Citroën DS 21 proto (1969)
(Auto-Moto-Réetro, Parc des Expos de Rouen, Seine-Maritime, septembre 2009)
Lorsqu'on regarde cette DS de face, hormis l'absence de chrome autour des phares rien n'attire particulièrement l'attention, sauf peut-être deux feux additionnels et une sangle qui attache le capot. C'est lorsqu'on se décale qu'on trouve l'originalité de ce prototype à deux portes et on songe alors que cette voiture a une histoire particulière.
Cette histoire, c'est celle de Bob Neyret, un chirurgien-dentiste grenoblois, coureur semi-professionnel depuis le début des années 1960. Depuis sa première victoire en 1962 avec une DS19, l'homme brille dans les conditions difficiles. Les aptitudes de la DS conférées par son correcteur d'assiette, sa suspension hydraulique et l'équilibre de son châssis compensent largement le manque de puissance de la voiture dont le moteur est tout droit issu de la Traction. Il se classe régulièrement aux places d'honneur avec une DS privée. En 1967, il finit premer dans toutes les épreuves où il s'engage, mais en classe "Tourisme", si bien qu'il se décide à construire "sa" voiture, pour gagner au scratch.
Ainsi, en 1968, il se présente sa propre voiture, une DS 21 raccourcie de 53 cm et 500 kg de moins que les DS classiques. Avec 115 chevaux, la voiture se classe 12è au Rallye du Maroc en 1968. Mais en 1969, avec une DS proto officielle, Neyret tient sa revanche en écrasant la concurrence avec un moteur compressé de 150 chevaux. Seules 7 voitures sur les 97 inscrites sont à l'arrivée et parmi ces 7 voitures, 5 sont des Citroën qui signe un triplé. Neyret rééditera l'exploit en 1970, secondé par une DS21 groupe 1 co-pilotée par un certain... Jean Todt. Neyret gagne encore le rallye en 1973 avec une DS 23 proto, et en 1975 avec une Alpine Berlinette.
Cette voiture eut des petites sœurs qui n'ont pas toutes eu une carrière en rallye. Citroën s'en servit également avec la collaboration de Michelin pour tester des trains avant de haute puissance avant de créer la SM. Les tests furent ensuite poursuivis avec la SM Michelin.
Quant à Bob Neyret, il poursuivit sa carrière semi-professionnelle de pilote tout en développant une marque de dentifrice fabriqué à La Mure (Isère). Pour en faire la promotion, il fonda une équipe de rallye du nom de son produit "ASEPTOGYL". Ainsi des "Alpine A110" rose et blanches généralement pilotées par des équipages féminins ont parcouru les routes de France pour promouvoir la marque de Neyret. On retrouve même son équipe au Rallye Monte-Carlo de 1978, engagée avec des CX Diesel !