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21 août 2015

De Dion-Bouton Vis-à-vis Type G (1900-1902)

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(Auto-Moto-Rétro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2012)

Jules Philippe Félix Albert de Dion Wandonne de Malfiance, dit Jules-Albert de Dion, comte puis marquis, fait partie de cette aristocratie fortunée et désoeuvrée. Mais Jules-Albert fait partie de cette cotégorie encore plus restreinte des passionnés de génie. Accusé de dilapider sa fortune par sa famille, c'est un passionné de mécanique. Il se voit comme Amédée Bollée, à la tête d'une entreprise de construction d'automobiles, mais mieux conçues et moins chères. Mais encore faut-il trouver les bons partenaires.

En 1882, De Dion voit dans une vitrine du Passage de Léon, à Paris, une locomotive à vapeur miniature si bien faite qu'il tient à savoir qui en est l'artisan. Il entre dans la boutique et fait la connaissance de Georges Bouton et Armand Trépardoux. Le premier est spécialiste de jouets miniatures ou scientifiques, et le second, ingénieur des Arts et Métiers, spécialiste des moteurs à vapeur. De Dion leur commande alors un autre modèle, afin de vérifier le savoir-faire des deux hommes. De son côté Trépardoux rêve d'automobile à vapeur et voit en De Dion la possibilité de le réaliser.

Ainsi les trois compères s'installent Porte Maillot à Paris dès 1883 et fabriquent un curieux véhicule automobiles à vapeur. Il ne s'agit pas encore de voitures, mais d'un quadricycle qui ressemble beaucoup à une charrette dont on a enlevé le cheval. Les roues avant sont motrices et les roues arrière sont directrices. Puis la nouvelle société dépose un brevet pour un chaudière pour bâteau. Mais outre chette parenthèse fluviale, De Dion revient vers un quadicycle plus perfectionné qui atteint la vitesse phénoménale de 60 km/h : la Marquise. D'autres prototypes se multiplient, certains trouvent acquéreur, d'autres sont délaissés au fond de l'atelier.

Par la suite, l'activité se développe autour de tricycles, plus légers et donc plus adaptés au faible rendement des chaudières. Le développement des véhicules s'améliore, et les machines à vapeur deviennent quadricycles. Le 28 avril 1887, trois tricycles De Dion-Bouton rallient le pont de Neuilly à Versailles, soit 30 km en un peu plus d'une heure. Georges Bouton est alors le vainqueur de cette "course" organisée par le journal "Le Vélocipède".  Mais De Dion sait que la vapeur n'a qu'un avenir limité et ne convient pas à l'automobile. Il a d'ailleurs acheté en 1889 la licence à Gottlieb Daimler pour le développement du moteur à pétrole. Trépardoux, inconditionnel de la vapeur, quitte la société en 1893 ce qui provoquera une colère mémorable du comte. Toujours est-il que les succès s'enchaînent. D'abord Paris-Rouen en 1894, où le Comte arrive en tête avec une voiture à vapeur, mais prend la seconde place au jeu des coefficients. Lors de Paris-Marseille-Paris en 1896, les tricycles finissent 3è et 5è.

Désormais, De Dion et Bouton, seuls associés, vont développer le moteur à explosion. Bouton mettra six ans à parvenir à un résultat convenable. Il finit par élaborer un moteur monocylindre de 185 cm3 qui tourne à la vitesse de 2000 tr/min, soit trois fois plus vite que la concurrence. Il a choisi des matériaux légers (aluminium) pour le piston et la faible cylindrée diminue la masse du piston et l'amplitude de ses mouvements. Ce qui permet une vitesse de rotation plus importante que pour les lourds moteurs en fonte et à grosse cylindrée de la concurrence. Le moteur développe 1,25 ch en 1896, puis 1,75 en 1897.

En 1899, il fabrique le célèbre vis-à-vis appelé "La petite voiture". C'est la première voiture fabriquée par De Dion-Bouton, les précédents n'étant que des tricycle ou des quadricycles. On peut considérer que c'est la première voiture fabriquée en série. Les quatre passagers se font face, tandis que le conducteur dirige le véhicule depuis l'arrière avec sa queue-de-vache, sur laquelle sont installées diverses commandes pour le moteur et les freins. Elle profite d'une suspension qui porte encore le nom d'un système bréveté en 1896 : le "pont de Dion". La boite est fixée au châssis dans un carter lié au pont et la transmission aux roues se fait au moyen de cardans ou de joint homocynétiques. La réduction des masses suspendues permet une suspension plus agile, tout en conservant une largeur de voie constante, pour une meilleure tenue de route. La voiture dispose d'une boite à embrayage automatique qui fonctionne en même temps qu'on enclenche une vitesse. C'est facile à utiliser et fiable.

Le Type D a aussitôt un franc succès. Outre son capital sympathie, il est aussi fiable et amusant. Il est remplacé en 1900 par le Type E, puis par le Type G en fin d'année. Le Type D a un frein secondaire en sortie de boîte de vitesses et la commande du changement de vitesse s'opère par un petit volant. Le Type E possède des freins secondaires dans les roues arrière et la commande des vitesses s'effectue avec un levier simple comme sur les modèles suivants. Le Type G dispose d'un moteur monocylindre de 498 cm3 de 4,5 ch contre 3,5 pour les deux modèles précédents et la commande de boite s'effectue avec un volant. Il est remplacé par le Type L qui dispose, lui, d'un moteur de 6 ch à partir de 1902.

Grâce au Type G (et au Type D et E qui l'ont précédé), De Dion Bouton devient le premier constructeur automobile mondial, devant Panhard ou Renault ou les Frères Peugeot. Mieux, il founit ses moteurs à presque tous, et s'il fabrique 400 voitures, il vend 3200 moteurs ! Le Type G, à lui seul, a été vendu à 2970 exemplaires.

De Dion va poursuivre son oeuvre avec quelques idées de génie : il fonde l'Automobile Club de France, la Chambre Syndicale de l'Automobile, il crée le Salon de l'Auto, lance les premières cartes routières, crée un Almanach qu'il cèdera aux imprimeries Vermot. Mais il se développe aussi du coté de l'aviation, des véhicules utilitaires et des autorails ! La construction de voitures se poursuit en 1902 avec "La Populaire" (Type K1 et K2) , puis la production s'oriente vers une clientèle plus haut de gamme à partir de 1905. En 1910, le Type CJ est la première voiture à moteur V8. La Grande Guerre interromp la production et après l'Armistice, De Dion rate le coche. La clientèle pour les voitures de luxe s'est amenuisée et De Dion en tire pour conséquence de se recentrer sur les utilitaires. La production de voitures cesse définitivement en 1932 mais la construction d'autorails et d'utilitaires ou de bicyclettes se poursuit jusqu'en 1953. On retrouvera même des camions de pompier après cette période.

Aujourd'hui De Dion-Bouton est une gloire de l'industrie française qui a su allier le talent et l'inventivité. Sa trace dans le monde de l'automobile est indélébile.

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Une balade dans le monde de l'automobile de collection et des voitures d'exception au gré du hasard et des rencontres. Un peu d'histoire, un peu de technique et des voitures ! Plus de 2000 voitures et 11 000 photos.
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