Citroën SM (1970-1972)
A la fin des années 1960, alors que les constructeurs prestigieux ont disparu, et que Citroën vient de racheter Maserati, les bureaux d'étude de l'Opéra ont l'idée de construire un véhicule de prestige. Citroën veut construire un coupé à traction avant, marque de fabrique de la maison, aux performances rivalisant avec des grandes marques italiennes.
La légende veut qu'en deux mois les bureaux d'étude de Maserati amputent deux des huit cylindres du V8 de la Maserati Indy pour fournir à Citroën un V6 puissant (environ 170 chevaux). De fait, l'ingénieur Alfieri avait déjà travaillé sur un V6 ouvert à 90° et a pu fournir rapidement un moteur à Citroën. Bien qu'ouvert à 90°, il a depuis l'origine bénéficié d'un vilebrequin modifié de façon à faire fonctionner les cylindres deux par deux tous les 120°. Ainsi était contournée la difficulté liée à son angle.
Le moteur est testé sur une DS raccourcie pour examiner les effets d'un moteur puissant avec traction avant. On retrouve sur ce prototype la ligne de la vitre latérale arrière sur la SM. Les voies avant sont élargies afin de donner de la stabilité et de mieux transmettre la puissance au sol. Les lignes de la SM sont jetées à partir de ces quelques éléments.
Au salon de Genève en mars 1970, la SM est présentée et elle fait l'effet d'un ovni. Une calandre vitrée intègre six phares, dont deux orientables, la plaque d'immatriculation, le tout cerclé de chrome. Elle est longue et profilée, racée. Un long capot annonce les intentions routières de la machine. Opron et Giret ont recherché la meilleure pénétation dans l'air possible et obtiennent un Cx de 0,339, un chiffre exceptionnel pour l'époque.
A bord une console de cadrans ovales (ainsi que le volant) rompt avec les rondeurs traditionnelles. Sièges enveloppants, deux places à l'arrière, étriquées mais existantes, climatisation, cette voiture est faite pour le confort et les longues distances, en dépit de son coffre trop petit pour cause de roue de secours.
Le talon d'Achille de cette SM sera ce moteur Maserati. Des problèmes récurrents de tension de chaîne de distribution obligeaient revenir régulièrement au garage au risque de casser purement et simplement la moteur, voire de voir les tendeurs tomber dans le carter. A cela s'ajoutait que lors des hauts régimes les soupapes pouvaient toucher le piston, et que le moteur avait tendance à surchauffer. L'écoulement de l'air ne se faisait pas sous le capot et l'air chaud se concentrait à l'arrière du moteur mettant les cylindres du fond à rude épreuve. Enfin, des petits soucis de démarrage à froid (il fallait pomper à froid et ne pas mettre de starter) et des difficultés à régler les trois carburateurs double corps Weber ont nui à sa réputation de la belle. Originalité, les chaînes de distribution ne sont pas au bout du bloc, mais en plein milieu des rangs de cylindres, ce qui ne simplifie pas la tâche.
En 1972, une injection électronique fait son apparition (modèle bleu), réglant les problèmes de démarrage à froid, améliorant les vibrations à bas régime, et anéantissant les difficultés de réglage à la rampe à mercure des carburateurs. La puissance passe de 170 à 178 chevaux. En 1974, une boite automatique à 3 rapports est disponible, couplée à un moteur porté à 3 litres contre 2,7 jusque là pour compenser la perte de puissance due au convertisseur. La puissance est alors de 180 chevaux. C'est alors la traction avant la plus rapide du monde : 225 km/h.
La production s'arrête en 1975 après 12920 exemplaires. Les lignes spécifiques de la SM auront préfiguré les lignes générales de la CX. La SM reste à ce jour une voiture de rêve, un de celles sur lesquelles on se retourne ou sur laquelle on s'arrête en se disant qu'on aimerait bien être à son volant.
A noter également les essais de haute puissance sur un train avant avec la SM Michelin.
Merci aux Membres du forum CitroBreizh pour les précisions techniques qui ont permis d'améliorer le contenu de cette page (et d'autres).
Pour en savoir plus sur la SM et ses nombreuses déclinaisons y compris en Diesel, c'est ici.
Fiche technique :
Moteur : V6 à 90° d'origine Maserati, essence
Emplacement : longitudinal, avant
Puissance fiscale : 15 CV
Cylindrée : 2670 cm3
Alésage x course : 87 x 75 mm
Taux de compression : 9:1
Vilebrequin : 4 paliers
Puissance maximale : 170 ch à 5500 tr/mn
Couple maximal : 23,5 mkg à 4000 tr/mn
Distribution : 2 doubles arbres à cames en tête
Nombre de soupapes : 12
Alimentation : 3 carburateurs double corps
Boite de vitesse manuelle à 5 rapports
Type de transmission : traction
Direction à crémaillère assistée, système DIRAVI (2 tours)
Diamètre de braquage : 11 m
Suspension av : roues indépendantes, triangles, amortissement hydraulique
Suspension ar : roues indépendantes, bras tirés, amortissement hydraulique
Longueur : 489,3 cm
Largeur : 183,6 cm
Hauteur : 132,4 cm
Empattement : 295 cm
Voie av : 152,6 cm
Voie ar : 132,6 cm
Garde au sol : 15,5 cm
Pneus av :195/70 VR 15
Pneus ar : 195/70 VR 15
Freins av : disques (300 mm)
Freins ar : disques (256 mm)
Vitesse maximale : 225 km/h
0 à 100 km/h : 8,9 s
1000 m D.A. : 29,9 s
Capacité du réservoir : 90 litres
Cx : 0,339
Poids : 1450 kg
Commentaires sur Citroën SM (1970-1972)
- Elle
était très belle mais pas fiable!