31 mars 2019

Rover 75 (1999-2005)

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(Honfleur, Calvados, février 2015)

Toujours empêtrée dans des difficultés financières importantes, le Rover Group peine à survivre. Débarassée de British Leyland, Rover est sous le contrôle de la British Aerospace. Un partenariat avec Honda a permis de survivre mais l'opération a sans doute plus profité à Honda qu'à Rover. L'entreprise est toujours en mauvaise santé financière, un peu à court d'idées. Les Rover 600 et 800 ont été lancées respectivement en 1993 et 1992 et il est clair que c'est la dernière collaboration entre les deux groupes. En effet, les nouvelles règles européennes permettent à Honda de venir vendre ses voitures sans passer par un constructeur européen. Chez Rover on songe donc à revenir à une voiture haut de gamme qui remplacerait les 600 et 800.

En 1994, c'est BMW qui met la main sur le groupe anglais. Evidemment, pour BMW, il est impensable de continuer l'accord avec Honda et encore moins de continuer à développer des voitures sur ces plateformes. BMW voit donc le projet avec un très bon oeil et s'engage à fournir des pièces pour parvenir au succès. Il est urgent de lancer un nouveau modèle qui renouerait avec la tradition d'excellence qui a longtemps rimé avec Rover, et qui permettrait aussi de faire oublier ces années d'errance. On pense souvent à tort que le long tunnel central à l'arrière est le signe que la voiture aurait été conçue à l'origine pour une propulsion sur la base d'un châssis de BMW série 5, mais il n'en est rien. Rover lance le projet de la future 75 et finalement BMW confie à Rover une plateforme d'un projet abandonné pour véhicule à traction qui effectivement comporte un tunnel central. Ce tunnel est une façon d'offrir plus de rigidité à la structure (et il sera effectivement l'occasion de faire passer la transmission dans la 75 V8 en 2004).

La voiture est présentée au salon de Birmingham le 20 octobre 1998 pour une commercialisation officielle le 17 juin 1999. Dessinée par Richard Woolley, elle se présente sous la forme d'une voiture massive, imposante, aux rondeurs plus italiennes qu'anglaises. Tantôt considérée comme une voiture conçue pour les vieux, tantôt encensée pour ses formes, elle est décriée mais ne laisse pas indifférent. Vingt ans plus tard, elle n'a pas pris vraiment de ride. Elle a même remporté des prix d'élégance en ... Italie !

Sous la direction de BMW, l'accent est mis sur la qualité. La finition est au mieux, les matériaux utilisés de bonne qualité et bon nombre d'accessoires proviennent directement de chez BMW. Et la Rover 75 prend sa place dans la hiérarchie, sans avoir à rougir face à la concurrence.

Les moteurs essence sont directement issus de chez Rover. Le 1.8 d'accès de gamme procure déjà 120 ch. Mais deux V6 permettent à la berline de mieux tenir son rang. Un premier V6, le KV6, d'une cylindrée de 2.0 litres atteint 150 ch (notre modèle). Le même bloc avec un vilebrequin avec des manetons plus longs parvient à 2.5 litres et 177 ch.  Ces moteurs sont toujours associés à une boite de vitesse Getrag à 5 rapports ou une boite automatique à 5 rapports, une des premières qui soit montée sur un moteur transversal. Pour le Diesel, là c'est BMW qui fournit avec le 2 litres de la 320d E46, sobre, puissant, fiable. Les liaisons au sol sont assurées par des jambes de force type McPherson avec bras inférieur en L pour l'avant et des bras arrière en Z, un système inspiré par la BMW Z1. Elle est dôtée du meilleur savoir-faire en matière de sécurité et obtient de très bons scores au test Euro NCAP.

Construite pendant un an à Cowley près d'Oxford, mais l'usine ayant été récupérée par BMW pour y construire des Mini, la production est transférée à l'usine de Longbridge. On distingue les modèles fabriqués dans l'antique usine de Longbridge par leurs bas de baisse et bas de pare-choc de couleur caisse, tandis que ceux produis à Cowley ont ces pièces noires (notre modèle).

Mais en 2000, BMW comprend que Rover est un gouffre. La branche Land Rover - qui comprend le Land le Discovery et le Range - est vendue à Ford. La 75 est bien accueillie au début, mais la marque souffre en revanche des méventes de la 25 ou de la 45. La concurrence de la Jaguar S-Type occulte un peu la 75. Par ailleurs, la presse et la population anglaise ont très mal accueilli les critiques du PDG de BMW sur le refus du gouvernement d'aider à restructurer l'entreprise. Ainsi la 75 ne réussira jamais à accrocher les Audi A4, ou les BMW Série 5. Les ventes fléchissent dès 2000, passant de 50 000 voitures produites en 1999 à 30 000 par an jusqu'à la fin de sa carrière. Aussi, tout en conservant dans son giron les marques Mini, Triumph ou Riley, BMW revend Rover et MG au prix symbolique de 10 livres sterling à un groupe de 4 investisseurs en mars 2000.

Le nouveau MG-Rover Group en profite pour rajeunir la gamme. Elle autorise enfin la production du break Tourer auquel BMW s'était opposé depuis le début et qui avait été développé en même temps. Celui-ci est commercialisé à partir de septembre 2001. Des dérivés sont également créés, versions sportives aux performances améliorées portant le badge MG : la MG ZT pour la berline et MG ZT-T pour le break. Le moteur V6 2.0 litres est délaissé pour une nouvelle version du moteur 1.8 avec turbocompresseur de 150 ch également. Les performances restent identique mais la voiture y gagne en consommation et valeurs de pollution. Par la suite la voiture n'évolue presque plus. Une version limousine est également autorisée.

Afin de faire passer l'auto dans une autre catégorie, MG-Rover décide de l'équiper d'un moteur V8 Ford de 4.6 litres emprunté à la Mustang. La transformation implique de positionner le moteur longitudinalement et de faire passer la puissance aux roues arrière. Et le tunnel central devient providentiel. Ces versions se reconnaissent à leurs entrèes d'air dans le pare-choc pour refroidir la mécanique et les freins. Environ 900 voitures auraient été produites, entre les Rover, les Tourer et les MG.

En juin 2004, c'est le lancement de la phase II. Les phares sont intégrés dans un complexe monobloc un peu disgrâcieux qui aggrave le regard de l'auto avec une calandre élargie. Le reste n'est que détails : rétros agrandis, poignée de la malle qui change.

Mais la stratégie de MG-Rover n'a pas été assez efficace. Un plan drastique de réduction des coûts devait permettre de retrouver une marge opérationnelle. Certains éléments ont donc été modifiés et le remplacement de la ronce de noyer sur la planche de bord par une imitation en plastique n'a pas eu sans doute l'effet escompté. Finalement, MG Rover a continué à exploiter des véhicules anciens sans en créer d'autres. La chute est inévitable et la faillite est prononcée le 15 avril 2005. Les pertes sont importantes (on parle de 30 millions d'euros par mois) et empêchent toute reprise. En juillet 2005, BMW vend ses derniers droits sur Rover au groupe chinois Nanjing Automobile. Finalement en 2007, la voiture renait sous le nom de MG 7 sur le marché chinois et par la suite le groupe fait renaître deux modèles sous les noms Roewe 250 et 750.

En définitive, la Rover 75 s'est révélée être une voiture confortable et fiable, certains modèles atteignants des kilométrages proches du demi-million de kilomètres sans difficulté. En outre, l'intérieur a généralement bien vieilli et il est encore possible d'obtenir des pièces d'occasion, voire neuves puisque la  production se poursuit via Nanjing Automobile et la Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC). Elle a été produite à 211 175 exemplaires.

Fiche technique :

Type du moteur : V6 ouvert à 90°, essence
Emplacement : transversal, avant
Puissance fiscale : 10 CV
Cylindrée : 1991 cm3
Alésage x course : 80 x 66 mm
Taux de compression : 10,5 : 1
Puissance maximale : 150 ch à 6500 tr/min
Régime maximal : 6750 tr/min
Couple maximal : 18,9 mkg à 4000 tr/min
Distribution : deux doubles arbres à cames en tête
Nombre de soupapes : 24
Alimentation : injection électronique EFI
Type de transmission : traction
Boite de vitesses manuelle à 5 rapports
Direction à crémaillère, assistée (3,13 tours)
Diamètre de braquage : 11,4 m
Suspension av : roues indépendantes type McPherson, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Suspension ar : roues indépendantes, bras en Z, barre antiroulis, ressorts hélicoïdaux
Longueur : 474,7 cm
Largeur : 177,8 cm
Hauteur : 142,4 cm
Empattement : 274,6 cm
Voie av : 150,5 cm
Voie ar : 150,5 cm
Pneus av : 195/65 R 15
Pneus ar : 195/65 R 15
Freins av : disques ventilés (284 mm)
Freins ar : disques (280 mm)
Vitesse maximale : 208 km/h
0 à 100 km/h : 10,2 s
400 m.D.A. : 17,7 s
1000 m.D.A. : 31,7 s
Capacité du réservoir : 66 litres
Consommation moyenne en cycle urbain : 13,5 l/100km
Consommation moyenne en cycle extra-urbain: 7 l/100km
Consommation moyenne en cycle mixte : 9,4 l/100km
Volume du coffre : 432 litres
Cx : 0.29
Poids : 1425 kg

Posté par Zorglub34 à 22:29 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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