porte en se servant du pouce. A l'intérieur, une sangle fait office de poignée, comme dans la Renault 6 (modèle vu à Honfleur, ci-dessous). La 5 L est une version ouvertement dépouillée, dénuée d'artifices. Les dossiers des sièges, confortables par ailleurs, sont fixes. il n'y a pas de tablette arrière ou de lunette arrière dégivrante, pas de baguette chromée. Un moteur, une carrosserie, des essuie-glace et du chauffage, c'est tout. Le lave-glace s'actionne au pied en pressant sur une poire sur l'aile gauche. Il y a un petit bac pour ranger les objets bien pratique entre le volant et les compteurs, réduits aux fonctions minimales. Ailleurs, la planche de bord de comporte pas de rangements, et s'il y a une boite à gants, elle est sans porte. La Renault 5 L, c'est l'entrée de gamme, le minimalisme.
Le petit moteur 782 cm3 est surtout fait pour la ville. C'est la version évoluée du moteur Billancourt qui provient tout droit de la 4CV. Seul l'alésage a été augmenté. Il est fort peu puissant et se distingue surtout par sa souplesse. Avec à peine 34 chevaux, la route devient un exercice ennuyeux qui consiste à rester dans le flux ou à se faire doubler. La voiture est techniquement capable d'atteindre 120 km/h, mais au terme d'une lente accelération qui demande une longue route. Mais s'il s'agit de doubler, l'exercice devient périlleux. Si bien qu'en 1977, la Renault 5 (qui perd le L) obtient le moteur Billancourt de 845 cm3 de la Renault 6. Pour autant, les performances sont en très faible hausse, puisque la puissance n'atteint que 36 ch et la vitesse maximale atteint péniblement 126 km/h.
Mais ce n'est pas cette version qui fera le succès de la Renault 5. Pour la première fois, Renault propose dès la commercialisation deux niveaux de finition. Et c'est la Renault 5 TL, plus puissante, mieux équipée qui fera les beaux jours de la Renault 5 jusqu'à l'arrivée de la Renault 5 GTL. C'est ensuite l'arrivée de la Renault 5 à 5 portes qui renforcera encore sa domination sur le marché, malgré l'arrivée de la 205.
Fiche technique :
Moteur : 4 cylindres en ligne, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Culasse en alliage léger
Puissance fiscale : 4 CV
Cylindrée : 782 cm3
Alésage x course : 56 x 80 mm
Taux de compression : 8,5:1
Puissance maximale : 34 ch à 5200 tr/min
Couple maximal : 5,3 mkg à 3000 tr/min
Distribution : arbre à cames latéral
Nombre de soupapes : 8
Alimentation : carburateur
Type de transmission : traction
Boite de vitesses manuelle à 4 rapports
Direction à crémaillère
Diamètre de braquage : 9,7 m
Suspension av : roues indépendantes, barres de torsion longitudinales, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : roues indépendantes, barres de torsion transversales, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 350 cm
Largeur : 152 cm
Hauteur : 140 cm
Empattement : 240 cm
Pneus av : 135 SR 13
Pneus av : 135 SR 13
Freins av : tambours
Freins ar : tambours (180 mm)
Vitesse maximale : 126 km/h
Capacité du réservoir : 41 litres
Volume du coffre : 270 litres
Poids : 730 kg